Directeur de publication : Thomas MESZAROS
Responsables pédagogiques : Jean-Luc LAUTIER & Antoine CRÉTIEN
I. Multiplication des tensions politiques, économiques et sanitaires au cœur de la crise du Covid
A. La crise sanitaire au cœur des élections présidentielles américaines
Si l’on se fie à l’air du temps, aux médias et aux sondages, l’élection présidentielle américaine, comme en 2016, semble déjà jouée d’avance. En effet, la plupart des sondages voient Donald Trump perdre face à Joe Biden. La gestion polémique de la crise sanitaire du président pèse sur sa campagne, et risquerait de lui coûter sa réélection. Mais cette fois-ci, tous les instituts et médias sont plus prudents, puisqu’ils ont peur de se retrouver dans la même situation qu’en 2016 : la victoire de Donald Trump avait été une véritable surprise pour tous les observateurs, qui donnaient Hillary Clinton largement en tête.
Trump a profité de sa convention d’investiture pour critiquer les mesures de lutte contre la pandémie prises dans certains États et rappeler son opposition farouche au vote électronique.
Dans le contexte de la pandémie, le recours au vote par correspondance sera probablement massif. Le président Trump fait tout pour l’empêcher, en allant jusqu’à sous-financer la Poste, qui est une agence fédérale, pour qu’elle ne soit pas en mesure de transporter à temps les dizaines de millions de bulletins potentiels en quelques jours ou heures.
Une telle situation pourrait donner lieu à une querelle juridique pire que celle de l’élection de 2000, où les deux candidats Bush et Gore avaient dû attendre un mois et plusieurs recomptages en Floride pour savoir qui était élu. L’USPS (United States Postal Service) est dirigée par un proche de Trump, et a déjà assuré qu’elle ne pourrait de toute façon pas acheminer en temps voulu de potentiels millions de bulletins de vote. De ce fait, ces bulletins ne pourront pas être comptabilisés.
Trump cherche ainsi à démobiliser l’électorat de Biden : il imagine que les démocrates y auraient massivement recours et risqueraient de ne pas voter autrement qu’à distance, contrairement aux républicains qui se déplaceraient de toute façon. Il n’est cependant pas évident que le vote par correspondance ait favorisé un camp ou l’autre dans le passé. En effet, il permet de favoriser la participation des minorités (ce qui est à l’avantage des démocrates) mais aussi des personnes âgées (avantage pour les républicains). Cette stratégie semble en tout cas fonctionner pour le moment : 51 % des démocrates ont l’intention de voter par correspondance en novembre, contre seulement 20 % des républicains.
Depuis peu de temps, la communication présidentielle s’efforce à démontrer qu’avant le Covid, l’économie allait de mieux en mieux aux États-Unis et que sans cette pandémie ses résultats seraient flagrants. Il promet également de «terrasser» le virus en ayant un vaccin dès cette année, dont des centaines de millions de doses seraient rapidement disponibles. En attendant, sa gestion de la pandémie reste désapprouvée par 58% des américains. Il s’impose aussi comme le candidat de la loi et de l’ordre, face aux manifestations et émeutes qui ont secoué le pays depuis la mort de George Floydd.
Le président-candidat ne cherche pas de toute façon pas à élargir son électorat en adoptant un discours plus rassembleur et apaisé, mais plutôt à galvaniser le sien déjà acquis. Sa stratégie est également de démobiliser celui de Biden, en insistant sur son état de santé ou sa supposée influence par la gauche radicale.
De son côté, Biden a aussi été investi largement. Son discours est axé sur la mauvaise gestion de la pandémie par Donald Trump, son manque d’empathie et son incapacité à calmer les contestations sociales qui secouent le pays depuis la mort de George Floyd. Pour montrer son attachement à la cause des minorités et des droits des femmes, thématiques quasi-absentes du discours présidentiel, Biden a choisi Kamala Harris, une femme d’origine indo-jamaïcaine comme colistière. La principale inquiétude concernant sa campagne est pour le moment son état de santé, il est atteint de légers problèmes de mémoire et peu endurant. Cela laisse croire aux démocrates que leur candidat ne sera peut-être pas, avant même de parler de mandat, en mesure de rester concentré et convaincant sous le feu de Trump pendant le débat télévisé futur.
