Par Chiara ALEXANDRE
Directeur de publication : Thomas MESZAROS
Responsable pédagogique : Fabien DESPINASSE
Source : Le Monde / Copyright : Le Monde / Utilisation non commerciale
Lien de l’infographie : Le Covid-19 a fait plus de deux millions de morts dans le monde[1]
I. La situation sanitaire dans le monde
Selon un bilan établi par l’Agence France Presse [2], la pandémie de Covid-19 a fait plus de deux millions de morts dans le monde.
Les 14 et 15 janvier 2021, le comité d’urgence de l’organisation mondiale de la santé s’est réuni pour faire face à la flambé épidémique du début d’année. Maria Van Kerkhove, responsable de la gestion de la pandémie de Covid-19 à l’OMS, a appelé la communauté internationale une plus grande collaboration scientifique pour faire face aux « inconnues fondamentales » qui subsistent quant au SARS-CoV-2.
Les restrictions se multiplient sur tous les continents. Au Brésil, les États du nord ont annoncé l’instauration d’un couvre-feu en raison de la saturation des hôpitaux. De plus, les établissements de santé, débordés par l’afflux de patients, connaissent de graves problèmes d’approvisionnement en oxygène. Le pays, déjà fortement endeuillé par le Covid en 2020, est aujourd’hui confronté à une brutale seconde vague. Le gouvernement, fidèle à sa politique sceptique depuis juillet dernier, explique la situation sanitaire à Manaus, la ville la plus touché, par la météo humide. L’armée a toutefois été mobilisée pour une « opération oxygène » afin d’acheminer par avion des bonbonnes d’oxygène et d’évacuer une partie des patients vers les régions voisines.
Aux États-Unis, l’épidémie est régulièrement qualifiée d’« hors de contrôle ». Depuis plusieurs semaines, le nombre de nouvelles contaminations est en constante augmentations et les campagnes de vaccinations restent loin des objectifs annoncés par le gouvernement Trump. Le 14 janvier 2021, le président élu Joe Biden, a détaillé les mesures que son administration compte prendre dès son entrée en fonction le 20 janvier. Un « plan de sauvetage » de l’économie américaine doit être approuvé par le Congrès et de nombreux personnels de santé devraient être rapidement formés pour assurer l’administration de 100 millions de vaccins dans les 100 premiers jours de son mandat. Les retards dans la vaccination n’expliquent pas à eux seuls la détérioration de la situation sanitaire. La politisation de la pandémie et la gestion de crise de l’administration Trump est vivement dénoncée à quelques jours de la fin de son mandat.
Près d’un an après l’annonce du confinement de Wuhan, la Commission nationale de la santé chinoise a déclaré la mort d’une personne suite au Covid dans le Hebei. Il s’agit officiellement du premier mort dans le pays depuis mai 2020. Plusieurs centaines de cas sont signalés depuis deux semaines dans la province du Hebei, qui jouxte Pékin. La situation semble d’autant plus difficile à gérer pour la Chine car ce sont surtout des villages et les personnes âgées qui semblent principalement touchés. La stratégie des autorités chinoises ne change toutefois pas, les habitants sont confinés chez eux et massivement testés et vaccinés. A l’approche du Nouvel An lunaire, les autorités invitent la population à renoncer à rentrer dans leur famille, afin d’éviter un brassage des populations entre les différentes régions du pays.
II. En France : de nouvelles mesures restrictives pour contenir la circulation du virus
En 2020, selon les chiffres publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) [3], la France a connu la plus importante mortalité de son histoire récente. La France a en effet connu quelque 53.900 décès de plus qu'en 2019, soit une surmortalité de 9%, toutes causes confondues. Cette évolution ne peut toutefois pas être intégralement attribuée à la pandémie. Valérie Roux, chef du département démographie à l’INSEE explique qu’une « partie de ces décès supplémentaires s’explique par des évolutions structurelles », en raison de l’augmentation de la population et de son vieillissement.
A trois semaines des fêtes de fin d’année, le taux d’occupation des lits en réanimation augmente dans la majorité des régions françaises. A ce jour, cinq régions sont au-dessus du seuil d’urgence sanitaire et seulement la Bretagne reste sous le seuil d’alerte maximale.
De plus, cette semaine, il a été établi que le variant britannique du SARS-CoV-2 serait désormais à l’origine de 1 à 2% des cas de Covid-19 actuellement diagnostiqués en France [4]. Ces enquêtes, visant à détecter le variant britannique seront « répétées à intervalles réguliers » afin d’avoir une vision en temps réelle de la situation épidémiologique. Toutefois, pour l’épidémiologiste Vittoria Colizza, dans les semaines à venir, nous serons confrontés à deux dynamiques épidémiques superposées : celle du SARS-CoV-2 de 2020 et celle de son variant britannique. Mais les mesures d’ores-et-déjà mises en place ne semblent pas être suffisantes pour maîtriser le variant.
Depuis le 14 janvier, la France connaît de nouvelles mesures restrictives. Le premier ministre français a ainsi annoncé la mise en place d’un couvre-feu généralisé à 18 heures pour au moins 15 jours, l’élargissement de la campagne de vaccination ainsi que le renforcement des contrôles aux frontières. L’Hexagone, qui reste « sur un plateau élevé, avec une moyenne hebdomadaire qui fluctue autour de 16 000 contaminations par jour », devra donc respecter le couvre-feu mis en place dans une « logique de freinage préventive » qui « vise à réduire encore davantage les contacts sociaux sur les heures de fin de journée, tout en permettant le maintien des activités économiques, éducatives et des déplacements pendant la journée ».
