Par Chiara ALEXANDRE
Directeur de publication : Thomas MESZAROS
Responsable pédagogique : Fabien DESPINASSE
I. La situation sanitaire internationale plus d’un an après le début de la pandémie
L’enquête controversée menée en janvier 2021 par les experts de l’Organisation Mondiale de la Santé à Wuhan, en Chine, n’a pas permis de répondre aux multiples questions existantes autour du début de la pandémie. A ce jour, les experts ont admis que l’hypothèse selon laquelle le SARS-CoV-2 aurait été transmis par un premier animal à un second avant une contamination de l’Homme est « la plus probable ». Il semble acquis que le virus ait été présent en premier chez la chauve-souris, mais les experts ignorent encore comment il serait passé de l’animal à l’Homme. Or, afin d’anticiper les épidémies futures, il s’agit d’une question cruciale à laquelle le manque de réponse inquiète.
Malgré la débâcle autour du vaccin AstraZeneca, les vaccinations s’accélèrent à travers le monde. Plus de 402,3 millions de doses auraient été administrées dans le monde, dont plus d’un quart aux États-Unis.
Les États-Unis ont ainsi franchi, avec un mois d’avance sur leur calendrier, l’objectif fixé par le Président élu, Joe Biden, de 100 millions d’injections au cours des 100 premiers jours de son mandat. Le rythme de vaccination a été accéléré de manière spectaculaire dans le pays qui est actuellement à une moyenne de 2,4 millions de doses administrées par jour.
Au Royaume-Uni, une réduction des approvisionnements en vaccins fait craindre un ralentissement de la campagne de vaccination. Le ministre de la santé, Matthew Hancock, a reconnu que « les approvisionnements seront plus restreints en avril que ce mois-ci et il y a un nombre très important de deuxièmes doses à administrer » sans détailler les causes ou les fabricants concernés par la question. Mais l’objectif du gouvernement britannique reste inchangé : offrir une injection à toutes les personnes plus de 50 ans d’ici mi-avril, et à tous les adultes d’ici fin juillet.
Initialement prévus en 2020 et repoussés au 23 juillet 2021 en raison de la pandémie, les Jeux Olympiques [1] (JO) se tiendront à Tokyo, au Japon, et n’accueilleront pas de spectateurs venant de l’étranger. Alors que les organisateurs affirmaient il y a quelques mois que les JO seraient, en 2021, l’occasion de célébrer « la victoire de l’humanité sur le virus », les discours ont changé et insistent désormais sur « l’anxiété » des Japonais et « la priorité » à accorder à leur sécurité. En effet, l’opinion publique japonaise est très majoritairement hostile à la tenue des Jeux cet été, préférant un nouveau report ou une annulation pure et simple.
De plus, le gouvernement nippon a lancé en février une campagne de vaccination qui ne concerne jusqu’ici que le personnel soignant, la majeure partie de la population du pays ne devrait donc pas être vaccinée d’ici les JO en juillet 2021.
En Europe, de nombreux pays connaissent toujours des situations sanitaires tendues : une nouvelle hausse du nombre de cas de contamination a été enregistré dans la région pour la troisième semaine consécutive mais le nombre de décès continue de diminuer [2].
Par exemple, en raison de « la dynamique actuelle de l’infection accélérée par les variants du Covid-19 », l’Allemagne souhaite prolonger en avril toutes les restrictions de déplacement en vigueur actuellement. Les décisions de la chancellerie sont pourtant vivement critiquées par la population. Le 20 mars 2020, des manifestations ont encore rassemblé des milliers de personnes pour dénoncer les restrictions sanitaires en Allemagne, en Suisse, en Grande-Bretagne, en Bulgarie ou encore en Autriche.
II. France : le choix des mesures de « troisième voie »
Le 18 mars 2021, le gouvernement français a annoncé de nouvelles restrictions dans seize départements métropolitains pour au moins quatre semaines. Sur l’ensemble du territoire, le couvre-feu est désormais applicable à partir de 19 heures, afin d’anticiper le passage à l’heure d’été le 28 mars, mais la troisième vague de la pandémie a appelé « à des mesures beaucoup plus fortes » dans certains départements.
