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Veille hebdo Covid – Vers une baisse globale des indicateurs ?

Directeur de publication : Thomas MESZAROS

Responsable pédagogique : Fabien DESPINASSE


L’hiver 2020-2021, marqué par un rebond pandémique, se distingue toutefois des séries statistiques des chercheurs en épidémiologie. Les mesures sanitaires adoptées à travers le monde ont presque « éteint » toutes les épidémies hivernales habituelles. Le dernier bulletin épidémiologique sur la grippe de Santé publique France [1] démonte qu’il n’y a, à ce jour, « pas de circulation active des virus grippaux identifiée par les réseaux de surveillance dédiés ». Cela n’est pas spécifique à la France car le réseau de surveillance Flu News Europe [2] explique que « la saison de la grippe en Europe a habituellement commencé à cette période de l’année, mais, malgré des efforts réguliers de dépistage de la grippe, l’activité grippale reste à un niveau très bas, probablement dû à l’impact des mesures de santé publique et de distanciation sociale adoptées pour freiner la transmission du SARS-CoV-2 ». Et dans l’hémisphère Sud des travaux publiés à la fin de l’hiver austral par le collectif FluNet de l’OMS [3] ont conclu que seulement 0,06 % des personnes ayant subi des prélèvements ont été testées positives aux virus de la grippe, contre 13,7 % les deux années précédentes.

Ce constat dressé pour la grippe vaut également pour d’autres virus saisonniers comme la gastro-entérite ou encore la bronchite.


I. La situation sanitaire internationale


Dans le monde [4], selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 102 942 987 cas confirmés de COVID-19 ont été rapportés dont 2 232 233 décès au 3 février 2021. Au niveau mondial, 3,7 millions de nouveaux cas ont été signalés cette semaine, soit une baisse de 13% par rapport à la semaine précédente pour la troisième semaine consécutive. Comparativement, les indicateurs et le nombre de nouveaux décès sont stables ou en baisse dans quatre régions sur six. En Afrique, Amériques, Europe, Méditerranée orientale et Pacifique occidental, le nombre de nouveaux cas est en baisse alors qu’il reste stable dans la région Asie du Sud-Est. La diminution la plus marquée du nombre de nouveaux cas est rapportée dans la région Afrique.

Source : Santé publique France / Copyright : Santé publique France / Utilisation non commerciale


Depuis plusieurs semaines, la Commission européenne traverse une nouvelle crise. L’exécutif communautaire, en charge de la négociation des contrats d’achats de vaccins contre le Covid, fait l’objet de vives critiques. Pour Ursula von der Leyen, « la stratégie de vaccination européenne est la bonne » et cette dernière rappelle que les Européens ont « ensemble » réservé 2,3 milliards de doses auprès de six laboratoires ce qui semble suffisant pour immuniser les 450 millions de citoyens européens et aider les « pays pauvres ». Elle a également confirmé son objectif que 70 % de la population adulte européenne soit vaccinée avant la fin de l’été.

Cependant, la Commission est accusée d’avoir été trop lente dans l’achat des vaccins et d’en avoir commandé trop peu. Face aux retards des industriels et à la pénurie de doses, la plupart des pays européens ont été forcés de ralentir leur campagne de vaccination. De plus, une étude statistique de OurWorldinData [5], affirme que près de 10 Américains sur 100 ont reçu au moins une dose de vaccin, au Royaume-Uni, ce ratio s’approche de 15, et en Israël, le champion du monde, de 59. Au sein de l’Union européenne, ce chiffre ne dépasse pas 3.

En Allemagne, le retard de la Commission, est imputé à la chancellerie. L’opinion publique, très critique, tient la chancelière responsable des défaillances dans la vaccination et notamment d’avoir confié à l’Union européenne la gestion de l’approvisionnement des vaccins.


II. Un nouveau confinement écarté en France


« Un nouveau confinement [généralisé] ne peut s’envisager qu’en tout dernier recours (…) L’objectif que nous devons nous fixer, ce n’est pas de retarder cette échéance, c’est de tout mettre en œuvre pour l’éviter » Jean Castex, Premier Ministre.


A ce jour, l’intention de confiner la France métropolitaine est à nouveau écartée. Cependant, la menace de mesures plus restrictives persiste au début des vacances d’hiver. Selon le dernier bilan de Santé publique France [6], la circulation du virus s’est stabilisée à « un niveau très élevé » et cette situation « ne permet pas d’écarter l’hypothèse d’une aggravation de la situation épidémiologique dans les prochaines semaines ». De plus, la part de cas suspectés d’être des variants du SARS-CoV-2 s’élève désormais à 14% des cas de contaminations détectés. Début janvier 2021, la proportion du variant britannique n’était qu’à 3,3% des cas.

