Directeur de publication : Thomas MESZAROS
Responsables pédagogiques : Jean-Luc LAUTIER & Antoine CRÉTIEN
I. Un point sur l’état de la situation…
A. Dans le monde
En Europe, le déconfinement global est quasiment terminé. Certaines zones restreintes ont cependant été reconfinées car elle connaissaient une recrudescence de cas (la ville de Leicester en Angleterre, certains cantons de Nordrhein-Westphalieen Allemagne…). L’Union Européenne a de nouveau ouvert ses frontières à 15 pays hors Schengen, liste dont les États-Unis, la Russie et la Chine, sous condition de réciprocité, ne font pas partie. Le 1er juillet a également marqué le début effectif de la présidence allemande, décisive pour les négociations sur le plan de relance, sur le Brexit mais aussi pour l’image que Angela Merkel laissera après 16 ans de pouvoir. Si l’Union Européenne est quasiment sortie de la crise sanitaire (le Royaume-Uni n’en faisant plus partie), un nouveau chapitre commence désormais. La relance économique, sociale et politique se doit d’être immédiate, au vu des nombreux plans de licenciements annoncés partout en Europe et des difficultés que traversent certains secteurs. L’enjeu principal pour l’Allemagne sera de réussir à convaincre les pays « frugaux », qui ne souhaitent toujours pas payer pour les pays du sud de l’Europe.
La Corée du Sud continue d’affronter une « deuxième vague », avec un nombre de nouveaux cas en hausse depuis plusieurs jours, tout comme le Japon, au plus haut depuis la fin de l’état d’urgence. Ces deux pays sont cependant les seuls de la région à affronter une véritable propagation du virus, qui reste limitée dans l’absolu. Nous parlons en effet de 50 nouveaux cas quotidiens en Corée, et de 100 au Japon, pour des populations de 51 et 126 millions de personnes. Le ratio est donc élevé par rapport à ce que les deux Etats avaient connu entre mi-mai et mi-juin, mais reste très faible comparativement aux autres pays du monde et au pic de l’épidémie. Il pourrait aussi s’agir d’un relâchement passé des efforts de la population se traduisant dans les chiffres avec une latence d’une dizaine de jours, le temps de la période d’incubation. Il se peut dans ce cas que l’inquiétude soulevée accentue la vigilance des populations, et que l’on observe une stabilisation ou baisse des cas dans quelques jours.
Aux États-Unis, plusieurs Etats dont la Californie ont réintroduit des restrictions, alors que le nombre de nouveaux cas continu de grimper (52.000 au 2 juillet, pour un total de 2,7 millions). Cette situation fragilise particulièrement le président, alors que la campagne pour les élections présidentielles prend de plus en plus d’importance médiatique. La situation reste très préoccupante au Brésil, qui compte maintenant plus de 60.000 morts et enregistre des niveaux rarement atteints de nouveaux cas journaliers. De plus, ces chiffres restent largement sous-évalués voire « manipulés » par le gouvernement, qui pratique très peu de tests. Au niveau mondial, le Brésil est le pays où le virus a fait le plus de morts chaque jour cette semaine, alors même que certaines mesures restrictives commencent à être levées.
En Guyane, l’épidémie continue de se propager. Les trois hôpitaux de la collectivité ont déclenché leur plan blanc respectif et un « directeur de crise », le préfet Patrice Latron, a été nommé par le gouvernement pour participer à la gestion de la crise. Il sera, aux côtés du préfet et de la directrice générale de l’ARS, chargé de renforcer l’action des différents acteurs engagés dans la gestion de l’épidémie de Covid-19, et ce, en lien permanent avec le centre interministériel de crise à Paris. Dans le cadre de la stratégie gouvernementale de lutte contre l’épidémie, les nombreuses mesures prises pour accompagner la population Guyanaise sont aujourd’hui renforcées pour faire face à la progression épidémique : l’équipement massif en faveur des tests de dépistage, mobilisation de personnels de la métropole (201 réservistes sanitaires seront opérationnels dès la semaine prochaine) ; envoi des personnels de santé en renforts pour appuyer les hôpitaux locaux et le service de santé des Armées (SSA) est pleinement mobilisé. De plus, lundi 6 juillet, l’association Médecins du Monde qui œuvre dans les quartiers informels de Guyane, « alerte sur la recrudescence du virus qui vient se superposer à un système de santé déjà fragile et un contexte socio-économique durement touché. »
En Afrique, la propagation du virus est bien différente du reste du monde. le continent concentre 17% de la population mondiale, mais seulement 2% des cas recensés. Les tests y sont pourtant abondamment disponibles, mais les courbes de contamination et de décès restent bien plus basses que dans le reste du monde. Des exceptions cependant : le Sahel et l’Afrique du Sud, où la situation est bien plus grave. Le pays cumule à lui seul un tiers des cas et un quart des décès du continent.