La progression de l’épidémie s’accélère et la pression sur les services de réanimation des hôpitaux atteint une situation critique. Ainsi, le gouvernement a adopté de nouvelles mesures consistant à « freiner sans enfermer ». Ces mesures de restriction pourront par la suite être étendues, « si nécessaire, à d’autres parties du territoire ».
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Lien de l’infographie : Avec un troisième confinement pour une large partie de la France, le gouvernement défend sa « troisième voie »
Dans les 16 départements, représentant environ 21 millions d’habitants, une attestation de sortie sera obligatoire et « seuls les commerces vendant des biens et des services de première nécessité seront autorisés à ouvrir » [3]. Les écoles et les collèges resteront ouverts et les lycées accueilleront la moitié de leurs élèves. Les règles demeurent en revanche inchangées dans les universités et les lieux de culte. Enfin, les déplacements interrégionaux sont interdits pour les habitants de ces départements, sauf en raison de motifs impérieux ou professionnels.
Pour les habitants des départements visés par les nouvelles mesures, les sorties autour de leur domicile dans un rayon de dix kilomètres seront possibles « pour se promener, s’aérer ou faire du sport », et ce « sans aucune limitation de durée ». Cette décision est, pour le gouvernement, une manière de répondre à « une fatigue sur les gestes barrières et le plein respect du couvre-feu ».
Cependant, loin d’apaiser la population, ce nouveau confinement sème le trouble dans l’esprit des Français et ébranle leur confiance dans l’exécutif. Le gouvernement affirme avoir cherché « la proportionnalité et un juste équilibre », et a donc multiplié les dérogations dans une attestation rendue publique le 20 mars avant d’être retirée. Cette attestation de deux pages mentionnait une quinzaine de justifications et intégrait des cas particuliers selon les zones ou l’heure en faisant varier les déplacements autorisés de 10 à 30 kilomètres. Le gouvernement l’a ensuite simplifiée et sa version numérique est disponible sur le site du ministère de l’intérieur. De plus, les attestations ne seront désormais obligatoires que pour les déplacements de plus de 10 kilomètres et pour ceux ayant lieu après 19 heures.
Enfin, le gouvernement a également à nouveau insisté sur l’importance du télétravail. Il a ainsi été demandé aux préfets des actions pour renforcer le recours à ce mode de travail qui stagne ces dernières semaines. Le protocole actuel en entreprise prévoit que le télétravail doit être la règle pour les activités qui le permettent. Depuis janvier s’est ajoutée la possibilité pour les salariés en télétravail à 100 % de revenir un jour par semaine. Conformément à ce protocole, le Premier ministre a demandé lors de la conférence de presse du 18 mars, aux entreprises et aux administrations de pousser « au maximum » au télétravail, pour qu’il soit mis en place « au moins quatre jours » par semaine, un objectif dont beaucoup d’entreprises « sont encore loin aujourd’hui ».
III. AstraZeneca, variants : les dernières avancées scientifiques
Plus d’un an après le début de la pandémie, il est encore difficile d’envisager une sortie de la crise sanitaire. Les espoirs se sont ainsi portés sur l’atteinte d’une forte immunité de groupe grâce à la vaccination de masse et à la protection d’une proportion suffisante de la population pour casser la chaîne des contaminations.
En moins d’un an, plusieurs vaccins ont été développées, testés et mis sur le marché. Depuis plusieurs semaines le vaccin AstraZeneca est soupçonné d’avoir causé de très rares cas de troubles thromboemboliques [4] et de troubles graves de la coagulation. Mi-mars, une quinzaine de pays, dont la France, ont donc suspendu provisoirement son inoculation.
Le 18 mars 2021, l’Agence européenne des médicaments (AEM) a réaffirmé que ce vaccin était « sûr et efficace ». Les experts de l’AEM ont conclu, après étude de la trentaine de cas problématiques répertoriés, que « le vaccin n’est pas associé à une augmentation du risque global d’événements thromboemboliques chez ceux qui le reçoivent ». Toutefois, ils ne sont à ce jour pas en mesure d’« exclure définitivement » un lien entre ce vaccin et certains troubles de la coagulation rares. Dans ce contexte, l’AEM a actualisé ses recommandations pour y inclure une explication sur les risques potentiels associés à ce vaccin, et ses experts vont poursuivre leur enquête.
