Franck BELPOMO
Doctorant en OSS (Optimisation et sûreté des systèmes)
Université technologie de Troyes, Institut Charles DELAUNAY
Pourriez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?
Après des études en classes préparatoires, j’ai intégré l’Ecole de l’air en 1987. A l’issue de ma période de formation d’ingénieur et d’officier, j’ai choisi la spécialité de fusiliers-commandos de l’air avec une double compétence de protection d’installations militaires et d’officier de sécurité nucléaire. J’ai exercé diverses responsabilités dans ces domaines en tant que responsable de service tant en France qu’en opérations extérieures. Après quelques années d’activés de terrain, j’ai dû suivre un cursus plus technique avec une années de formation en tant que chef de projet informatique puis en assumant le pilotage d’une équipe de concepteurs pendant deux années dans un centre d’expertise. J’ai alors décidé de changer d’orientation professionnelle en m’inscrivant au concours des Ingénieurs militaires des Essences que j’ai rejoint en 2000 avec l’ambition de devenir un spécialiste de la logistique pétrolière au profit des forces armées. J’ai par la suite tenu plusieurs postes dans des domaines opérationnels, de conseils et de formation. J’ai également été détaché pendant près de cinq années dans une entreprise civile en charge de la gestion des pipelines de l’OTAN en tant que responsable maintenance et chef de projet industriel. Après 30 années de service, j’ai estimé qu’il était temps d’engager un nouveau défi professionnel tout d’abord dans le domaine de l’excellence opérationnelle, puis la dans soutien et la sécurité au sein d’une fameuse entreprise lyonnaise spécialisée dans les véhicules électriques autonomes.
En parallèle de vos activités professionnelles, vous avez entrepris des travaux de recherche. Pourriez-vous nous expliquer vos motivations ?
L’institution militaire est très exigeante en termes d’engagement personnel et je craignais, en la quittant, de trouver le monde « normal » un peu trop routinier ; et dans le même temps où j’engageais un changement professionnel radical, je souhaitais pouvoir capitaliser l’expérience acquise. Le projet d’une recherche universitaire est ainsi né dans la volonté de concrétiser le désir de faire le lien entre les techniques de management militaire et les besoins que peuvent rencontrer les organisations dans la gestion de crise.
Pourriez-vous nous expliquer le sujet de votre thèse ?
Mes travaux ont pour objet la recherche d’outils opérationnels en vue d’accroître la résilience des organisations face au risque de malveillance. J’ai en effet pu constater dans le cadre des études de danger que j’ai traitées en tant qu’inspecteur d’installations classées que les menaces n’étaient pas analysées. J’ai donc décidé de m’attaquer à ce que je considérais alors comme une incongruité au regard de l’environnement de plus en plus hostile dans lequel nous vivons. Je pense bien entendu au terrorisme et aux cyberattaques, mais également aux dangers engendrés par les lanceurs d’alertes ou les actions malveillantes mises en œuvre par des collaborateurs. J’ai ainsi le sentiment que les organisations deviennent de plus en plus fragiles, du fait de leurs spécialisation et de la nécessaire optimisation des ressources et que cependant, la mise en œuvre des mesures de prévention et la préparation à la gestion de crise est largement sous-estimée. Je cherche donc à démontrer, dans une démarche rigoureuse, la véracité de cette estimation en vue de concevoir des outils en mesure d’accroître la résilience aux menaces internes et externes.
Quelles sont actuellement vos axes de réflexion ?
Mes recherches ont débuté par des études documentaires afin d’évaluer l’état de l’art dans le périmètre que je m’étais fixé. J’ai ainsi pu constater que la problématique de la malveillance n’était que très peu documentée en raison de la particularité et de la sensibilité du sujet. J’ai donc poursuivi mes réflexions afin de trouver une démarche permettant de démontrer à des décideurs tant l’importance du sujet que de l’intérêt opérationnel qu’ils pouvaient obtenir à mettre en œuvre un processus d’amélioration continue de la résilience. Pour cela, je m’appuie sur mon expérience militaire en gestion de situation complexe et sur mes connaissances dans le domaine de la qualité pour construire un processus d’amélioration continu susceptible de pouvoir s’intégrer dans le fonctionnement normal des organisations tout en permettant de renforcer leur capacité à faire face à des menaces multiples et permanentes.
Pourquoi avoir rejoint l’IEC et quelle relation souhaitez-vous établir avec ses membres ?
L’IEC présente pour moi la formidable opportunité de rencontrer des spécialistes en vue d’échanges qui ne peuvent qu’être enrichissant. J’espère également pouvoir avoir des contacts avec les jeunes générations afin de leur faire partager mon expérience et profiter de leurs regards neufs sur les problématiques auxquelles je me suis attaqué, à savoir la création d’un catalogue de menaces, la recherche de scénarios de menaces et la définition d’indicateurs pertinents de résilience.
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