Si l’on ne peut exclure certaines omissions ou « cas fantômes », l’épidémie semble malgré tout frapper moins durement le continent que ce qui était modélisé. Comment expliquer ce relatif calme ? Le mode de vie local, la jeunesse des populations et le plus faible taux de pathologies aggravantes y sont certainement pour beaucoup. La réponse est peut-être aussi à chercher du côté du commerce international : à force d’être à l’écart des flux internationaux de marchandises et de voyageurs, mais aussi d’avoir moins de flux en son sein avec des économies plus refermées sur elles-mêmes, le continent limite de fait les risques de propagation. Pour corroborer cette hypothèse, le cas de l’Afrique du Sud est encore une fois intéressant : le pays est le plus touché, mais c’est aussi le plus riche et le mondialisé de tous les pays du continent. De plus, malgré la suspension des essais cliniques de l’OMS sur l’hydroxychloroquine certains pays d’Afrique continuent d’utiliser la molécule. Dans ces pays, l’hydroxychloroquine, associée à l'antibiotique azithromycine, est recommandée par les autorités malgré les avis divergents. Des études sont encore en cours mais elles annoncent des résultats « satisfaisant » et que sur la base de l’analyse des données, les patients traités à l’hydroxychloroquine guérissent plus vite que les autres.
B. En France : les travaux parlementaires
Il est important de faire un point sur l’évolution de la commission d’enquête parlementaire (évoquée précédemment). Mardi 16 juin, s’était ouverte la commission d’enquête parlementaire sur la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement français. À ce jour, la mission d’information sur la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de Coronavirus a auditionné :
Jérôme Salomon, directeur général de la santé (DGS) ;
François Bourdillon ancien directeur général de Santé publique France de 2016 à 2019 et Geneviève Chêne la directrice actuelle ;
Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique Covid-19 accompagné de membres du conseil ;
Benoît Vallet, DGS (2013 – 2018) ; Jean-Yves Grall, DGS (2011 – 2013) ; William Dab, DGS (2003 – 2005); Didier Houssin, DGS (2005 – 2011) ;
Didier Raoult, directeur de l’IHU en maladies infectieuses de Marseille (IHU) ;
Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris ;
Agnès Buzyn, ancienne ministre des Solidarités et de la Santé (mai 2017 - février 2020) ; Marisol Touraine, ancienne ministre des Affaires sociales et de la santé (2012 - 2017) ; Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la Santé et des sports (2007 - 2010) ;
Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé et des solidarités (2005-2007) et ancien ministre du Travail, de l’emploi et de la santé (2010 - 2012).
La commission d'enquête parlementaire est destinée à « tirer les leçons » de la crise du coronavirus, à « mettre en lumière les défaillances », sans tomber dans le procès populaire. La première semaine d’audition, Jérôme Salomon et Jean-François Delfraissy défendaient la stratégie des autorités, assurant qu'aucun pays ne pouvait « se targuer d'avoir été prêt et d'avoir parfaitement géré cette pandémie ». Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, a affirmé que même si la France avait pu réaliser davantage de tests de dépistage du coronavirus début mars, cela n'aurait pas évité la nécessité d'un confinement généralisé.
