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Veille hebdo Covid – Vers un recul de la pandémie mondiale ?

Directeur de publication : Thomas MESZAROS

Responsable pédagogique : Fabien DESPINASSE


I. Un point sur la pandémie de Covid-19 dans le monde


A l’échelle mondiale, les nombres de nouveau cas de contamination et de décès sont en baisse. Selon l’Organisation mondiale de la Santé [1], pour la semaine du 8 février 2021, 2,7 millions de nouveaux cas de Covid-19 ont été recensés ; un chiffre élevé, mais qui est en baisse de 16 % par rapport à la première semaine de février. Le nombre de décès est également en baisse de 10 % : 81 000 décès dénombrés dans le monde.

Source : Santé publique France / Copyright : Santé publique France / Utilisation non commerciale


Toutefois, si l’épidémie de Covid poursuit son déclin, il est important de souligner que ses variants, eux, gagnent du terrain. Le variant anglais est désormais présent dans 94 pays et sa transmission locale est confirmée dans au moins 47 de ces pays. Les variants sud-africain et brésiliens sont, quant à eux, respectivement présents dans 46 et 21 pays. La nouvelle course est désormais à l’adaptation des vaccins à ces variants.


« Nous devons être prêts à nous adapter pour que les vaccins restent efficaces, comme nous le faisons avec les vaccins contre la grippe, qui sont mis à jour deux fois par an. Les fabricants devront s'ajuster à l'évolution du virus en tenant compte des derniers variants pour les futures injections, y compris les rappels », Le docteur Tedros Ghrebeyeus, directeur général de l'OMS, le 11 février.


La baisse des indicateurs à travers le monde ne signifie toutefois pas que les pays baissent leurs gardent. Cette semaine, de nombreux événements virtuels ont été organisés au Brésil pour pallier l’annulation du Carnaval de Rio qui n’avait jusqu’ici jamais été annulé.

En Amérique du Nord, la fermeture des frontières entre les États-Unis et le Canada et entre les États-Unis et le Mexique, a été prolongée d’un mois, jusqu’au 21 mars. Seuls sont autorisés le commerce des biens et des marchandises ainsi que les déplacements considérés comme « essentiels ». De plus, à partir du 22 février, tous les voyageurs arrivant sur le sol canadien devront respecter une quarantaine dans un hôtel en attendant les résultats d’un test PCR.


Le 19 février 2021, s’est tenue une réunion du G7 lors de laquelle ses membres se sont engagés à mettre en place une aide totale de 7,5 milliards de dollars pour la vaccination contre le Covid-19. Ce sommet en visioconférence fut l’occasion pour ses membre de réaffirmer la volonté de « faire de 2021 un tournant pour le multilatéralisme et pour façonner une reprise qui promeuve la santé ». Ces derniers se sont donc engagés à assurer la distribution des vaccins « à prix coutant autour du monde » afin d’assurer la vaccination de tous et que « le monde entier puisse surmonter cette pandémie ensemble ». Joe Biden, le président des États-Unis s’est engagé à allouer 4 milliards de dollars pour le dispositif onusien Covax [2], piloté par l’Organisation mondiale de la santé, que les États-Unis viennent de réintégrer. L’Union européenne s’est, elle, engagée à doubler sa participation à Covax et versera une contribution de 100 millions d’euros d’aide humanitaire en faveur de la campagne de vaccination en Afrique. Enfin, le président français, Emmanuel Macron, a proposé que l’Europe et les États-Unis livrent « le plus vite possible » 13 millions de doses à l’Afrique pour que le continent puisse vacciner ses 6,5 millions de soignants. Cette proposition vise à ce que les « pays riches » transfèrent de 3 % à 5 % des vaccins contre le Covid-19 qu’ils ont en stock au continent africain.


II. Un point sur l’épidémie de Covid-19 en France


Selon les épidémiologistes, la situation épidémie en France devient de plus en plus compliquée à lire. Les nombres de nouveaux cas de contamination, d’hospitalisation ou encore d’admission dans les services de réanimation sont à la baisse au niveau national mais se situent encore à un niveau très élevé. De plus, les enquêtes soulignent une progression des nouveaux variants : le variant britannique représente désormais 36% des cas de contaminations et les variants sud-africain et brésilien correspondent à 5% des nouveaux cas.


« Aujourd’hui, on n’a pas de doute sur le fait que les variants vont changer la dynamique de l’épidémie, mais le doute plane sur le moment où ce changement va apparaître dans les courbes », Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistiques à l’Ecole des hautes études en santé publique à Rennes.


Une étude dirigée par Vittoria Colizza [3], directrice de recherche à l’Inserm, explique qu’ « en l’absence d’une distanciation sociale plus rigoureuse et intensifiée, le variant britannique progressera rapidement dans les prochaines semaines, avec un calendrier plus précoce dans les régions signalant une forte présence du variant, comme en Ile-de-France ». Cette étude démontre donc que l’augmentation de la couverture vaccinale sur le territoire métropolitain ne dispense pas des mesures telles que le respect du télétravail ou le renforcement de la stratégie de dépistage.

