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Veille hebdo Covid - L’évolution des stratégies sanitaires à l’approche de l’automne

Dernière mise à jour : 30 oct. 2020

Directeur de publication : Thomas MESZAROS

Responsables pédagogiques : Jean-Luc LAUTIER & Antoine CRÉTIEN

I. Évolution des stratégies sanitaires américaine et française

À quelques semaines des élections présidentielles américaines, l’administration Donald Trump, vivement critiquée pour sa gestion de la crise sanitaire souhaiterait une nouvelle stratégie sanitaire. Le Washington Post a émis l’hypothèse que Scott Atlas, neuroradiologue membre du think tank conservateur Hoover Institution, conseillerait désormais le gouvernement américain sur une nouvelle stratégie sanitaire. Ce dernier s’oppose aux principaux experts américains chargés de la lutte contre le Covid-19 et exhorte les États-Unis à adopter le modèle suédois : une stratégie d’immunité de groupe très controversée. Cette stratégie, critiquée en Suède pour son imprudence, impliquerait de laisser le virus se propager dans la majeure partie de la population afin de développer rapidement une résistance au virus. Seules des mesures de protection des personnes âgées et vulnérables seraient mises en œuvre. Alors que les États-Unis ont dépassé les 6 millions de cas et les 180 000 morts, l’arrivée de Scott Atlas semble seulement répondre à la volonté de Donald Trump de relancer l’économie.

Bien que Scott Atlas, Alyssa Farah et d’autres représentants de l’administration Trump aient démenti ce changement de stratégie à de nombreuses reprises, dans les faits, les décisions de cette dernière semblent le confirmer. Le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) a pris la décision d’adapter son protocole de test : désormais, les personnes asymptomatiques ayant été en contact rapproché avec une personne infectée ne sont plus invitées à se faire dépister et à se placer en quatorzaine. Le nouveau protocole conseille seulement de porter un masque et de respecter la distanciation sociale [1]. Cela pourrait avoir de vives conséquences sur la propagation du virus. Les gouverneurs de Californie et de New York ont déclaré que ces nouvelles directives ne seront pas suivies dans leur État. Tom Frieden, l’ancien directeur du CDC souligne que la nouvelle stratégie de test ne vise pas à ne tester seulement les personnes présentant des symptômes dans un soucis d’efficacité comme certains le défendent. Ce nouveau protocole semble volontairement écarter des tests les personnes asymptomatiques, bien que contagieuse, pour limiter les quatorzaines et le retard que pourrait prendre la relance économique du pays.

En France, le protocole de dépistage suit une évolution inverse. Au début de l’épidémie, les tests étaient réservés aux personnes symptomatiques atteintes d’une forme grave de la maladie. Aujourd’hui, la détection des cas se fait à une bien plus grande échelle. A la mi-mars, on dénombrait environ 5 000 tests réalisés chaque jour alors que fin août, au moins 90 000 tests sont menés quotidiennement. Des camions de dépistages sillonnent les départements les plus touchés et proposent des tests virologiques de différents types. La stratégie de l’immunité collective avait également été abordée en France par des spécialiste comme le professeur Éric Caumes, infectiologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Ce dernier avait affirmé qu’en laissant le virus circuler chez les jeunes, deux tiers de la population serait malade, immunisant ainsi le tiers restant. Cependant, la communauté scientifique française ne s’était pas accordée sur le sujet, considérant cette stratégie comme « théoriquement valide, mais irréaliste en pratique ». Toutefois, des chercheurs de Hong Kong ont confirmé ce que l’OMS avait annoncé, dès le mois d’avril : les patients guéris du Covid-19 ne sont pas immunisés contre la maladie. Cela semble donc mettre fin au débat sur l’immunité collective contre le Covid puisque l’atteindre semble, dans l’état actuel des recherches, impossible.

II. L’utilisation du masque en Europe 

Le masque, objet de controverse depuis le commencement de l’épidémie, ne fait pas l’unanimité quant à son utilisation entre les pays européens. Le masque est devenu en quelques mois l’un des symboles de la pandémie de Covid-19 pourtant il est important de rappeler que son utilisation doit être accompagnée du respect des autres mesures sanitaires telles que la distanciation sociale et le lavage des mains.