Biden cherche aussi à unifier les modérés des deux camps, Trump pouvant repousser les républicains plus au centre et libéraux. Dans tous les cas et comme bien souvent aux États-Unis, la campagne se joue autour des indépendants et centristes, des indécis et des États-pivots (« swing states »), et pas du socle électoral indéfectible de chaque parti.
B. En Europe du nord et en Chine, des sorties de crise rapides
En Europe, les pays nordiques semblent mieux résister à la crise économique causée par la pandémie. Cela est dû à des mesures restrictives plus légères et plus courtes que les autres pays occidentaux, qui ont permis à l’activité de se poursuivre et de reprendre rapidement. En Allemagne, une décision radicale a été prise : les grands rassemblements ont été interdits sur tout le territoire jusqu’à la fin de l’année.
En Chine, la ville de Wuhan sert désormais de vitrine à la propagande chinoise. Elle a été le point de départ de la pandémie et subit un confinement de 76 jours. Alors que la Chine ne rapporte plus qu’une vingtaine de nouveaux cas par jour depuis plusieurs semaines, l’activité reprend partout dans le pays mais surtout à Wuhan. De nombreuses fêtes et rassemblements géants ont lieu, et 400 sites touristiques de la région sont accessibles gratuitement jusqu’à la fin de l’année. Les contrôles sanitaires et les gestes barrières y sont de plus en plus rares, tout comme le port du masque. La vie n’a cependant pas repris son cours normal partout : les déplacements des étudiants en université seront limités en dehors des campus pour empêcher toute contamination, la situation économique reste mauvaise, les voix dissidentes sont toujours censurées…
C. Au Japon, changement à la tête de l’exécutif
Au Japon, le premier ministre Shinzo Abe a démissionné pour des raisons de santé. Après un total de 12 ans de mandat (dont quasiment 8 d’affilée depuis 2012, un record), il s’est résolu à quitter son poste alors que sa gestion de la pandémie était critiquée. Une maladie qui lui a été diagnostiquée à l'adolescence et avait déjà entraîné son départ en 2009 le force à partir, et lui fait expliquer qu’il ne savait pas à quel moment l’annoncer : son état se détériorait, mais il souhaitait résoudre la crise sanitaire tout en allant au bout de sa réforme constitutionnelle. Son successeur n’est pas encore connu, mais il sera certainement issu de son parti et devrait garder la même ligne politique. Il sera intéressant d’observer comment ce changement soudain à la tête de l’exécutif nippon influencera la gestion de la crise du Covid-19, alors que le pays connait une décrue du nombre de nouveaux cas.
D. Au niveau mondial, l’approche du « plateau épidémique »
En reprenant le décompte du Monde, la situation semble se tasser au niveau mondial. Sur les 130 pays fournissant des statistiques suffisantes et fiables, seulement 8 maîtrisent la pandémie (dont la Chine et Taïwan), 32 sont encore en phase ascendante (dont l’Inde), et 33 connaissent une deuxième vague (dont la plupart des pays d’Europe occidentale et la Corée du Sud).
Le chiffre le plus intéressant est celui des pays connaissant une baisse du nombre de cas, qui est désormais de 64, dont le Japon, les États-Unis, le Brésil, la Russie, l’Algérie ou la Belgique. Ces derniers, très durement touchés par une première ou deuxième vague, semblent entrevoir une sortie de crise, au moins temporaire. En revanche, le reste du monde, dont la France, ne semble pas sorti de la crise.
