Par Chiara ALEXANDRE
Directeur de publication : Thomas MESZAROS
Responsable pédagogique : Fabien DESPINASSE
I. La situation sanitaire internationale
Un an après [1] que l’Organisation mondiale de la santé a décrété l’urgence sanitaire de portée mondiale le 30 janvier 2020, les foyers majeurs de l’épidémie se situent actuellement dans la zone Amériques et en Europe. Ces régions sont à l’origine, respectivement, de 52% et 34% des nouveaux cas de Covid rapportés au niveau mondial, et de 47% et 40% des nouveaux décès pour la semaine du 18 au 24 janvier [2].
Le 29 janvier 2021, après 14 jours de quarantaine, les experts de l’OMS ont pu entamé leur enquête de terrain sur l’origine du coronavirus à Wuhan. Cette mission, qualifié de « coopération » devrait durer quelques semaines et se déroule dans un climat de tensions sino-américaines. Les États-Unis réclament une enquête « claire et poussée », soulignant l’évaluation de sa « crédibilité » a posteriori. La Chine, qui fait état de 4 636 morts depuis le début de la pandémie, rejette quant à elle toute « ingérence politique » dans cette visite scientifique. Ainsi, l’OMS a précisé que l'enquête menée à Wuhan n’était pas destinée à trouver un pays ou une autorité « coupable », mais à « comprendre ce qui s'est passé pour éviter que cela ne se répète à l'avenir ».
« J'ai demandé à ce que les scientifiques internationaux obtiennent tout le soutien, l'accès et les données nécessaires, et qu'ils aient la chance de coopérer pleinement avec leurs homologues chinois » Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’Organisation mondiale de la santé.
Le 29 janvier 2021, alors que la diffusion de variants plus contagieux du SARS-CoV-2 inquiète, plusieurs pays ont renforcé les restrictions pour les voyageurs. L’Allemagne a décidé restreindre les entrées sur son territoire aux voyageurs en provenance du Brésil, du Royaume-Uni, d’Irlande, du Portugal et d’Afrique du Sud. Justin Trudeau, le premier ministre canadien a quant à lui annoncé que le Canada impose désormais aux voyageurs arrivant dans le pays un test obligatoire et une quarantaine de trois jours en attendant son résultat. Le Royaume-Uni a fermé ses frontières aux personnes arrivant des Émirats arabes unis, du Burundi et du Rwanda, afin d’éviter l’importation de nouveaux variants.
En Belgique, les scientifiques évoquent une « situation préoccupante », et estime que d’ici fin février, la présence du variant britannique devrait représenter une proportion de 90% des cas positifs. Le gouvernement belge, qui estime qu’une troisième vague de contaminations n’est plus à exclure, devrait prendre de nouvelles mesures dans les semaines à venir.
Aux États-Unis, des signes de ralentissement de la pandémie apparaissent. Les nouveaux cas de contamination et les hospitalisations sont en baisse depuis deux semaines. Le pays compte toutefois encore plus 3 000 morts par jour mais les courbes sont en baisse. Des mesures sanitaires restent cependant en vigueur. A partir du 2 février 2021, les masques seront obligatoires dans les transports publics dans tout le pays. Cette mesure, qui fait suite à une promesse de Joe Biden, s’appliquera dans les avions, bus, trains, taxis ou encore les ferrys, ont précisé les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) [3]. Le non-respect de cette mesure sera considéré comme une violation de la loi fédérale américaine.
II. France : la mise en place de mesures renforcées
Confronté à un rebond épidémique et aux incertitudes sur l’efficacité du couvre-feu, le gouvernement français a pris la décision de durcir les restrictions sanitaires.
Un nouveau confinement de la population française souhaite être évité par le gouvernement mais également par la population. Une étude d’Elabe [4] en date du 27 janvier démontre que le jugement sur le confinement national se dégrade depuis le début de la crise. En effet, 93% des Français étaient favorables à l’instauration du 1er confinement le 18 mars 2020, 67% lors du 2ème le 29 octobre 2020, et 1 Français sur 2 seulement y serait favorable aujourd’hui. De plus, à la crainte d’une « désobéissance civile » lors d’un nouveau confinement s’ajoute le risque économique. Un nouveau confinement causerait une perte d’activité pouvant aller jusqu’à 18%.
Ainsi, le 29 janvier 2021, Jean Castex, le Premier ministre a annoncé de nouvelles restrictions mais pas de confinement généralisé sur le territoire. Le 24 janvier dernier, les mesures appliquées aux arrivants hors Union européenne ont été élargies aux Européens. Ainsi, l’arrivée sur le territoire français a été conditionné par la possession d’un test PCR négatif de moins de 72 heures. Cependant, à partir le 31 janvier, toute entrée en France et toute sortie à destination ou en provenance d’un pays extérieur à l’Union européenne est désormais interdite sauf exception. De plus, à partir de la même date, les voyages à destination des départements d’outre-mer seront également interdits sauf motif impérieux. Depuis le 18 janvier, les voyageurs arrivant en Guadeloupe et en Martinique étaient également soumis à un isolement de sept jours à domicile, avec l’obligation de procéder à un nouveau test PCR au terme de cette période. Cette mesure vise notamment à éviter un afflux de voyageurs en provenance de la France métropolitaine pendant les vacances de février.
Enfin, les centres commerciaux non alimentaires d’une surface de plus de 20 000 mètres carrés seront désormais fermés. Cette décision, prise en période de solde et justifiée par le fait que ces lieux « favorisent le plus le brassage », a été mal accueillie par les commerçants qui considèrent au contraire que « les centres commerciaux de plus de 20 000 mètres carrés sont les mieux équipés en moyens techniques pour faire respecter les jauges ». Le Conseil national des centres commerciaux « s’indigne d’une décision qui n’a fait l’objet d’aucune concertation préalable, annoncée avec une prise d’effet dans un délai de 48 heures et très imprécise quant à son périmètre d’application ».