Les pays nordiques doutent de l’efficacité du port du masque. En Suède, l’épidémiologiste responsable de la stratégie sanitaire nationale considère que le masque possède simplement une fonction symbolique. Son port n’est donc pas obligatoire dans le pays sauf dans des cas particuliers : lorsqu’on voyage avec la compagnie aérienne SAS ou encore lorsqu’on circule sur le campus de l’hôpital universitaire Karolinska. En Finlande et au Danemark, la stratégie sanitaire est semblable à celle de la Suède et les deux gouvernements conseillent seulement à la population de se couvrir le nez et la bouche dans les transports en communs. Les Pays-Bas, malgré un regain inquiétant de l’épidémie, refusent toujours d’imposer le port du masque, jugé attentatoire aux libertés individuelles. De plus, le pays souligne le manque de preuve scientifique concernant l’efficacité des masques non médicaux.

D’autres pays, comme l’Espagne, la France ou encore l’Allemagne, ont généralisé, ou presque, le port du masque. Toutefois, ces pays doivent faire face à d’autres polémiques. A Berlin, Londres, Paris ou encore Vienne et Zurich, des manifestations anti-masque ont été organisées samedi 29 août. Le plus gros rassemblement a eu lieu à Berlin, quelques 38 000 personnes se sont retrouvées pour demander la levée des restrictions imposées pour lutter contre le coronavirus. La manifestation a finalement été dispersée par les autorités de police en raison du non-respect des mesures sanitaires. Plus tard, des participants associés à un groupuscule d’extrême droite ont tenté de prendre d’assaut le Reichstag mais la situation a pu être maitrisée. À Londres, une manifestation anti-quarantaine, anti-vaccin et anti-masque a réuni sur Trafalgar Square des sceptiques remettant en cause l’existence du Covid-19 et prônant ainsi leur « droit de contracter cette maladie ». À Paris, entre 200 et 300 personnes se sont retrouvées place de la Nation. Comparant le masque à une muselière, les manifestants revendiquaient la suppression des mesures « liberticides » prises pour lutter contre le virus. Selon la préfecture de police, en milieu d’après-midi, 123 personnes avaient été verbalisées pour non-port du masque.

Ces appels manifestations semblent alimentés majoritairement par de fausses informations circulant sur les réseaux sociaux. Certains soutiennent l’idée que les masques empêchent une bonne respiration et que son port provoquerait un manque d’apport en oxygène mauvais pour l’organisme. Pourtant, les masques, notamment les chirurgicaux, sont conçus pour être portés pendant plusieurs heures par les professionnels de santé, sans altérer leurs capacités à travailler, ni leurs capacités respiratoires. Les études scientifiques sur l’utilité du masque pour lutter contre les épidémies restent encore peu nombreuses. Celles existantes s’appuient principalement sur des données observationnelles puisqu’il est difficile de réaliser des études randomisées visant à demander à des gens de s’exposer au virus avec ou sans masque pour mesurer son efficacité. Toutefois, il convient de souligner que l’utilisation du masque dans des situations à risque épidémique n’est pas nouvelle. Déjà en 2007, un avis scientifique de l’Institut national de santé publique du Québec sur le port du masque dans la communauté en situation de pandémie d’influenza (grippe) [2] déclarait que « le port du masque en communauté devrait être considéré comme une mesure de protection volontaire à promouvoir dès le début d’une pandémie, tout en reconnaissant qu’il n’offre pas une protection absolue ».

« Les masques peuvent être considérés comme des mesures universelles de protection contre la grippe (limiter la diffusion du virus, prévenir la contamination bucco-respiratoire des personnes susceptibles, diminuer la charge virale en cas de contamination et améliorer l’observance à d’autres mesures de protection), surtout dans un contexte où les antiviraux et le vaccin ne seraient pas disponibles » [3].

En 2010, une étude du Cambridge Core [4] concluait que recommander le port du masque était une mesure de santé publique pour lutter contre les épidémies de grippe. Aujourd’hui, ces travaux se poursuivent et une étude, parue dans The Lancet [5], démontre que la distanciation physique, les mesures d’hygiènes recommandées et le port du masque restent les meilleures interventions contre l’épidémie et réduisent le risque infectieux. Le masque permet ainsi de se protéger soi-même et de protéger les autres des projections de gouttelettes. De plus, le virus pouvant être transmis par des personnes symptomatiques et asymptomatiques, le port du masque ne peut être efficace qu’à un niveau communautaire, dans des lieux où la distanciation physique ne peut être assurée.