Le 6 février 2021, plus de 20 000 nouveaux cas de contaminations au Covid-19 ont été enregistrés en 24 heures et la pression hospitalière reste élevée. Plus de 27 000 patients sont actuellement pris en charge, dont plus de 3 200 cas graves sont soignés dans les services de réanimation.

Source : Santé publique France / Copyright : Santé publique France / Utilisation non commerciale


Le premier ministre français assure que la France n’a pas connu « de nouvelle vague épidémique d’ampleur » au cours des derniers semaines.

La ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion s'alarme quant aux taux de télétravail qui s’érodent. Depuis mi-janvier, le taux de télétravailleurs, élevé en novembre, chutent et « un tiers de ceux qui peuvent télétravailler ne le font pas ». La ministre a ainsi demandé la réunion « sans délai » des instances de dialogue social dans les entreprises ayant le moins recours au télétravail. Selon le protocole sanitaire national, destiné à éviter un nouveau confinement, un retour en présentiel n’est possible qu’un jour par semaine pour les salariés qui en expriment le besoin. Cependant, une étude réalisée par Harris Interactive [7] pour le ministère démontre que parmi les actifs pouvant télétravailler facilement, 36 % n’ont pas télétravaillé la semaine du 18 au 24 janvier, contre 30 % la semaine du 2 au 8 novembre. Et la part de ceux télétravaillant à 100 % est passée de 45 % en novembre à 30 % en janvier. Ainsi, des contrôles de l’inspection du travaildevraient être mis en place et à l’extrême, des mises en demeure pourront être adressées aux employeurs ne respectant pas les injonctions de l’État.

En Outre-Mer, la situation reste quant à elle plus inquiétante. A Mayotte, le taux d’incidence est passé en un mois, de 50 à 415 pour 100 000 habitants, avec un taux de positivité de 17 %, faisant peser une forte tension sur le système hospitalier. Le taux d’occupation des lits en réanimation est dépassé. Le gouvernement a ainsi autorisé le préfet de Mayotte à placer la totalité de son territoire « en confinement généralisé » pour au moins trois semaines. Les déplacements entre Mayotte et le reste du territoire national restent possibles sous réserve de motif impérieux et d’un résultat de test PCR négatif. Dans le cadre de ce confinement, les établissements scolaires seront fermés. De plus, la réserve sanitaire, comprenant 30 réservistes a été mobilisée. Depuis le 6 février, le service de santé des armées va être dépêché sur place, afin de créer cinq nouveaux lits de réanimation. Enfin, des évacuations sanitaires de patients en réanimation vers La Réunion ont également débuté.

Toutefois, les clusters intra hospitaliers se multiplient en France. Le Collectif inter-hôpitaux s’alarme de voir des soignants « massivement contaminés » depuis le début de la troisième vague. Thierry Godeau, praticien au centre hospitalier de La Rochelle dans lequel des clusters ont été déclarés dans six services différents, affirme ne pas avoir d’explications concernant ces infections « on a fait appel à la cellule de l’agence régionale de santé qui travaille sur les infections associées aux soins, ils n’ont pas trouvé de réponse pour l’instant ». Du côté des centres hospitaliers universitaires, ce sont environ trois quarts des établissements qui font état d’au moins un cluster en leur sein. Bien que ce nombre de clusters soit stable voire en baisse, cela impact fortement l’activité des services et met en exergue l’importance de vacciner tous les soignants dans un délai restreint. Jusqu’au 6 février, seuls les soignants de plus de 50 ans ou souffrant de comorbidités font partie des populations vaccinables mais l’arrivée du vaccin AstraZeneca va permettre l’ouverture de la vaccination à tous les soignants.


III. De nouveaux vaccins sur le marché


Le 29 janvier 2021, l’Union européenne autorisait la mise sur le marché européen du vaccin AstraZeneca pour tous les adultes âgés de plus de 18 ans. Toutefois, le 2 février 2021, la Haute Autorité de santé (HAS) française a proposé la recommandation de ce vaccin pour les personnes âgées de moins de 65 ans. La HAS considère en effet que dans les essais de phase 3 de ce vaccin, « il manque des données pour les personnes âgées de plus de 65 ans ». Cette limite d’âge choisie par la France n’est pas exceptionnelle. En effet, la Grèce, l’Espagne ou encore l’Allemagne ont également pris des restrictions sur l’usage de ce vaccin en particulier.