Toutefois, pour les épidémiologistes, les données manquent pour déterminer si ce couvre-feu avancé sera plus efficace que celui connu précédemment. Pour appuyer cette décision, le premier ministre et le ministre de la santé ont fait valoir que « cette mesure a une efficacité sanitaire », puisque « dans les quinze premiers départements où le couvre-feu a été mis en œuvre à 18 heures dès le 2 janvier, la hausse du nombre de nouveaux cas y est deux, voire trois fois plus faible que dans les autres départements métropolitains ». Les épidémiologistes expliquant ainsi que ces données, bien que justes, sont analysées avec trop peu de recul et seraient d’avis de prendre des mesures plus strictes afin d’éviter tout début de rebond épidémique.
De plus, dès le 18 janvier 2021, les voyageurs en provenance d’un pays hors-UE devront désormais présenter un test PCR négatif avant leur départ pour la France. Cette décision, prise par de nombreux autre pays, vise à « réduire drastiquement les flux transfrontaliers afin de nous protéger du risque de propagation des souches variantes ».
III. Les premiers effets des campagnes de vaccination massives
Les campagnes de vaccination massives s’accélèrent à travers le monde mais la communauté scientifique exhortent les populations à ne pas baisser la garde. Soumya Swaminathan, la responsable scientifique de l’organisation mondiale de la santé, soutient en effet que ces campagnes ne suffiront pas à garantir une immunité collective en 2021. De son côté, Emanuele Capobianco, le directeur de la Santé de La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), met en garde contre un « potentiel faux sentiment de sécurité dû au déploiement des vaccins ».
Airfinity, une entreprise d’analyse des données de santé, explique dans une étude remise à l’International Federation of Pharmaceutical Manufacturers and Associations (IFPMA) [5] qu’au 9 mai 2021, l’entièreté de la population européenne vulnérable serrait vaccinée. Ces données, qui présentent la tendance actuelle, confirment que l’immunité collective ne semble pas être atteignable pour l’année 2021.
Source : IFPMA / Copyright : IFPMA / Utilisation non commerciale
Lien de l’infographie : Snapshot COVID-19 data[6]
Cette semaine, la campagne de vaccination en Europe a subi un nouveau contretemps. Le 15 janvier 2021, Pfizer a annoncé qu’il ne serait pas en mesure de fournir les quantités auxquelles il s’était engagé suite à des travaux réalisés dans une de ses usines. Ces « fluctuations dans les calendriers de commandes et de livraisons » fait craindre aux pays européens une pénurie mais aussi l’apparition de problèmes logistiques liés à la nécessité de réaliser une seconde injection quatre à six semaines après la première pour assurer l’efficacité de la vaccination. Dans une lettre commune les ministres de la santé du Danemark, d’Estonie, de Finlande, de Lituanie, de Lettonie et de Suède ont dénoncé une situation « inacceptable » portant préjudice à la « crédibilité du processus de vaccination ». Ursula von der Leyen, la Présidente de la Commission européenne a ainsi tenu à mettre en garde le laboratoire : « nous attendons d’eux qu’ils respectent leur calendrier de livraisons ».
Ainsi, le groupe Pfizer [7] a annoncé un « plan » devant permette de limiter à une semaine les retards de livraison : « nous reviendrons au calendrier initial de livraisons à l’Union européenne à partir de la semaine du 25 janvier, avec une augmentation des livraisons à compter de la semaine du 15 février (…) Pour ce faire, certaines modifications des processus de production sont désormais nécessaires ».
Toutefois, la production des vaccins elle-même n’est pas le seul facteur qui risque d’amener le marché vers une pénurie et de peser sur « la plus grande campagne de vaccination de l’histoire ». Il s’agit en effet d’un « défi industriel majeur » qui mobilise de nombreux acteurs industriels.
[1] Chiffres à jour au 20 janvier 2021
[2] Agence France Presse, « Covid-19 : Évolution du nombre de cas et décès », mis à jour quotidiennement (en ligne). Disponible sur : https://interactive.afp.com/graphics/Covid-19-Evolution-du-nombre-de-cas-et-deces_601/
[3] Pour plus d’information, INSEE, note méthodologique, « Nombre de décès quotidiens. France, régions et départements », le 15 janvier 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4931039?sommaire=4487854
[4] Santé publique France, « COVID-19 : point épidémiologique du 14 janvier 2021 », (en ligne). Disponible sur : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/documents/bulletin-national/covid-19-point-epidemiologique-du-14-janvier-2021
[5] Airfinity pour IFPMA, « Snapshot COVID-19 data », 8 décembre 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.ifpma.org/wp-content/uploads/2020/12/Airfinity_Slides_Final.pdf
[6] Données à jour au 11 janvier 2021. Graphique montrant les dates d'atteinte de l'immunité pour 20% de la population (point orange), pour la population vulnérable (point vert) et pour toute la population en considérant 67% de personnes immunisées (point rouge). En violet la mise à jour en fonction de l'arrivée du vaccin Novavax au Japon. Crédits : https://www.ifpma.org/resource-centre/slides-airfinity-5th-global-biopharma-ceo-top-execs-virtual-press-briefing-covid-19-8-december-2020/
[7] Pfizer, communiqué de presse « Statement on European Uscaling as well as Impact on Deliveries », le 15 janvier 2021, (en ligne). Disponible sur : https://pfe-pfizercom-d8-prod.s3.amazonaws.com/2021-01/Pfizer%20Statement%20on%20European%20Upscaling%201.15.21_0.pdf?jhExCtxC.vlo8_texwASBIfAuplsqDnx
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