II. Une phase de recrudescence de l’épidémie en France ?
A. La situation sanitaire
La France ne semble pas en avoir fini avec l’épidémie de Covid-19. À ce jour, les hôpitaux ne sont pas engorgés comme en mars (4 535 patients hospitalisés dont 381 en réanimation) mais la vitesse de circulation du virus augmente avec plus de 6 000 contaminations en 24 heures, jeudi 27 août [1]. Le gouvernement s’affaire donc à éviter deux écueils majeurs : un reconfinement généralisé et des accusations de laxisme si la situation s'aggravait davantage. La stratégie du gouvernement repose donc sur tous les moyens permettant d’éviter un confinement généralisé. Mais, selon le Premier ministre, il reste du devoir du gouvernement de s’y préparer s’il le faut. Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique, affirme que la France est entrée, comme les autres pays, dans « la gestion d’une épidémie de longue durée » ce qui use les nerfs et assombrit les perspectives d’avenir. Les autorités se voient dans l’obligation de gouverner dans l’incertitude de la crise mais par rapport à la situation du mois de mars, les Etats coopèrent mieux en termes d’échange d’informations et la France a constitué des stocks de masques et de tests permettant de développer autant que possible la prévention.
Lors d’une conférence de presse du 27 août, le Premier ministre a tenu à souligner la complexité pour le gouvernement d’anticiper par des mesures restrictives l’évolution de la situation sanitaire tout en protégeant les libertés publiques et personnelles. Il a ajouté que les derniers chiffres sont une tendance et non une « explosion ». Après l’obligation du port du masque en entreprise que nous avions évoqué la semaine dernière, des maires et préfets ont toutefois annoncé la généralisation du port du masque dans l’ensemble des villes de Paris, Marseille, Toulouse, Strasbourg ou Toulon, par exemple. Ces mesures strictes suivent l’annonce du Premier ministre du placement de 21 départements en « zone rouge » soit en zone de circulation active du virus [2].
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Lien de l'infographie : Masque obligatoire à Paris, « zones rouges » : ce qu'il faut retenir des annonces de Jean Castex sur la situation sanitaire en France
Jean Castex a déclaré qu’une « recrudescence incontestable de l’épidémie progresse sur tout le territoire », avec « 39 cas positifs pour 100 000, quatre fois plus qu’il y a un mois ». Toutefois, l’évolution du nombre de personnes positives, mise en rapport avec l’évolution du nombre de tests réalisés, empêche de réellement comparer l’intensité de la circulation actuelle du virus avec celle du début de l’épidémie.
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Lien de l'infographie : Coronavirus : pourquoi tant de contaminations et si peu de morts ?
La hausse récente du nombre de cas n’est cependant pas anodine. La proportion de personnes positives a sensiblement augmenté : passant d’1 % par semaine en moyenne fin juin à plus de 3 % en août. La multiplication des tests ne suffirait donc pas à expliquer l’augmentation des cas. Le gouvernement se dit prêt à de nombreux scénarios épidémiques. Il est ainsi important de rappeler que la seule façon d’analyser les chiffres fournis quotidiennement par les autorités est de comparer des données sur des bases comparables. Sous l’égide du ministère de la Santé a été mis en œuvre des plans de reconfinement à différentes échelles (Ehpad, ville ou encore département) et les capacités en réanimation et en accueil de patients dans les hôpitaux ont été doublés depuis le mois de mars. Olivier Véran tiendra, à partir de la semaine prochaine, une conférence de presse hebdomadaire rendant compte de la situation sanitaire [3]. La conférence presse, choisi comme outil de communication par le gouvernement, permet ainsi de regrouper une majorité des médias et de les « sensibiliser » à un sujet d’actualité. Cet outil permet généralement une bonne reprise de l’information dans les médias et un traitement égalitaire de l’information.