Cette semaine, quatre ex-ministres de la Santé ont été entendus sur la gestion de la crise et plus particulièrement sur la question de l’évaporation du stock stratégique d’État de masques de protections. Xavier Bertrand a défendu ses actions en tant que ministre, affirmant que « l’État s’était lentement mais sûrement désarmé face au risque d’une pandémie au cours des huit dernières années ». En effet, le stock de masques est passé de plus d’un milliard sous Nicolas Sarkozy à seulement 100 millions trois ans après l’élection d’Emmanuel Macron. Marisol Touraine et Roselyne Bachelot se sont refusées à porter un jugement sur la crise actuelle, considérant qu’« aucune pandémie ne ressemble à une autre » et qu’« il faut se méfier des leçons du passé ». Roselyne Bachelot avait quitté le ministère avec des stocks au plus haut : près de 1 milliard de masques chirurgicaux et plus de 700 millions de modèles FFP2. Tandis que Marisol Touraine avait quitté le gouvernement de François Hollande avec un stock de 754 millions de masques. Toutes deux avaient constitué des stocks avec lesquels la France aurait été en mesure de faire face à une pandémie. Agnès Buzyn a, quant à elle, assuré ne pas avoir eu connaissance du courrier adressé par l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France à la direction générale de la santé en septembre 2018 informant de la péremption d’une part importante du stock stratégique d’État de masques et recommandant de racheter ces équipements pour porter le stock à 1 milliard. En 2019, seule une commande de 100 millions de masques avait été passée et début 2020, au début de l’épidémie, ce stock était réduit à 117 millions de masques chirurgicaux pour adultes, 40 millions de masques pédiatriques et plus aucune réserve de FFP2.
Interrogés sur la gestion de crise sanitaire, les ministres ont mis en exergue une contrainte budgétaire expliquant le non-renouvellement des stocks. De plus, Roselyne Bachelot a reconnu que sa gestion de crise en 2009, jugée trop coûteuse et ayant fait l’objet de vives critiques, a pu susciter une certaine réticence chez certains de ses successeurs : « On s’est dit peut-être à un certain moment [qu’il y avait] plus de risques à en faire trop que pas assez ! ».
II. L'adaptabilité du secteur du travail à la crise
A. Le cas particulier de la fonction publique française
Depuis le mardi 17 mars suite à l’annonce du Président de la République des mesures exceptionnelles pour lutter contre la propagation de l’épidémie de Covid-19, les agents publics connaissent de nouvelles modalités d’application du cadre juridique relatif à leur activité. Les modes de travail à distance sont devenus la norme et le télétravail a constitué la modalité d’organisation du travail de droit commun. Le moyen le plus efficace pour lutter contre la diffusion du Covid-19 étant de limiter les contacts physiques. Toutefois, selon les finalités poursuivies, le service public remplit des fonctions principales : continuité, égalité, adaptabilité ou mutabilité. Au cœur de la gestion de la crise sanitaire, la continuité du service public était, avec la sécurité des agents, la priorité de l’État. La continuité de l’État a été qualifiée en principe de valeur constitutionnelle par le Conseil constitutionnel (décision 79-105 DC du 25 juillet 1979). Ce principe repose sur la nécessité de répondre aux besoins d’intérêt général sans interruption. Des mesures adéquates ont ainsi été prises afin de protéger la continuité de l’État.
Ainsi, au sein de la fonction publique de l’État, le télétravail a fait son entrée en force grâce à Olivier Dussopt. Depuis le 16 mars, un quart des agents de la fonction publique de l’État exercent leurs fonctions en télétravail.
Olivier Dussopt, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Action et des Comptes publics a souligné « le rôle d’accélérateur qu’a joué cette situation inédite dans la refonte des modalités d’organisation du travail. Le télétravail est devenu la règle pour tous les postes qui le permettaient, et des plans de continuité de l’activité (PCA) ont été mis en place dans chacun des ministères, établissements publics, collectivités locales et établissements publics de coopération intercommunale afin de garantir un service public opérationnel en tous lieux du territoire ».
Pour la fonction publique territoriale, un document de recommandation de Madame Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales à l’attention des services publics locaux a été publié le 13 avril 2020 [1]. Ce document soulignait que les services publics adaptent leur organisation en conséquence tout en maintenant ceux essentiels.
Depuis le début de l’urgence sanitaire, les fonctionnaires ont donc été divisés en différents groupes : ceux faisant parti d’un plan de continuité de l’activité (PCA) ; ceux en télétravail ; ceux placés en autorisation spéciale d’absence (ASA) en cas d’impossibilité de télétravailler. Des PCA ont été mis en place dans chaque ministère et/ou structure publique après évaluation des risques afin de définir les fonctions qui nécessitent une présence physique ainsi que les agents concernés. Leur objectif est d’organiser la réaction opérationnelle et d’assurer le maintien des activités indispensables pour les ministères, les services déconcentrés, les collectivités territoriales, les établissements hospitaliers et médico-sociaux ainsi que de garantir la santé et la sécurité des agents.