Les questionnements quant à l’efficacité du masque restent nombreux, et ses détracteurs peuvent se fonder sur le cas de l’Espagne, le pays qui utilise le plus de masques de protection, qui connaît le plus fort rebond épidémique en Europe. Pourtant, aucun scientifique espagnol ne semble mettre en doute l’usage du masque mais les Espagnols semblent relâcher leurs efforts dès qu’ils se retrouvent en groupe même en présence de personnes n’appartenant pas à leur cercle très proche. L’obligation de porter un masque présente donc une faille importante : elle ne rentre pas dans l’intimité des réunions en famille et avec des amis. L’efficacité du port du masque, difficilement remis en cause sur le plan scientifique, se voit toutefois amoindrie par les comportements sociaux.

III. France : entre rentrée scolaire et reprise économique

Malgré un nombre de cas positifs en France qui dépasse depuis fin-août celui du mois d'avril, les hôpitaux sont loin de connaître une forte affluence et le nombre de décès ne repart pas à la hausse [6]. Il n’y a pas encore à ce jour de saturation des capacités hospitalières. Depuis juillet, on dénombre une quinzaine de décès quotidiens. Quant aux nouvelles hospitalisations liées au Covid-19, qui reflètent les cas graves, elles plafonnent à 140 par jour en août contre 2.600 au plus fort de la crise en avril.

L’impact d’une épidémie ne se mesure pas seulement à l’aune de la mortalité ou de la positivité des tests. Elle doit se mesurer à travers un ensemble d’indicateurs. La mortalité informe de « la sévérité de l’impact de l’épidémie sur la population » mais il faut également analyser concomitamment l’ensemble des facteurs : les recours aux soins d’urgences, les admissions en hospitalisation, ou encore les résultats des tests. Seule une étude complète de l’ensemble des données permet d’émettre un avis fondé sur une potentielle reprise épidémique.

Source : LeMonde / Copyright : LeMonde / Utilisation non commerciale

A. Retour sur la rentrée scolaire métropolitaine

Mardi 1er septembre s’est déroulé la rentrée des établissements scolaires métropolitains. Cette rentrée « sous Covid-19 » pose la question des inégalités scolaires, mise en exergue pendant la période de confinement. La crise sanitaire a en partie délégué l’instruction à la famille, « le premier lieu de reproduction des inégalités sociales », il est donc important de souligner l’enjeu du maintien des cours en cette période particulière. Toutefois, vendredi 4 septembre, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale a annoncé que, 3 jours après la rentrée et à quelques semaines des premières vacances scolaires, 22 écoles étaient fermées, dont 10 à La Réunion, en raison de cas confirmés de Covid-19. Selon le protocole en vigueur, une structure scolaire doit être fermée si plus de 3 cas de Covid sont déclarés. Le ministre a ajouté qu’une centaine de classes ont été fermées et qu’environ 250 protocoles pour des suspicions de cas étaient déclenchés chaque jour. Ce nombre, alarmant lorsqu’on réalise que les établissements scolaires ont rouvert depuis moins d’une semaine, reste « relativement petit rapporté aux 60 000 écoles, collèges ou lycée que compte la France » selon le ministre. De plus, ces suspicions seraient « liées à des facteurs externes à l’école, avec des personnes qui, souvent, avaient pu être contaminées avant la rentrée ». Près de Lyon par exemple, l’agence régionale de santé a préconisé l’isolement de l’ensemble de l’équipe pédagogique d’une école après qu’un enseignant ait été testé positif. Les enseignants étant isolés, l'école ne peut accueillir les élèves qui se voient ainsi privés de classe pendant les quatorze prochains jours. Les services académiques travaillent donc en étroite collaboration avec la mairie afin de trouver une solution d'accueil pour les élèves. À ce sujet, le ministre de l’Éducation nationale a déclaré que dans le cas de « phénomènes amples (de fermeture) dans le futur », un « protocole permettant d’aider les familles » sera mis en œuvre afin que cela ne perturbe pas la vie courante des familles. Des dispositifs de garde ou des locaux dans lesquels des enseignants feraient cours pour les élèves pourraient donc voir le jour. Ces dispositifs seraient, selon le Ministre « un peu dans le même état d'esprit de ce qui était fait pour accueillir les enfants de soignants » pendant le confinement. Le gouvernement entend ainsi privilégier les modes de garde alternatifs ou la mise en place de structure permettant l’accueil d’enfant dans un cadre éducatif, plutôt que les parents soient dans l’obligation de déposer des arrêts de travail ou des congés payés. De plus, afin d’éviter de reproduire le retard scolaire de certain accumulé pendant le confinement, un protocole de continuité pédagogique grâce à l’enseignement à distance devrait être mis en œuvre dès qu’une classe ou qu’un établissement ferme ses portes.