B. Une rentrée scolaire comme les autres ?
La semaine passée, le syndicat majoritaire chez les professeurs des écoles, le SNUIPP-FSU, demandait un report de la rentrée des classes, considérant que les professionnels de l’éducation ne seraient pas encore prêts à reprendre normalement le 1er septembre. À la Réunion, la reprise des cours a eu lieu le 17 août. Cette rentrée outre-mer est particulièrement observée en métropole pour envisager la rentrée de tout le système scolaire métropolitain. Le 21 août, le préfet Jacques Billant, a déclaré que « pour la première fois, La Réunion connaît une réelle circulation virale » et les annonces de fermeture partielle ou totale d’établissements scolaires se succèdent à un rythme soutenu. Membres du personnel ou élèves testés positifs forcent les établissements à fermer par précaution, considérant les classes ou les établissements entier comme des « cas contacts ».
« Je ne voudrais pas que cette année ne soit caractérisée que par la crise sanitaire et les enjeux de protection. Notre école doit et va reprendre le 1er septembre. Nous maintenons le cap de nos réformes dans le double objectif d’élever le niveau général et de réduire les inégalités. » Jean-Michel Blanquer, conférence de presse de rentrée, à Paris, le 26 août.
Malgré la perspective que le scénario se déroulant sur l'Île de la Réunion se reproduise sur le territoire métropolitain, le ministre de l’Education reste ferme : la rentrée scolaire se fera normalement. Un protocole sanitaire « définitif » a été transmis mercredi 26 août aux personnels de l’éducation nationale. Le masque, qui ne sera pas gratuitement fourni par l’État sauf exception, deviendra ainsi à l’école, comme ailleurs, le principal outil face au Covid-19 pour tous les adultes et pour les élèves de 11 ans et plus (quand bien même l’Unicef et l’OMS l’estiment possible sous certaines conditions dès 6 ans). De nombreux départements ont toutefois pris l’initiative de distribuer aux élèves des masques gratuitement, se substituant ainsi à l’éducation nationale et créant de nouvelles inégalités entre les territoires. L’obligation du port du masque vaut pour les espaces clos mais en extérieur, son usage est laissé à la libre appréciation des chefs d’établissement qui se retrouvent ainsi partagés entre la crainte de se voir reprocher le port du masque en extérieur et leur responsabilité en cas de détection d’un cas si le masque n’est porté qu’en intérieur. La « distanciation physique » n'apparaît quant à elle plus comme obligatoire si elle n’est pas matériellement possible. Concernant les cantines, le protocole sanitaire ne détaille pas le fonctionnement de la restauration scolaire, mais la distance d’un mètre est toujours encouragée [4]. La question de la « chaîne de commandement » en cas de cas suspect ou avéré inquiète particulièrement. Comme avant la période estivale, les chefs d’établissement doivent avertir leur hiérarchie, qui arrêtera une décision en lien avec l’ARS et la préfecture concernée. La commune pourra par la suite durcir la mesure préfectorale en fermant, de son propre chef, un établissement.
D’autres protocoles correspondant à une aggravation de la situation ont été rédigés par le gouvernement, mais ils ne sont pas diffusés « pour ne pas créer de confusion ». Cette justification, bien que compréhensible, soulève la colère des syndicats de professeurs et des collectivités territoriales qui redoutent d’être prévenus, encore une fois, trop tard, des potentiels changements de protocole. Une communication plus claire en cas d’aggravation de la situation permettrait à l’ensemble des protagonistes impliqués de réagir plus vite au cœur d’un éventuel rebond de la crise sanitaire. À ce jour cependant, les autorités semble vouloir mettre en œuvre des dispositifs permettant d’envisager une rentrée dans des conditions sanitaires maitrisées.