Source : Le Monde / Copyright : Le Monde / Utilisation non commerciale
Lien de l’infographie : Confinement : l’Elysée cherche une nouvelle formule, mêlant « acceptabilité » et efficacité [5]
Le nombre de nouvelle contamination en France n’est pas en constante augmentation mais reste sur un « plateau élevé » d’environ 25 000 cas par jour. Le nombre de patient hospitalisés s’établit encore à un haut niveau mais le taux de positivité des tests reste stable. Olivier Véran, dans une interview au Journal du dimanche du 31 janvier, note ainsi « une légère décélération » des contaminations. Cependant, l’inquiétude se porte sur la circulation du variant britannique qui s’intensifie « de 50% chaque semaine mais de manière moins intense qu’à l’étranger où des hausses de 70% à 100% ont été relevées ».
Ainsi, le gouvernement, qui fait face à un danger « possible, voire probable » mais pas certain, cherche des mesures mêlant acceptabilité et efficacité.
III. Les difficultés des campagnes de vaccinations européennes
Pour éviter qu’une compétition sur l’achat de vaccins ne constitue une menace pour l’Union européenne, la Commission européenne a, en 2020, pris l’initiative de mutualiser les commandes auprès de différents laboratoires pharmaceutiques. Toutefois, sous la pression d’une forte demande et d’une troisième vague de contamination l’initiative de la Commission présente des failles.
Le 29 janvier 2021, l’Agence européenne des médicaments a approuvé l’utilisation du vaccin AstraZeneca après celui de Pfizer-BioNTech et de Moderna. Le déploiement de ce vaccin présente de nombreux avantage pour l’Union européenne. Moins cher à produire que ses rivaux et plus facilement transportable et stockable ce vaccin ne fait cependant pas l’unanimité. Le Comité permanent de la vaccination à l’Institut Robert-Koch à Berlin a déconseillé ce vaccin pour les plus de 65 ans évoquant des données « insuffisantes » [6]. Le Président français a également fait part de ses doutes quant à l’efficacité de ce vaccin pour les plus de 65 ans et a affirmé « attendre (…) l’expression de la Haute Autorité de santé française ». Cependant, la Commission a autorisé la mise sur le marché de ce vaccin et Ursula von der Leyen a indiqué attendre « de l’entreprise qu’elle livre les 400 millions de doses comme convenu » en août 2020 alors que AstraZeneca subit d’ores-et-déjà une certaine pression suite à ses retards de livraisons. Le groupe explique cela pas une « baisse de rendement » dans une usine européenne et estime être en mesure de livre « un quart » des doses initialement promises à l’Union européenne au premier trimestre de 2021.
La durée de la pandémie place les dirigeants politiques et industriels face à une situation aussi exceptionnelle qu’imprévisible. De plus, les variants du SARS-CoV-2 constituent une menace sérieuse pour l’efficacité des vaccins. Cette semaine, Novavax, une firme américaine, a affirmé que leur vaccin, encore en essai de phase 3, « est le premier vaccin qui démontre non seulement une efficacité forte contre le Covid-19, mais aussi une efficacité significative contre les variants émergents britannique et sud-africain » [7]. Toutefois, Florian Krammer, virologue à l’Icahn School of Medicine de l’hôpital du Mont-Sinaï, à New York, affirme qu’un second essai conduit en Afrique du Sud aurait relevé une efficacité bien inférieure à celle annoncée pour les États-Unis : 48 à 60% contre 90%. Ces nouvelles données semblent ainsi confirmer les craintes de la communautés scientifiques. Certains variants seraient ainsi insensibles aux anticorps contenus dans les vaccins. Les scientifiques attendent ainsi désormais de nouveaux résultats, notamment ceux du candidat-vaccin de Johnson & Johnson.
[1] Pour une chronologie de la pandémie : Courrier International Paris, « Chronologie. Un an de Covid-19 en quelques faits marquants », le 31 janvier 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.courrierinternational.com/grand-format/chronologie-un-de-covid-19-en-quelques-faits-marquants
[2] Santé publique France, « COVID-19 : point épidémiologique du 28 janvier 2021 », (en ligne). Disponible sur : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/documents/bulletin-national/covid-19-point-epidemiologique-du-28-janvier-2021
[3] Centers for Disease Control and Prevention « Mask Requirement », le 29 janvier 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/travelers/face-masks-public-transportation.html
[4] ELABE, « Les Français, le confinement et le vaccin contre la Covid-19 », le 27 janvier 2020, (en ligne). Disponible sur : https://elabe.fr/confinement3-vaccin/
[5] Chiffres du graphique à jour au 30 janvier 2021.
[6] Science Media Center « Expert reaction to reports that guidance from STIKO in Germany has recommended the Oxford/AstraZeneca vaccine only for under 65s », 28 janvier 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.sciencemediacentre.org/expert-reaction-to-reports-that-guidance-from-stiko-in-germany-has-recommended-the-oxford-astrazeneca-vaccine-only-for-under-65s/
[7] Novavax, « Novavax COVID-19 Vaccine Demonstrates 89,3% Efficacy in UK Phase 3 Trial », 28 janvier 2021, (en lgine). Disponible sur : https://ir.novavax.com/news-releases/news-release-details/novavax-covid-19-vaccine-demonstrates-893-efficacy-uk-phase-3
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