Par Chiara ALEXANDRE
Directeur de publication : Thomas MESZAROS
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Lien de l’infographie : Covid-19 : prolongement des restrictions en Allemagne, Londres se penche officiellement sur un vaccin
Près de 62 millions de cas de contamination ont été officiellement diagnostiqués dans le monde depuis le début de la pandémie, et au moins 1,4 million de personnes y ont succombé, selon un comptage réalisé par l’Agence France-Presse [1].
I. La situation dans le monde à l’approche des fêtes de fin d’année
Selon Santé publique France [2], l’Europe rapporte à nouveau des tendances à la baisse pour le nombre de nouveaux cas. Toutefois, malgré cette baisse, l’Europe et les Amériques demeurent les deux foyers majeurs de l’épidémie avec respectivement 44% et 39% des nouveaux cas rapportés au niveau mondial, entre le 16 et le 22 novembre. Ce constat est également documenté pour le nombre de décès rapportés sur la même période : 49% et 33% respectivement pour l’Europe et les Amériques.
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Lien de l’infographie : COVID-19 : point épidémiologique du 26 novembre 2020
En Europe, pour les pays de l’UE/EEA et le Royaume-Uni, au 24 novembre, le nombre total de cas était de 12 187 608 dont 297 248 décès. L’augmentation du taux d’incidence pour la semaine allant du 16 au 22 novembre se poursuit dans une grande majorité des pays. Les pays européens font partie des pays avec les taux d’incidence les plus élevés dans le monde : « sur les 15 incidences les plus élevées mondialement, 14 pays étaient en Europe ».
Cependant, malgré ces chiffres inquiétants, une partie de l’Europe rouvre ses commerces :
Dès le 28 novembre, la Pologne, qui a un taux d’incidence supérieur à celui de la France, rouvre ses centres commerciaux.
En France également, les commerces « non essentiels » rouvrent le 28 septembre en respectant de nouvelles consignes sanitaires.
En Belgique, les commerces rouvriront le 1er décembre bien qu’un confinement partiel restera en vigueur.
Le 1er décembre, les musées, galeries, cinémas, bibliothèques et lieux de culte pourront rouvrir, tout comme les magasins non essentiels rouvriront en Irlande. De plus, les restaurants et pubs qui servent à manger pourront accueillir de nouveau des clients à partir du 4 décembre, à condition qu’à table ne soit installé que des personnes issues d’un même foyer.
Au Royaume-Uni, un déconfinement partiel est prévu pour le 3 décembre. Les régions sont divisées en trois « tiers » : le tiers 1 étant le plus faible niveau de restriction, le tiers 2 une zone d’alerte élevée et le tiers 3 une zone d’alerte maximale. En « tiers 3 », les restaurants ne pourront faire que de la vente à emporter, les pubs, cafés, hôtels, cinéma ou théâtres resteront fermés mais les magasins « non essentiels » pourront eux rouvrir. Le quotidien des 23 millions de Britanniques concernés ne différera donc pas vraiment du confinement. Boris Johnson a ainsi déclaré : « nous avons des raisons d’avoir de l’espoir, mais l’hiver sera difficile. Si nous relâchons l’effort tout de suite, nous risquons à nouveau de perdre le contrôle de l’épidémie ».
L’Allemagne, quant à elle, souhaite prolonger et durcir ses restrictions jusqu’au début du mois de janvier. Alors que le nombre de nouveaux cas enregistrés en vingt-quatre heures, ne semble pas réellement baisser, l’Allemagne va donc voir se renforcer le « confinement léger » (« lockdown light ») imposé depuis près d’un mois. Bars, restaurants, lieux culturels ou encore clubs de sports devraient ainsi rester fermés pendant encore plus d’un mois, les rassemblements privés se limiteront désormais à cinq personnes appartenant à deux foyers différents et dans les magasins de plus de 800 m2, l’accès sera limité à un client pour 20 m2 de surface commerciale, et non plus pour 10 m2, comme c’était le cas. Toutefois, pour les fêtes de fin d’année, l’étau sera quelque peu desserré : du 23 décembre au 1er janvier, dix personnes (sans compter les enfants de moins de 14 ans) seront autorisées à se rassembler en privé.
De nombreuses questions se posent en effet quant aux fêtes de fin d’année. Alors que les familles américaines se retrouvaient cette semaine pour célébrer Thanksgiving, le Canada (qui a fêté le Thanksgiving canadien, « l’Action de Grâce » le 12 octobre dernier) souligne, de son expérience, que ce type de rassemblement risque d’accélérer la circulation du virus. Le 12 octobre, le Canada comptait 181 864 cas ; quinze jours plus tard, le chiffre s’élevait à 220 213.
« Cette hausse subite est multifactorielle, mais l’incidence des rassemblements familiaux le jour de l’Action de grâce est une réalité : de ce jour, nous avons perdu le contrôle de l’expansion de la pandémie » Santiago Perez, infectiologue à l’hôpital général de Kingston (Ontario).
Selon l’adjoint à la Santé publique du Canada, Howard Njoo, les rassemblements de familles comptant enfants en bas âge, étudiants et grands-parents « ont contribué à l’augmentation du nombre de cas ». Les autorités politiques et sanitaires avaient pourtant multiplié les mises en garde à l’approche de cette fête. Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, avait même suggéré d’annuler tout rassemblement, « afin de se laisser une chance pour Noël ».
Si Thanksgiving a produit un tel effet au Canada, il est possible qu'aux États-Unis, elle soit encore pire. Le taux d'incidence y est cinq fois plus élevé et le taux de mortalité jusqu'à trois fois en fonction des États. Des situations qui seront sans aucun doute surveillées de près en France, notamment depuis le ministère de la Santé. Thanksgiving représente donc un laboratoire parfait pour se rendre compte de la nocivité d'un virus en cas de rassemblement et l’approche des fêtes de fin d’année fait craindre au Canada une répétition de l’amère expérience du dernier Thanksgiving.