C. Les conséquences économiques et sociales
Le gouvernement, occupé par l’organisation de la rentrée scolaire, présentera le plan France relance, la deuxième phase de son plan de relance économique, le 3 septembre. Pour l’exécutif, il est probable que l’automne soit « désastreux » en matière d’emploi. Le nombre de demandeurs d’emploi a diminué de 4,1% au mois de juillet. Toutefois, il s’agit essentiellement de personnes ayant perdu leur emploi durant le confinement et qui ont pu retrouver une activité depuis le 11 mai. Les entreprises, ayant accumulé les dettes depuis le mois de mars, se voient aujourd’hui dans l’obligation de réserver un budget « masque » pour leurs employés. Les comptes se font lourds malgré les multiples annonces d’aides du gouvernement depuis le printemps. Selon le Premier ministre, les mesures de chômage partiel, estimées à 24 milliards d’euros, seront prolongées jusqu’au 1er novembre. De plus, le dispositif d’« activité partielle de longue durée » (permettant à une entreprise de faire prendre en charge par l’Etat une partie du salaire de ses employés pour une période allant jusqu’à deux ans) va être développé. La Ministre du travail a ainsi encouragé « toutes les branches dont l’activité va être en dessous de ce qu’elle était avant la crise à se saisir de cet outil ». Pour faciliter les embauches, l’Etat a aussi annoncé la création de primes pouvant aller jusqu’à 4 000 euros pour les jeunes de moins de 26 ans, et 8 000 euros pour un apprenti majeur. Du côté des entreprises, les impôts de production seront supprimés, ce qui représente un gain de 10 milliards d’euros, et l’Etat s’est engagé à faciliter les prêts garantis.
Bien que les dispositifs français en vigueur depuis le mois de mars soient parmi les plus protecteurs du monde, le secteur culturel, par exemple, en attend plus du gouvernement. Mercredi sur France Inter, le Premier ministre a annoncé que ce secteur bénéficierait d’une dotation exceptionnelle de deux milliards d’euros dans le plan de relance s’ajoutant aux 5,9 milliards déjà débloqués depuis le début de l’épidémie pour les secteurs de la culture et des médias. Cependant, le port du masque sera rendu systématique dans tous les espaces culturels fermés et les rassemblements de plus de 5 000 personnes restent interdits (sauf dérogations préfectorales). Il convient de questionner l’utilité de cette mesure que certains jugent « absurde ». Difficile pour le gouvernement de justifier la distanciation dans les salles de spectacles lorsqu’elle n’est plus la norme dans les transports en commun.
Ainsi, la Ministre de la culture, n’a pu respecter pleinement sa promesse faite le 19 août aux professionnels du secteur. Le semblant de rebond épidémique empêche donc toutes les petites et moyennes salles de spectacles vivants d'accueillir les spectateurs jusqu’au maximum de leur jauge. Dans les départements classés « rouges », les salles devront se résigner à une capacité d’accueil réduite de moitié (un siège occupé sur deux).
« La relance n’a de sens que si elle est globale et massive. Si on veut que les gens reviennent dans les salles, il faut que l’offre soit riche et variée, donc il faut inciter les salles à rouvrir. » Stéphane Hillel, directeur général du Théâtre de Paris
Enfin, l’Etat ne dédommagera plus les salles ayant choisi de fermer leurs portes mais la puissance publique veillera à « compenser l’écart entre les recettes et le point d’équilibre » habituel. Il conviendra d’analyser la justesse de l’estimation de cet écart.
III. La course au vaccin et les stratégies de précommandes
La recherche d’un vaccin contre le Covid-19, l’objet de rivalités entre puissances, continue tandis que des chercheurs de Hong Kong rapportent un cas de réinfection par le Covid quatre mois et demi après une première infection. Publié en ligne le 25 août 2020 dans la revue Clinical Infectious Diseases [5] ce cas clinique démontre que quelques mois après une première infection, des patients ne présentent plus d’anticorps neutralisants. De plus, la comparaison de la totalité du génome viral a montré que la première souche virale diffère de la seconde ce qui a permis aux chercheurs de « différencier une réinfection d’une infection virale persistante ». A la suite de la publicité donnée à ce cas, deux autres occurrences de réinfections ont été signalées en Europe, mais n’ont pas encore fait l’objet d’une description détaillée dans des publications scientifiques.
