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Veille Hebdo Covid – Un monde toujours « vulnérable » au SARS-CoV-2 et ses variants

Directeur de publication : Thomas MESZAROS

Responsable pédagogique : Fabien DESPINASSE


I. Quelles avancées contre la pandémie dans le monde ?


Après un mois de mission en Chine des experts de l’Organisation mondiale de la santé [1], « toutes les hypothèses restent sur la table » pour trouver la source de la pandémie. Cependant, lors d’une conférence de presse à Wuhan, les experts ont semblé exclure l’hypothèse que le virus ait pu s’échapper de l’Institut de virologie de Wuhan, évoquant une situation « hautement improbable ». Le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré espérer qu’un rapport préliminaire sur la mission puisse être publié dans les prochains jours et le rapport final « dans les semaines à venir ». A ce jour, Peter Embarek, le dirigeant de l’équipe à Wuhan affirme que l’enquête a « rencontré de nombreux succès (…) nous avons une meilleure compréhension de ce qui est arrivé en décembre 2019 ». Ces travaux devront toutefois se poursuivre dans les prochains mois.

En Chine, le gouvernement a imposé de nouveaux contrôles drastiques afin d’empêcher les familles de se retrouver pour les fêtes du Nouvel An chinois qui représente historiquement la « plus grande migration humaine au monde ». Pour éviter de nouvelles contaminations, la Chine a décidé d’imposer des restrictions préventives et de reconfiner des dizaines de millions de personnes.


L’Europe continue d’enregistrer une baisse du nombre de cas et de décès pour la troisième semaine consécutive [2], mais l’Union européenne n’est pas sortie des crises sanitaire ou économique. Hans Kluge, le directeur Europe de l’OMS, affirme que malgré une tendance à la baisse des cas de contaminations, la majeure partie des pays européens reste « vulnérable » face au Covid et a mis en garde contre un faux sentiment de sécurité. En effet, si les campagnes d’accélération n’accélèrent pas, les bénéfices en étant attendus « pourraient ne pas être évidents ». Au 11 février 2021, 2,9% de la population de l’Union européenne avait reçu au moins une des deux injections d’un vaccin. Toutefois, l’Union européenne doit accroître sa production de masse pour mieux se préparer à la propagation des différents variants. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, s’est exprimé cette semaine devant les eurodéputés. Vivement critiquée sur la lenteur de la distribution des vaccins dont elle a coordonné les achats, la présidente de la Commission a reconnu ne pas être « là où nous voudrions être dans la lutte contre le coronavirus ».


« Nous avons été en retard quant à l’approbation [des vaccins]. Nous avons été trop optimistes quant à la production de masse. Et peut-être avons-nous eu aussi trop de certitudes sur le fait que les commandes seraient effectivement livrées dans les temps. » Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.


Ursula von der Leyen a néanmoins défendu la centralisation des commandes de vaccins par la Commission, qui a permis d’établir une situation juste entre les États membres. Cette décision a empêché le développement d’un nationalisme vaccinal au sein de l’Union et a assuré une démarche saine des États membres dans l’acquisition des doses [3]. Les vaccins, commandés par la Commission, sont, une fois livrés, répartis entre les États au prorata de la population, permettant ainsi de garantir un accès équitable aux vaccins. Certains États, comme la France, ont fait le choix de faire don aux États « les plus pauvres » de leurs doses excédentaires.

De plus, Ursula von der Leyen a également jugé que l’Union européenne ne pouvait se permettre de précipiter ses procédures de validation de vaccin afin d’assurer la mise sur le marché de vaccin « sûr et efficace ». La Présidente de la Commission a cependant précisé que l’Union européenne allait mettre en place un nouveau réseau d’essais cliniques qui vise à fournir dans un délai raccourci des données aux autorités de régulations et que des mesures seraient prises pour accélérer la production des vaccins.


II. France : une situation sanitaire sensible

Source : Le Monde / Copyright : Le Monde / Utilisation non commerciale


La France vit désormais sous la menace de la propagation massive des nouveaux variants du SARS-CoV-2.

Le 11 février 2021, le ministre de la santé français, Olivier Véran a déclaré que « la pression reste forte mais elle n’augmente pas (…) Les prochaines semaines nous diront si les mesures actuelles suffisent ou s’il faut se résigner à prendre des mesures de type confinement » avant d’ajouter toutefois que le variant dit britannique du Covid représente désormais une infection sur quatre. En France métropolitaine, ce variant est donc responsable de « 20% à 25% des infections ». Toutefois, en Moselle, ce sont les variants dits sud-africain et brésilien qui circulent et sont « très présents ». Ces deux variants, considérés plus contagieux que le SARS-CoV-2 et pouvant être « moins sensibles à certains vaccins disponibles », sont particulièrement surveillés. Cette situation est d’autant plus inquiétante que tous les cas de contaminations par ces variants en Moselle ne peuvent être reliés à des clusters, à des voyages à l’étranger ou à des contacts avec des personnes ayant voyagé. Cela pourrait ainsi indiquer un début de diffusion non maitrisé de ces variants dans la population. Avec un taux de positivité de 8%, le département se place deux points au-dessus du chiffre national depuis le début du mois de février.

Les élus locaux ont ainsi demandé au gouvernement d’ordonner la fermeture des établissements scolaires du département avant le début des vacances pour contrer l’épidémie. Toutefois, l’exécutif a déclaré qu’il n’y aura pas de fermeture généralisée des écoles, ni de confinement local. Pourtant, dans le département, 100 classes sur 4 000 ont déjà été fermées et dès le 15 février, une nouvelle classe sera fermée pour tout cas positif et l’élève contaminé sera isolé dix jours au lieu de sept.