Le PCA correspond ainsi au fonctionnement des différents services en mode dégradé du fait d’un contexte particulier. Il est rédigé pour faire face aux impacts des mesures prises en phase 3 (stade épidémique).
Lorsque le télétravail n’était pas une solution compatible avec le poste de l’agent, que ce dernier ou un membre de son foyer était atteint d’une maladie listée par la direction générale de l'administration et de la fonction publique (DGAFP) ou que l’agent était responsable de la garde d’un enfant de moins de 16 ans du fait de la fermeture des établissements scolaires, il pouvait être placé par l’autorité territoriale en ASA. La ministre explique que « compte tenu du caractère exceptionnel de la situation sanitaire et de son impact sur la situation individuelle des agents publics, les employeurs territoriaux sont invités à maintenir le régime indemnitaire des agents placés en ASA ». Ainsi, une note de la DGAFP [2] précise que « L’octroi d’une autorisation spéciale d’absence apparaît comme plus protecteur des droits de l’agent et de nature à assurer son adhésion à la mesure d’isolement, d’éviction et de maintien à domicile dès lors qu’il bénéficierait de l’intégralité de sa rémunération ainsi que du maintien de ses droits à avancement et de ses droits à pension ».
Le télétravail dans la fonction publique a été une expérience inédite remettant en cause le mode de management et les organisations de travail. Des risques psychosociaux liés au télétravail et à la reprise en présentiel font actuellement l’objet d’études. De plus, il a fallu accélérer l’achat d'équipements informatique et le sécuriser afin de faire face aux risques informatiques et se former à la cybersécurité. Certains logiciels de l'État sont sécurisés et ne sont pas toujours utilisables en télétravail, des autorisations spéciales ont pu être délivrées.
À partir du 10 juillet, date de fin de l’état d’urgence, il ne sera plus possible de télétravailler en dehors du cadre juridique normal déterminé par le décret n° 2016-151 du 11 février 2016 [3]. Cela ajoute de nouvelles contraintes aux fonctionnaires voulant continuer de bénéficier de ce mode de travail : la quotité des fonctions pouvant être exercées sous la forme du télétravail ne peut être supérieure à trois jours par semaine (ART.3) ; nécessité d’un arrêté d’autorisation (ART.5 à 8).
B. Les entreprises françaises : du télétravail vers une reprise d’activité complexe in situ
La crise du Covid-19 a métamorphosé en quelques jours l'organisation de toutes les entreprises françaises. Le télétravail, majoritairement mis en place, « permet au salarié de travailler hors des locaux de l'entreprise, en utilisant les technologies de l’information et de la communication ». Il est intéressant d’étudier les enjeux de ce phénomène économique pouvant signifier meilleure organisation du temps de vivre ou surexploitation des salariés comme l’explique Philippe Blasco et Daniel Loubet [4]. Près d'un tiers des salariés et des entreprises pratiquaient le télétravail fin 2019 et ils sont passés à 41% en mai 2020. La crise sanitaire a donc été l’occasion pour beaucoup de salariés d’apprécier le travail à distance. Son expérimentation fut, dans la plupart des cas, brutale et forcée durant le confinement.
Souvent vanté pour ses mérites (meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, plus d’autonomie, plus d’efficacité), le télétravail a mis en exergue des conditions de travail à distance très inégales entre les professionnels. Christophe Nguyen, psychologue du travail et président co-fondateur du cabinet Empreinte Humaine, a réalisé des enquêtes sur la « détresse psychologique » des travailleurs pendant le confinement. Il met en exergue la « détresse » ressentie par certains télétravailleurs concernant : « la difficulté à séparer les temps et espaces de vie, les échanges compliqués et tensions entre collaborateurs, les difficultés techniques, la charge de travail accrue, l’addiction au travail, les difficultés d'organisation... ».
À ce jour et depuis le 11 mai, le télétravail n’est plus la norme imposée par l’État. Les entreprises reprennent progressivement leurs activités in situ avec plus ou moins de succès dans la dynamique, cela pose de nombreuses questions et demande une préparation facilitant ses conditions de succès, tant pour l’atteinte des objectifs de production de l’entreprise que pour la préservation de la santé et la sécurité des salariés.