Pour Dominique Le Guludec, la présidente de la HAS, ce vaccin, « nettement plus facile à manier », à transporter et à conserver, va permettre d’« élargir les compétences vaccinales » et de permettre aux pharmaciens et aux sages-femmes d’administrer les injections. De plus, la Haute autorité recommande d’espacer les deux doses de ce vaccin « à vecteur viral » de neuf à douze semaines. Cette distance entre les injections s’est révélée la plus pertinente au cours des essais cliniques pour assurer la meilleure efficacité. La présidente de la HAS a précisé que les engagements pris par le laboratoire devraient conduire la France à disposer de 10 millions de doses de son vaccin d’ici fin avril. Dès le 6 février 2021, les soignants ont pu recevoir une première injection et grâce aux doses disponibles de ce vaccin, l’exécutif français compte atteindre un objectif de 4 millions de personnes ayant reçu une première injection d’ici fin février.

En Chine, un deuxième vaccin a reçu une autorisation d’utilisation sur le grand public. Le 6 février, l’autorité chinoise de régulation des médicaments a donné son accord « conditionnel » pour le CoronaVac de Sinovac, même si « les résultats en termes d’efficacité et de sécurité doivent être encore confirmés ». La Chine, qui s’est lancée dans une course pour développer des vaccins locaux, souhaite vacciner 50 millions de personnes avant le début du Nouvel An lunaire à la mi-février. Le pays, qui a connu plusieurs scandales sanitaires (dont le plus récent date de 2018) s’est également lancé dans une politique de « diplomatie des vaccins ». Le ministère des affaires étrangères chinois a ainsi déclaré prévoir fournir 10 millions de doses de vaccin au programme international de distribution de vaccins Covax, soutenu par l’Organisation mondiale de la santé [8]. La Chine s’est également engagée à partager le vaccin à un « prix juste ».

Le 11 août 2020, Vladimir Poutine déclarait que la Russie avait développé le premier vaccin contre le Covid. Cette déclaration, bien que considérée prématurée, semble pouvoir être confirmée par une étude publiée le 2 février 2021 par The Lancet [9] et validée par des experts indépendants. Cette étude pose un verdict chiffré à 91,6% d’efficacité contre les formes symptomatique du Covid-19. Ces premiers résultats vérifiés d’efficacité corroborent les affirmations initiales du mois d’août et permet de classer le Sputnik-V parmi les vaccins les plus performants aux cotés des vaccins de Pfizer-BioNTech et de Moderna.

 

[1] Santé publique France, « Bulletin épidémiologique grippe, semaine 4. Saison 2020-2021 », publié le 3 février 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe/documents/bulletin-national/bulletin-epidemiologique-grippe-semaine-4.-saison-2020-2021

[2] Flu News Europe « Weekly influenza overview – Week 04/2021 » publié le 2 février 2021, (en ligne). Disponible sur : https://flunewseurope.org

[3] Centers for Disease Control and Prevention « Decreased Influenza Activity During the COVID-19 Pandemic », publié le 18 septembre 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/69/wr/mm6937a6.htm?s_cid=mm6937a6_w

[5] Our World in Data, « Our World in Data is now tracking Coronavirus (COVID-19) vaccinations across the world », (en ligne). Disponible sur : https://ourworldindata.org/covid-vaccination-dataset

[7] Harris Interactive, « L’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE DES FRANÇAIS PENDANT LA CRISE SANITAIRE », publié le 29 janvier 2021, (en ligne). Disponible sur : https://harris-interactive.fr/opinion_polls/lactivite-professionnelle-des-francais-pendant-la-crise-sanitaire/

[8] Pour plus d’informations sur COVAX : Organisation mondiale de la Santé « COVAX : collaborer pour un accès mondial et équitable aux vaccins contre le virus de la COVID-19 », (en ligne). Disponible sur : https://www.who.int/fr/initiatives/act-accelerator/covax

[9] The Lancet, « Safety and efficacy of an rAd26 and rAd5 vector-based heterologous prime-boost COVID-19 vaccine: an interim analysis of a randomised controlled phase 3 trial in Russia », publié le 2 février 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(21)00234-8/fulltext

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