En France, le schéma ne sera pas forcément le même car le Canada a célébré Thanksgiving alors que le pays connaissait une hausse des contaminations depuis le mois de septembre et le pic de la seconde vague n’avait pas encore été atteint. Toutefois, le ministre de la Santé français « ne peut pas promettre que nous pourrons être rassemblés », à l'occasion des fêtes de fin d'année. Olivier Véran se sert ainsi de l’exemple du Canada pour justifier que la France ne sorte pas trop vite d'un confinement.
Cette semaine, Maria Van Kerkhove, chargée de la gestion de la pandémie à l'OMS, s’est exprimée au sujet des fêtes et pour elle, une célébration commune par visioconférence semble être la solution la plus sûre. Pour Michael Ryan, chargé des situations d’urgence à l’OMS, les autorités doivent trouver un juste arbitrage entre « les risques pour la santé, et les risques sociaux et économiques » liés aux restrictions en pleine période de fête, en mesure de « générer beaucoup de frustrations, du ras-le-bol et beaucoup de critiques ».
II. En France : déconfinement ou assouplissement du confinement ?
Cette semaine le gouvernement français a annoncé de nouvelles mesures visant à lutter contre l’épidémie de Covid. Les changements concernent principalement les commerces qui, assortis de nouvelles consignes sanitaires, peuvent rouvrir et les loisirs. Les promenades ou la course à pied connaissent désormais une nouvelle limite de 20 kilomètres. Remplir une attestation de déplacement reste obligatoire mais les motifs sont plus souples reflétant un « allégement progressif du confinement ». Cet allégement a été possible grâce à une baisse de la pression sur le système hospitalier bien que celle-ci reste forte. Ainsi après l’allocution présidentielle, Jean Castex, le Premier ministre français, a souligné qu’il était « prématuré de parler de déconfinement ».
Si la baisse des indicateurs continue, l’allégement du confinement se fera donc en trois étapes : ouverture des commerces dès le 28 novembre, ouvertures des salles de cinémas, des théâtres et musées à partir du 15 décembre, ouverture des restaurants, mais pas des bars, à partir du 20 janvier 2021. Ces échéances dépendront de l’évolution de l’épidémie. Afin de s’assurer que l’épidémie reste maîtrisable, le Président français a fixé comme cap le seuil de 3 000 patients Covid en réanimation pour le 15 décembre et de 5 000 nouveaux cas journaliers pour le 20 janvier.
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Lien de l’infographie : Covid-19. Retour à une vie (presque) normale le 20 janvier : est-ce vraiment crédible ?
Jeudi 26 novembre, une déclaration du Premier ministre français a suscité débat au sein de la population française. Concernant les stations de ski, « la situation ne nous permet pas d’envisager leur réouverture » pour les vacances de Noël.
Pourtant, un consensus au niveau européen à ce sujet est recherché par l’Allemagne et l’Italie. Le 23 novembre, le premier ministre italien, Giuseppe Conte, a suggéré de fermer toutes les stations de ski des Alpes jusqu’au 10 janvier. A Berlin, cette idée a fait écho, d’autant que le gouvernement a déjà annoncé le maintien des restrictions jusqu’aux fêtes. Les autorités craignent la répétition du scénario de l’hiver dernier lorsque des milliers d’Allemands se sont contaminés dans les stations autrichiennes [3]. Ainsi, le 26 novembre, Angela Merkel assurait « nous allons essayer d’obtenir un vote en Europe sur la possibilité de fermer toutes les stations de ski » bien que le débat soit vif à ce sujet en Bavière. Cependant, en Autriche les sports d’hiver sont à la fois une passion nationale et une manne économique considérable, l’idée d’une fermeture européenne a donc été froidement accueillie. Pour l’heure, il a simplement été décidé d’appeler les Allemands à renoncer à leurs vacances dans les stations.
La Commission européenne a toutefois rappelé que la décision de fermer ou d’ouvrir les stations de ski était « une compétence nationale » mais elle encourage les Vingt-Sept à « se coordonner ».
Jeudi 26 novembre, des députés de la majorité soulignait ainsi une inégalité avec les pays voisins, les français pouvant ainsi se rendre dans les stations suisses « où les protocoles sanitaires ne seront pas forcément aussi stricts que ceux que nous avions définis avec les représentants de l’État ». De plus, l’ouverture en Suisse et la fermeture en France posent problème aux gérants de domaines transfrontaliers, comme Les Rousses, dans le Jura, ou les Portes du soleil, l’un des plus grands domaines skiables du monde : en Haute-Savoie, il vend un forfait unique pour douze stations, huit françaises et quatre suisses.
[1] Pour une information en temps réel : Interactive AFP « Covid-19 : Évolution du nombre de cas et décès », mis à jour quotidiennement, (en ligne). Disponible sur : https://interactive.afp.com/graphics/Covid-19-Evolution-du-nombre-de-cas-et-deces_601/
[2] Santé publique France, « COVID-19 : point épidémiologique du 26 novembre 2020 », (en ligne). Disponible sur : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/documents/bulletin-national/covid-19-point-epidemiologique-du-26-novembre-2020
[3] Pour plus d’informations à ce sujet : Le Monde, « Coronavirus : Ischgl, ‘’l’Ibiza des Alpes’’, lieu de contamination pour des milliers de touristes européens », 24 avril 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.lemonde.fr/international/article/2020/04/22/coronavirus-comment-ischgl-l-ibiza-des-alpes-a-contamine-des-milliers-de-touristes-europeens_6037371_3210.html
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