Pour les entreprises, le déconfinement n’a pas été un passage vers une sortie de crise, au contraire. Les entreprises ont dû se concentrer sur l’anticipation de leur reprise, pour éviter une nouvelle crise sur l'activité.
Julie Vallée, directrice associée du cabinet Iremos, spécialiste de la gestion de crise, explique que la gestion du déconfinement passe par trois aspects majeurs :
La définition d’un plan d’action clair et complet permettant de coordonner la reprise d’activité mais aussi l’établissement d’une liste de contraintes tenant compte des nouvelles règles de travail, des règles sanitaires et de la reprise globale de l’économie ;
La mise en œuvre d’une stratégie de communication, interne et externe, plaçant l’humain au cœur du dispositif de la gestion de crise ;
La mise en œuvre d’un retour d’expérience solide de la crise afin d’identifier les faiblesses auxquelles les entreprises ont fait face.
De plus, responsable de la santé et de la sécurité de ses salariés, l’employeur doit mettre en œuvre, une démarche d’évaluation et de prévention des risques. Une des priorités des entreprises doit être d’éviter qu’un salarié malade contamine ses collègues ou que les salariés soient contaminés dans l’exercice de leurs fonctions. L’employeur se doit ainsi de mettre en place des mesures de prévention adaptées afin de supprimer ou réduire les risques de contagion sur le lieu de travail ou à l’occasion du travail. Ces mesures doivent être des mesures organisationnelles et sanitaires spécifiques à la diminution du risque Covid-19.
Il est donc certain que ces méthodes de travail et de management vont évoluer suite à la crise et cela méritera une étude plus approfondie. Le développement du télétravail aura un impact sur l’utilisation des locaux des entreprises qui auront potentiellement besoin de moins d’espaces. Les équilibres des entreprises vont changer et cela pourrait aboutir au partage des locaux, au développement des espaces de coworking voire à la création de télécentres. Le management à distance est un exercice difficile, et une évolution de la relation employeur/employés est indéniable. Si le télétravail se généralise, les dirigeants devront s’assurer que les membres de l’équipe ont toujours le sentiment de savoir ce qui se passe dans l’entreprise et devront développer une culture d’entreprise à distance. Les employeurs doivent se rendre accessible et disponible pour tous de manière égale pour garantir l’équilibre des employés et cette expérience permettra à tous d’élargir ses capacités. Cette crise sanitaire oblige à développer des compétences qui pourront être utiles à l’avenir sur le plan relationnel mais aussi sur le plan informatique. Des outils numériques se sont généralisés et ont fait leurs preuves dans de nombreuses entreprises, toutefois, la culture du présentéisme est encore forte dans des entreprises françaises. De plus, comme pour la fonction publique, la généralisation du télétravail pourrait accroître les risques cyber, très techniques, qui ne sont pas encore maîtrisés par la plupart des entreprises.
III. Urgence sanitaire mondiale : la propagation de virus en marge du Covid-19
A. Un point sur la maladie MIS-C
Concomitamment à la pandémie de Covid-19, une autre maladie inquiétait les pédiatres. Plus d’un millier d’enfants dans le monde ont été touché par cette maladie, après avoir été touchés par le Covid-19. Cette maladie extrêmement rare (2 cas sur 100.000 personnes) touchait le système respiratoire, digestif et cardiovasculaire, avec un taux de décès de 2%. La maladie MIS-C donnait des symptômes proches de la maladie de Kawasaki, eux-mêmes proches du Covid-19. La différence était cependant que Kawasaki ne touchait que les très jeunes enfants (moins de 5 ans) alors que MIS-C touchait aussi les plus âgés. La cause du syndrome n’a cependant toujours pas été identifiée.
B. La lutte continue contre Ébola
La maladie à virus Ébola, ou Ébola, dont on ignore encore l’origine, est apparue pour la première fois en 1976 lors de deux flambées simultanées. Depuis, les scientifiques considèrent qu’Ébola a connu 10 vagues. La dixième vague, qui avait débuté en août 2018 en République démocratique du Congo, vient d’être annoncée vaincue grâce à la première campagne de vaccination.