En France, la Haute Autorité de santé (HAS) a donné son feu vert à la reprise « sans délai » de la vaccination, mais recommande de le réserver aux personnes de 55 ans et plus [5]. Cette restriction a été décidée car les rares cas graves qui avaient motivé la suspension de ce vaccin ont uniquement été observés chez des personnes moins de 55 ans.
Son utilisation a repris dès le 19 mars en France, en Allemagne, en Italie, en Bulgarie et en Slovénie. L’Espagne, le Portugal et les Pays-Bas reprendront la campagne de vaccination la semaine prochaine mais les pays nordiques, eux, temporisent en choisissant ont choisi de conditionner la reprise des injections à des évaluations plus poussées sur les troubles détectés.
Cependant, les retards de livraisons du vaccin viennent compliquer les volontés étatiques. Le 20 mars, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a menacé de bloquer les exportations du vaccin du groupe AstraZeneca si l’Union européenne (UE) ne recevait pas d’abord ses livraisons. Le laboratoire évoque des « restrictions d’exportation » et souhaiterait faire venir des vaccins produits hors du sol européen.
Enfin, la question des variants du SARS-CoV-2 continu d’inquiéter les scientifiques. Le 15 mars 2021, la Direction générale de la Santé (DGS) annonçait l’identification d’un nouveau variant chez huit patients issus d’un cluster en Bretagne [6]. La DGS affirme à ce jour que « les premières analyses de ce nouveau variant ne permettent pas de conclure à une gravité ni à une transmissibilité accrue par rapport au virus historique ». Cependant cette découverte est préoccupante en ce qui concerne la détection du virus : « un défaut de reconnaissance par les tests virologiques peut conduire à un sous-diagnostic et [est] susceptible d'interférer avec la stratégie de dépistage et de contact-tracing actuellement en vigueur ».
[1] Pour en savoir plus : LeMonde, P.HARDY, « Chronique : les JO sans public étranger ont-ils leur raison d’être ? », publié le 19 mars 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/03/19/les-jo-sans-public-etranger-ont-ils-leur-raison-d-etre_6073801_4500055.html
[2] Santé publique France, « COVID-19 : point épidémiologique du 18 mars 2021 », (en ligne). Disponible sur :https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/documents/bulletin-national/covid-19-point-epidemiologique-du-18-mars-2021
[3] Pour en savoir plus : Le Monde avec AFP, « Quels commerces restent ouverts dans les départements concernés par le confinement allégé ? » publié le 20 mars 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/03/20/quels-commerces-restent-ouverts-dans-les-departements-concernes-par-le-confinement-allege_6073885_3234.html
[4] Les cas de thromboses artérielles correspondent à l’occlusion des artères coronaires (infarctus) ou des artères carotides et d’autres artères cérébrales (accident vasculaire cérébral), le plus souvent par une plaque d'athérome, un caillot sanguin dit thrombus. Pour plus d’informations : Sciences et avenir, « Vaccin AstraZeneca : qu'est-ce qu'une thrombose ? », publié le 17 mars 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/systeme-sanguin/vaccin-astrazeneca-c-est-quoi-une-thrombose_152606
[5] HAS Santé, communiqué de presse, « Covid-19 : la HAS recommande d’utiliser le vaccin d’AstraZeneca chez les 55 ans et plus », publié le 19 mars 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.has-sante.fr/jcms/p_3244305/fr/covid-19-la-has-recommande-d-utiliser-le-vaccin-d-astrazeneca-chez-les-55-ans-et-plus
[6] Direction générale de la Santé, communiqué de presse, « Conduite à tenir vis-à-vis d’un variant à investiguer (dérive du Clade 20C) détecté pour la première fois en Bretagne », publié le 15 mars 2021, (en ligne). Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dgs-urgent_32_cat_vui_derive_clade20c.pdf
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