Par Mohamed Badine EL YATTIOUI
Le 13 novembre, le gouvernement colombien et les FARC sont parvenus à signer un nouvel accord de paix. Le président Juan Manuel Santos a annoncé qu’il n’y aurait pas de nouveau référendum, suite au fiasco du 2 octobre 2016, mais un vote du Congrès avant la fin de l’année civile. En quarante jours de négociations à La Havane, cinquante-six des cinquante-sept grands changements réclamés par le camp du « non » ont été accordés dans cet accord de paix « définitif ». L’ancien président Alvaro Uribe qui s’est personnellement impliqué dans le référendum puis les nouvelles négociations en sort renforcé. Mais revenons aux modifications significatives et analysons-les.
La participation citoyenne est réduite car le poids des mouvements sociaux sur un débat comme la réforme agraire, à l’origine de la création des FARC il y a cinq décennies, faisait craindre le pire aux riches propriétaires terriens et à l’industrie agroalimentaire, proche d’Alvaro Uribe.
En matière de justice transitionnelle, les objectifs sont également revus à la baisse car la durée est ramenée à dix ans, avec une prolongation possible de cinq années. Mais, les demandes d’enquête ne seront acceptées que durant les deux premières années.
En ce qui concerne la lutte contre le narcotrafic, le retour des fumigations a été approuvé et la politique de prévention sera menée par des organisations religieuses.
Le domaine où les FARC ont le plus perdu est le domaine électoral car leur futur parti ne pourra plus présenter de candidats dans les zones que l’organisation contrôlait ce qui va engendrer de plus grandes difficultés pour qu’ils s’intègrent à la vie politique et aux institutions. De plus notons que le financement de l’Etat pour leur futur parti est diminué de 30%. Et ils ne seront plus intégrées à la Commission sur la protection et les garanties de sécurité.
Enfin, le texte de l’accord ne sera pas intégré à la Constitution de 1991, ce qui peut relativiser sa portée car son application dépendra de la volonté des trois prochains présidents.
Les modifications à l’accord initial sont nombreuses et profondes. Si son vote par le Congrès semble inéluctable, reste à savoir comment réagira la société colombienne encore traumatisée par le référendum. De plus, d’autres menaces ne sont pas encore traitées comme l’ELN, autre groupe d’inspiration marxiste, et la BACRIM (organisation paramilitaire qui s’est substituée aux AUC dans les années 2000).
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