Alors que le monde craignait une pandémie de coronavirus, Ébola a touché 3.470 personnes et fait 2.287 morts (soit un taux de létalité de 66 %) et 1.171 rescapés. Ces derniers mois, en République démocratique du Congo (RDC), l'arrivée du Covid-19 a été un nouveau cataclysme s’abattant sur un pays rompu aux épidémies. Aurélie Poelhekke, chargée des questions humanitaires pour MSF, expliquait à France culture que « pour ces pays [RDC, Nigéria, Guinée équatoriale…], le coronavirus est une crise de plus ».
La concomitance des épidémies d'Ébola et de Covid-19 en RDC laisser présager le pire. En mars 2020, Ébola connaissait son dernier cas tandis que le premier cas de Covid-19 était détecté à Kinshasa. Toutefois, la temporalité de ces crises a presque été une chance pour la région. En effet, les équipes médicales ont été formées aux risques épidémiques, des infrastructures étaient déjà en place et la population était habituée aux messages de prévention et à l’utilisation récurrente de masques. En prise avec plusieurs épidémies dévastatrices d'Ébola ces dernières années, l'Afrique subsaharienne a ainsi appris à jongler avec des outils efficaces pour circonscrire un incendie viral.
« Les interventions clés pour garder le virus Ébola sous contrôle sont les mêmes pour le Covid-19. Les tests, l'isolation et le traçage des personnes en contact avec un malade sont les outils invariables dans les premières étapes d'une épidémie. Les pays qui avaient déjà été confrontés à Ébola ont été plus rapides à réagir. Ils ont eu des réponse plus cohérentes face au Covid-19 et ont mis en place une meilleure organisation », Catherine Kyobutungi, directrice exécutive de l'African Population and Health Research Center (APHRC).
Dans le cas du Covid-19 comme d'Ébola, la difficulté est d'éviter une contamination rapide malgré les mesures de confinement. Les leçons tirées des crises précédentes ont permis une approche dictée par l’urgence de la situation, limitant les effets dramatiques de la propagation du coronavirus auprès de populations fragilisées par les crises successives.
C. La découverte du virus G4 : une nouvelle menace ?
Le 30 juin dernier, des chercheurs chinois annoncent dans une étude avoir identifié une nouvelle souche de virus grippal dans des élevages porcins. Ces élevages sont extrêmement surveillés en Chine, à cause d’un virus déjà répandu parmi ces animaux. Le porc est aussi un enjeu politique, viande autrefois luxueuse et symbole de réussite sociale pour ses consommateurs de plus en plus nombreux grâce à l’élévation du niveau de vie dans le pays. Le virus G4 a donc été découvert en 2013, et s’est rapidement répandu dans les élevages.
Là où la nouvelle est plus inquiétante, c’est que 10,4% des ouvriers au contact des porcs contaminés ont été testés positifs à ce nouveau virus. L’étude semble montrer que le virus est à quelques mutations de pouvoir se transmettre entre humains, comme le Covid-19 avait muté pour se transmettre d’animal à humain à humain. La gravité des symptômes et la facilité de transmission n’est pas non plus connue. Le risque pandémique n’est donc pas immédiat, les risques de voir une double pandémie Covid-19 / G4 sont faibles pour l'instant mais ne doivent être écartés dans les années à venir.
IV. Pour aller plus loin
Challenges, 22 juin 2020 : Télétravail: les DRH (enfin?) prêts à accélérer le mouvement ;
Les Échos, Tribune, 29 juin 2020 : Opinion | Pourquoi le télétravail ne marchera pas en France
Courrier International, Courrier Expat, 25 juin 2020 : Ce que la pandémie a changé à mon travail
[1] Note de Madame Jacqueline GOURAULT, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, « Continuité́ des services publics locaux dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire » 13 avril 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.cdg57.fr/information-covid-19/
[2] DGAFP & DGCL, note n°2, « Menace sanitaire grave - épidémie Situation de l’agent public au regard des mesures d'isolement » (en ligne). Disponible sur : https://www.cdg57.fr/information-covid-19/
[3] Décret n° 2016-151 du 11 février 2016 relatif aux conditions et modalités de mise en œuvre du télétravail dans la fonction publique et la magistrature, (en ligne). Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032036983&categorieLien=id
[4] Philippe Blasco & Daniel Loubet Le Télétravail, Les Éditions d’Organisation, Paris, 1995, 91 pages
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