Certaines régions sont en plus grandes difficultés. A Dunkerque par exemple, le taux d’incidence est trois fois plus élevé que la moyenne nationale et la part du variant dit britannique est estimé à 72% des cas de contaminations. De nouvelles mesures ont ainsi été prises par le gouvernement. Le 18 février, Olivier Véran a annoncé que la durée d’isolement des personnes testées positives passera désormais de 7 à 10 jours. Toutefois, la durée d’isolement des personnes considérées « cas contact » restera fixée à 7 jours. Cette décision s’appuie sur une étude menée sur 65 joueurs et employés de la NBA [4], certains atteints par le variant britannique, qui démontre que la plus grande contagiosité s’expliquerait par un temps d’infection plus long.

De plus, pour tenter de contrer la flambée du Covid dans le département des Alpes-Maritimes, une « concertation avec les élus », le préfet est le Ministre s’est tenue la semaine dernière. En effet, le taux d’incidence de l’épidémie dans la métropole Niçoise est particulièrement élevé, 700 cas positifs pour 100 000 habitants, et des « mesures complémentaires » ont été prises. Celles-ci annoncées pouvant aller d’« un couvre-feu renforcé à un confinement local le week-end » se sont concrétisées par la mise en place d’un confinement « pour au moins deux week-end ». Il s’agit d’une première sur le territoire métropolitain : Nice ainsi que les villes de l’aire urbaine littorale qui s’étale de Menton à Théoule-sur-Mer seront soumis à un « confinement partiel ». Sur le modèle des règles appliquées en mars, les déplacements seront interdits sauf dérogation du vendredi soir à 18 heures au lundi matin à 6 heures.


Mis en place depuis le 10 mars 2020, le Conseil scientifique, conseille et aide le gouvernement dans ses décisions pour faire face à l’épidémie de Covid-19. Le 17 février 2021, le Conseil a été rejoint par quatre personnalités : un vétérinaire de formation, une pédopsychiatre, une infectiologue et un gériatre. Jusqu'à ce jour, se côtoyaient 13 experts, dont des médecins, un épidémiologiste, un modélisateur, une anthropologue et un sociologue. L'arrivée de ces nouveaux spécialistes (deux femmes, deux hommes) doit renforcer l'expertise pluridisciplinaire de l'organisme, dont la légitimité est parfois contestée et permettre une analyse plus approfondie de la maladie chez les plus jeunes et les plus âgés.

Cette semaine, certains membres du conseil scientifique ont plaidé pour une « nouvelle approche » de la gestion de la crise sanitaire fondée sur un « contrat social clair et transparent » entre les générations [5], afin de ne recourir à un confinement généralisé qu’en dernier recours. Cette nouvelle stratégie, controversée, fait débat au sein du Conseil. Toutefois, soutenue par le Président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, cette stratégie viserait à ce que les plus âgées et fragiles accepteraient de s’auto-isoler. L’idée d’une prise de mesures ciblant les différents groupes générationnels avait déjà été suggérée dans l’avis du Conseil du 13 janvier 2021 [6]. Toutefois, cette stratégie est jugée « discutable » par le Ministre de la Santé et de nombreux épidémiologistes. Son effet épidémique ne semble pas « assuré » et cela reviendrait à « regarder l’épidémie seulement par le prisme de la mortalité ».


III. Les avancées scientifiques et médicales contre le Covid-19


Source : The New York Times / Copyright : The New York Times / Utilisation non commerciale

Lien de l’infographie : Coronavirus Vaccine Tracker


Depuis le début de la pandémie, les scientifiques se sont lancés dans une course hors norme pour produire des vaccins « sûrs et efficaces » contre le Covid-19 en un temps record. Ces derniers travaillent actuellement sur environ 70 candidats vaccins à travers de nombreux essais cliniques, 20 d’entre eux ont atteint les dernières étapes des tests et 181 autres vaccins en sont au stade de développement préclinique et n'ont pas encore été testés sur des humains [7].

  • Les vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna, basés sur la technologie de l’ARN messager, qui affichent tout deux un très fort taux d’efficacité : respectivement 95% et 94,1%.

  • Le vaccin d’AstraZeneca, fondé sur une technologie dite « à vecteur viral » [8]. Moins cher et plus facile à stocker, ce vaccin est estimé efficace à 60% par l’Agence européenne du médicament et fait l’objet de plusieurs critiques notamment concernant le manque de données pour son efficacité chez les patients âgées ou ses possibles effets secondaires.

  • Le vaccin russe Spoutnik V, lui aussi « à vecteur viral » mais estimé efficace à 91,6%. L’Union européenne a réalisé une « demande d’avis scientifique » soumise à l’Agence européenne des médicaments, mais ce vaccin ne fait pas encore l’objet d’une procédure d’examen en continu de ses données qui représente l’étape préalable ç une demande formelle d’autorisation.

