Par Camille JAMET
Le Lundi 25 novembre 2019 la promotion Master 2 « Patrick Lagadec » s’est rendue dans les locaux du Service Départemental-Métropolitain d’Incendie et de Secours à Saint-Priest où elle a été reçue par le Lieutenant-Colonel Roger VINEY. Au sein du SDMIS, le Lieutenant-Colonel gère un service spécialisé dans la réponse aux menaces NRBC+. La création de ce nouveau service, à l’initiative du Lieutenant-Colonel, fait suite aux évènements du 13 Novembre 2015 avec un constat : le besoin d’une meilleure coopération des FSI dans l’intervention suite à une attaque aussi bien conventionnelle que NRBC+.
Évolutions des menaces : le besoin d’une réponse adaptée
Le scénario actuel reste inquiétant : les menaces dites conventionnelles (attaque à l’arme à feu, blanche ou à l’explosif) sont amenées à se transformer. Celles-ci sont de plus en plus mêlées à des menaces NRBC qui, quant à elles, nécessitent une intervention tout autre, lourde en matériel, en personnels et en précautions.
Avant les attaques du Bataclan, de Saint Denis et du Petit Cambodge, les frontières entre les prérogatives des différentes FSI (Police, Pompiers et Armée) étaient floues voire indéterminées. Ainsi, dans le cas d’une attaque, les FSI attendaient l’arrivée des forces « Niveau 3 » (RAID, GIGN, BRI). Désormais, en cas d’évènement, les primo-intervenants doivent éliminer la menace. Néanmoins, en cas d’attaque NRBC une formation, une expertise est requise. Les secours doivent maintenant intervenir alors que la phase balistique n’est pas encore terminée, il faut donc une formation et surtout un changement dans les mentalités.
L’évolution des menaces nécessite aussi un cadre opérationnel différent. Le service du Lieutenant-Colonel VINEY a pour objectif d’améliorer la coopération inter-service en cas de menace NRBC. Cette composante reste primordiale afin de passer outre les nombreux écueils posés par ces menaces.
Un processus d’intervention en évolution : enjeux et écueils
Les processus dans le cadre d’une intervention des secours sur un théâtre d’opération sont différents. Les contraintes, les victimes et les enjeux ne sont pas les mêmes.
La priorité première en cas de menace NRBC est aussi la plus grande contrainte : empêcher la dispersion de la contamination. Afin de traiter cet écueil, en cas d’attaque NRBC trois zones seront établies : Zone Rouge (contaminée), Orange (contaminable) et Verte (contrôlée). Bien que ces zones aient comme but de restreindre la contamination, le danger en cas d’attaque NRBC vient de ces victimes ou personnes impliquées qui ne restent pas dans la zone après l’attaque. En effet, celles-ci se rendent dans des hôpitaux et contaminent davantage les services hospitaliers.
Afin d’éviter cela, un protocole d’urgence est instauré dès les premières suspicions de la nature NRBC d’une attaque. Tous les centres hospitaliers des alentours ferment leurs portes et filtrent les entrées. Pour ceux encore sur place, il s’agit de trier entre asymptomatiques, symptomatiques valides et symptomatiques invalides. Ensuite, chaque victime est décontaminée et traitée dans un poste médical avancé. Les affaires des impliqués sont gardées ainsi que les effets personnels pour l’enquête.
Le SDMIS de Lyon : un centre de formation contre les menaces conventionnelles et NRBC
À la suite de la présentation faite par le Lieutenant-Colonel, nous avons pu effectuer une visite du centre de formation. Le SDMIS de Saint-Priest est entièrement équipé pour la lutte contre les menaces NRBC, aussi bien en infrastructures qu’en matériel et personnel. Le Centre fait partie des 5 SDIS dotés d’un camion laboratoire, déployable en zone de contrôle. De plus, des matières radioactives et chimiques sont disponibles sur place afin de former le personnel.
En termes d’infrastructures, le SDMIS dispose sur place des structures permettant de simuler certaines situations, tel qu’un quai de métro, un parking, une aire d’autoroute ou un immeuble. Ces infrastructures sont censées aider les recrues à opérer dans les milieux difficiles dans le cadre d’attaques NRBC.
Par ailleurs, le SDMIS reste un centre qui forme des pompiers mais aussi, engage des professionnels de la chimie, de l’ingénierie et de la biophysique. Ce personnel reste primordial dans le traitement d’une situation NRBC. Le centre travail de façon rapprochée avec les laboratoires de la région, riche en industries biochimiques. De plus, il conseille les organes de décision régionaux, comme la préfecture de police, en proposant des simulations et une expertise sur les menaces NRBC.
Ainsi, la promotion « Patrick Lagadec » est sortie de cette demi-journée avec une réelle compréhension de ce qu’était la menace NRBC-E et de la prise en charge d’une crise impliquant des matières NRBC-E. Le Lieutenant-Colonel et son équipe nous a fait comprendre le rôle primordial des secours dans la prévention des menaces conventionnelles et NRBC-E.
Le Master ISGC remercie le Lieutenant-Colonel Roger Viney et son équipe pour leur accueil et pour cette rencontre enrichissante.
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