Depuis le 11 mai 2020, les écoles et établissements scolaires ont progressivement rouvert dans le cadre d’un protocole [4] arrêté par les autorités sanitaires. A compter du 1er février 2021, le protocole sanitaire en vigueur intègre les évolutions rendues nécessaires par l’évolution de la circulation du virus et notamment le contexte d’émergence de variants du virus. Depuis le 12 février 2021, les établissements scolaires se voient forcées d’adopter un comportement différencié dans le cadre d’une détection d’un cas de contamination au SARS-CoV-2, au variant britannique, ou encore aux variants sud-africain ou brésilien [5].

En cas de survenue d’un cas confirmé de SARS-CoV-2 ou de sa variante britannique la fermeture d’une classe n’intervient qu’après la détection de 3 infections dans une même classe. Toutefois, « selon l’analyse locale concernant la circulation de cette variante sur le territoire, en lien avec l’ARS, la fermeture de la classe pourra toutefois être envisagée dès le premier cas. » Et en cas de survenue d’un cas confirmé portant la variante sud-africaine ou brésilienne du SARS-CoV-2 la fermeture de la classe est obligatoire : « tous les élèves de la classe seront assimilés à des contacts à risque ». De plus, depuis le 8 février, la direction générale de la santé préconise la fermeture d’une classe dès lors qu’un enfant a été testé positif à un variant ou s’il est considéré cas contact d’un membre de sa famille infecté par un variant.

Ainsi, le début des vacances d’hiver ne semble pas apporter d’accalmie dans les établissements scolaires. La propagation du Covid dans les établissements entraîne, sur tout le territoire métropolitain, la fermeture de nombreuses classes, sans mesures généralisées.

Concernant le cas particulier de la Moselle, Olivier Véran a annoncé l’envoi de 2 000 doses de vaccin Moderna supplémentaires en Moselle ainsi que l’ouverture de nouveaux créneaux de vaccination. Le ministre a également annoncé une intensification de la campagne de tests.


III. Les avancées des campagnes de vaccination


Les campagnes de vaccinations sont désormais engagées dans la plupart des pays du monde. Aux États-Unis, l’administration Biden tente de sécuriser un nombre suffisant de doses pour vacciner l’ensemble de la population adulte d’ici l’été 2021. Joe Biden a ainsi annoncé la commande de 200 millions de doses supplémentaires s’ajoutant aux 200 millions déjà commandées. De plus, le 11 février 2021, le président américain a lancé la distribution de doses dans des milliers de pharmacies du pays afin que les premières doses soient administrés massivement dans les prochains jours.

En Suède, la campagne de vaccination « rapide et efficace » annoncée par le gouvernement connait un certain retard. Outre les retards de livraisons, les problèmes logistiques s’expliquent par la décision de certaines régions de faire des stocks, à l’encontre des directives de l’Agence de la santé publique suédoise. Ainsi, des dirigeants de régions et épidémiologistes demandent à revoir le calendrier vaccinal, considérant qu’il est devenu impossible de vacciner toutes les personnes de plus de 18 ans d’ici juin 2021.

La campagne de vaccination française est elle aussi vivement critiquée pour sa « lenteur » et la difficulté que certaines personnes éligibles rencontrent pour accéder à la seconde injection. Selon le calendrier prévisionnel des livraisons de doses de vaccins, la France devrait avoir reçu, d’ici fin juin, 78 millions de doses ce qui lui permettrait d’assurer les scénarios envisagés. Toutefois, cela reste conditionné par l’autorisation de mise sur le marché européenne des vaccins développés par Janssen et CureVac, supposés commencer leurs livraisons en avril et mai. De plus, ce calendrier dépend du respect par les laboratoires de leur rythme de livraisons.

La logistique des campagnes de vaccination dépend donc grandement de la logistique des groupes pharmaceutiques eux-mêmes. En décembre dernier, Sanofi annonçait viser une autorisation potentielle de son vaccin au second semestre 2021 au plus tôt, à la suite d’essais précliniques positifs. Cependant, le directeur général du groupe pharmaceutique a déclaré cette semaine que « ce vaccin ne sera pas prêt cette année, mais il pourrait s’avérer utile plus tard, surtout si le combat contre les variants devait se poursuivre ».

L’objectif à long terme des États restent tout de même la vaccination massive du plus grand nombre. Mylène Ogliastro, vice-présidente de la Société française de virologie explique ainsi que le risque d’une campagne vaccinale lente est qu’elle favorise l’émergence de nouveaux variants : « plus le virus circule, plus il y a de mutations, plus le virus aura de chances de s’adapter à des changements d’environnement »


« On continuera malheureusement de parler du Covid-19 en 2022, parce qu’il y aura toujours des personnes qui ne seront pas vaccinées, donc il faudra toujours surveiller cette pathologie, même si elle ne représente pas systématiquement un risque épidémique » Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie et évolution des maladies infectieuses à l’université de Montpellier.


 

[1] Pour en savoir plus sur le rôle de l’OMS : IRIS, « COVID-19 : quelles avancées contre la pandémie ? », publié le 12 février 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.iris-france.org/154296-covid-19-quelles-avancees-contre-la-pandemie/

[3] IRIS, « L’Europe face au COVID-19 : l’Union en quête d’une stratégie commune », publié le 8 février 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.iris-france.org/154126-leurope-face-au-covid-19-lunion-en-quete-dune-strategie-commune/

[4] Éducation nationale « Protocole sanitaire des écoles et des établissements scolaires – année scolaire 2020-2021 », dernière mise à jour – Février 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.education.gouv.fr/protocole-sanitaire-des-ecoles-et-etablissements-scolaires-annee-scolaire-2020-2021-305630

[5] Éducation nationale « Coronavirus COVID-19 : les réponses à vos question », mis à jour le 12 février 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.education.gouv.fr/covid-19-questions-reponses

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