Les scientifiques semblent donc obtenir de nouvelles informations sur le virus chaque semaine et la commercialisation d’un vaccin sûr devient la seule perspective d’un avenir sans mesures sanitaires strictes. L’OMS suit plus de 170 projets de vaccin contre le Covid-19 à travers le monde, mais l’essentiel d’entre eux sont à des stades préliminaires. Tandis que la Chine, la Russie ou encore les Etats-Unis parlent de « percée historique dans la recherche », affirmant être à quelques mois d’une commercialisation légale, et s’engagent dans une compétition pharmaceutique, l’Union européenne, elle, reste plus prudente dans son approche sanitaire et opte pour une coopération à son échelle. La Commission européenne a conclu des accords avec cinq entreprises pharmaceutiques pour s’assurer que l’ensemble des Etats de l’Union pourront être approvisionnés rapidement et en quantité suffisante, dès qu’un vaccin sera jugé efficace et sûr. Plusieurs de ces vaccins sont en phase 3 des essais cliniques et leur commercialisation pourrait se concrétiser dans les prochains mois. L’approche européenne apparaît ainsi plus unitaire et respectueuse des procédures. La France a poursuivi les travaux fait à l’échelon européen et a initié une stratégie de pré-commande de vaccins pour s’assurer un accès le plus précoce possible dès que l’un des projets sera scientifiquement jugé efficace et sûr. Le ministre de la Santé considère que des premiers vaccins pourraient être disponibles fin 2020 ou début 2021. Aujourd’hui, un accord de précommandes a été signé, quatre autres sont sur le point de l’être et quatre négociations sont encore en cours, afin de couvrir le plus large spectre possible de technologies de vaccins.
Au contraire, le directeur de l’IHU Méditerranée, Didier Raoult, affirme depuis le mois de juin qu’il est peu probable qu’un vaccin contre le Covid-19 soit développé aussi rapidement, il affirme que « contre les maladies émergentes, [il y a zéro vaccin], malgré les milliards dépensés. Il est donc statistiquement improbable qu’un vaccin soit disponible contre ce Coronavirus. » Dans un entretien accordé à CNews explique son scepticisme face à la commercialisation d’un vaccin par le « faible taux de mortalité » de la maladie depuis le mois de mai.
[1]Chiffres actualisés quotidiennement sur Santé Publique France, Coronavirus : chiffres clés et évolution de la COVID-19 en France et dans le Monde, (en ligne). Disponible sur : https://www.santepubliquefrance.fr/dossiers/coronavirus-covid-19/coronavirus-chiffres-cles-et-evolution-de-la-covid-19-en-france-et-dans-le-monde
[2]Pour plus d’informations : Géodes, géo données en santé publique, taux d’incidence par département actualisé quotidiennement, (en ligne). Disponible sur : https://geodes.santepubliquefrance.fr/#bbox=-970181,6452366,1840984,1710591&c=indicator&i=sp_ti_tp_7j.tx_pe_gliss&s=2020-08-17-2020-08-23&t=a01&view=map2
[3]Pour aller plus loin : LeMonde, « Retrouvez les annonces du gouvernement lors de la conférence de presse faisant le point sur l’épidémie de Covid-19 », 27 août 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.lemonde.fr/politique/live/2020/08/27/en-direct-le-gouvernement-fait-le-point-sur-l-epidemie-de-covid-19-avant-la-rentree-des-classes_6050069_823448.html
[4]Pour aller plus loin : Education.gouv, Rentrée 2020 : modalités pratiques, 27 août 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.education.gouv.fr/rentree-2020-modalites-pratiques-305467
[5]Clinical Infectious diseases, « COVID-19 re-infection by a phylogenetically distinct SARS-coronavirus-2 strain confirmed by whole genome sequencing » 25 août 2020, (en ligne). Disponible sur : https://academic.oup.com/cid/advance-article/doi/10.1093/cid/ciaa1275/5897019
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