  • Deux vaccins du laboratoire chinois Sinopharm, qui utilisent la technique classique du virus inactivé [9], ont été autorisés dans plusieurs pays, dont la Hongrie, le Pérou ou encore les Émirats arabes unis. Toutefois, bien que ses concepteurs se prévalent d’une efficacité de 79%, les données sur lesquelles cette affirmation se fonde n’ont pas été publiées.

  • Le vaccin Sinovac, massivement testé en Chine et au Brésil, a lui aussi été autorité et démontrerait un taux d’efficacité globale d’environ 50%, mais les données n’ont pas été publiées.

  • Le vaccin de Johnson & Johnson a été administré pour la première fois le 17 février en Afrique du Sud.


Les vaccins les plus largement commercialisés à travers le monde reste donc ceux de Pfizer et Moderna. Le 17 février 2021, après l’acquisition de 160 millions de doses en novembre 2020, l’Union européenne a conclu un nouvel accord pour 300 millions de doses supplémentaires du vaccin de Moderna. Selon un communiqué du groupe pharmaceutique [10], l’accord porte sur l’achat de 150 millions de doses, destinées à être livrées aux troisième et quatrième trimestres 2021, avec une option de 150 millions de doses supplémentaires en 2022.

Selon Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, un total 33 millions de doses des vaccins de BioNTech-Pfizer, Moderna et AstraZeneca ont été livrés aux États membres et 22 millions de personnes dans l’Union européenne ont reçu au moins une dose.


 

[1] Organisation mondiale de la Santé, « Weekly epidemiological update », publié le 16 février 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.who.int/publications/m/item/weekly-epidemiological-update---16-february-2021

[2] Pour plus d’informations sur le dispositif COVAX : Organisation mondiale de la Santé, « COVAX : collaborer pour un accès mondial et équitable aux vaccins contre le virus de la COVID-19 », (en ligne). Disponible sur : https://www.who.int/fr/initiatives/act-accelerator/covax

[3] Epicx Lab, « Impact of January 2021 social distancing measures on SARS-CoV-2 B.1.1.7 circulation in France », publié le 14 février 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.epicx-lab.com/uploads/9/6/9/4/9694133/inserm_covid-19-voc_socialdistancing-20210214.pdf

[4] Kissler, Stephen, Joseph R. Fauver, Christina Mack, Caroline G. Tai, Mallery I. Breban, et al. "Densely sampled viral trajectories suggest longer duration of acute infection with B.1.1.7 variant relative to non-B.1.1.7 SARS-CoV-2." Preprint, 2021. (en ligne). Disponible sur : https://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/37366884/B117Trajectories_10Feb2021.pdf?sequence=1&isAllowed=y

[5] The Lancet Public Health, « Immune evasion means we need a new COVID-19 social contract », publié le 18 février 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.thelancet.com/journals/lanpub/article/PIIS2468-2667(21)00036-0/fulltext

[6] Avis du Conseil scientifique COVID-19, « entre vaccins et variants : une course contre la montre », publié le 13 janvier 2021, (en ligne). Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_conseil_scientifique_12_janvier_2021_actualise_13_janvier_2021.pdf

[7] Organisation mondiale de la Santé, « Vaccins contre la COVID-19 », (en ligne). Disponible sur : https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/covid-19-vaccines

[8] « Le coronavirus possède à sa surface des pointes qui vont l’aider à entrer en contact avec les cellules à infecter. Ces pointes sont des protéines virales qui ont été désormais isolées en laboratoire. Elles peuvent être fabriquées et injectées pour faire réagir les anticorps à ces molécules étrangères. Le système immunitaire sera alors capable de se défendre, s’il rentre à nouveau en contact avec ces protéines virales ». Pour plus d’informations : Industrie Pharma, VIUDEZ N., « Coronavirus : tout comprendre sur les différents vaccins en développement », publié le 16 avril 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.industriepharma.fr/coronavirus-tout-comprendre-sur-les-differents-vaccins-en-developpement,109871

[9] « Le vaccin à partir de virus inactivé est la forme la plus traditionnelle de vaccination. Le virus, isolé, est inactivé au moyen d’un traitement chimique qui lui fait perdre toute agressivité. Le virus est ensuite injecté dans l’organisme pour faire réagir le système de défense immunitaire et produire des anticorps capables de reconnaître le coronavirus. Des adjuvants sont par ailleurs souvent utilisés pour stimuler la réponse immunitaire face au virus inactivé » Pour plus d’informations : Industrie Pharma, VIUDEZ N., « Coronavirus : tout comprendre sur les différents vaccins en développement », publié le 16 avril 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.industriepharma.fr/coronavirus-tout-comprendre-sur-les-differents-vaccins-en-developpement,109871

[10] Moderna, Communiqué de presse, « European Commission Purchases Additional 150 Million Doses of COVID-19 Vaccine Moderna », publié le 17 février 2021, (en ligne). Disponible sur : https://investors.modernatx.com/news-releases/news-release-details/european-commission-purchases-additional-150-million-doses-covid

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