B. Le lancement du plan « France Relance »

Fin-août, Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publique, avait annoncé que, pour veiller à l'application de ce plan, le gouvernement prévoit d'installer des « sous-préfets à la transformation et la relance » dans toutes les régions, au début de l'année 2021. Ces sous-préfets seront « sur le terrain » pour « faire remonter » les dysfonctionnements : « ils seront chargés de s’assurer que quand on décide quelque chose à Paris, il se passe quelque chose sur le terrain (…) leur rôle, c’est de nous dire ce qu’on doit débloquer ». Cette future organisation décentralisée de la gestion de la crise confirme le phénomène évoqué il y a quelques semaines. Cette annonce offre une nouvelle fois une plus grande latitude d’action aux préfectures et cela leur permet de prendre une plus grande capacité décisionnelle dans l’organisation de la sortie de crise. Le gouvernement met l’accent sur les « services de proximité » et simplifie les procédures de décisions.

Le 3 septembre a donc été détaillé le plan de relance du gouvernement face à la crise du Covid-19 lors d’une conférence de presse tenue par le Premier ministre Jean Castex, accompagné de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, de Bruno Le Maire le ministre de l'Économie, d'Élisabeth Borne, ministre du Travail et de Clément Beaune, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes. Ce plan articulé autour de trois grands axe[7] (volet écologie, volet compétitivité, volet cohésion) a pour objectif de « retrouver le niveau de croissance de 2019 d’ici la fin de l’année 2022 ». 70 mesures pour soutenir l’offre et la demande ont été mises au point par le gouvernement et 100 milliards d’euros seront débloqués entre 2021 et 2022.

30 milliards d’euros seront accordés à la transition énergétique, soit, selon Jean Castex, deux fois plus que les investissements que l’État consacre habituellement à l’écologie. Parmi les mesures figure : la prime pour la rénovation énergétique (pour l’instant attribuée sous conditions de ressources) qui devrait être plus largement ouverte, l’accord d’un soutien massif aux modes de transports doux ou encore le développement de la recherche sur l’hydrogène. Barbara Pompili a ainsi assuré que ce plan de relance permettra à la France d’honorer les engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat.

35 milliers d’euros seront consacrés au « réarmement de l’industrie ». Ce volet vise à stimuler la compétitivité des entreprises françaises. Bruno Le Maire, promet de renforcer les fonds propres des entreprises affaiblies par la crise en leur permettant de prolonger le remboursement des prêts contractés pendant le confinement à des taux les plus attractifs possibles. Ces mesures d'aide seront compensées par des « contreparties » des entreprises, de trois ordres : environnemental, gouvernance et partage de la valeur. Jean Castex a quant à lui affirmer que le manque à gagner pour les collectivités locales, qui touchaient les recettes de ces impôts, sera intégralement compensé. Malgré cela, l’Association des maires de France se déclare en désaccord total avec le gouvernement sur son plan de relance, l’accusant de faire des déductions aux entreprises aux dépens des communes.

Enfin, 35 milliards d'euros consacrés à la cohésion sociale et territoriale auront pour but de « garantir que ce plan bénéficie à tous, en luttant contre l'exclusion et la pauvreté ». Il s'agit donc d’un soutien à l'emploi des plus vulnérables : 6,7 milliards d'euros seront dédiée au « plan jeunes » pour encourager les entreprises à embaucher via des parcours d'insertion aux métiers d'avenir. Ce plan contient également une aide de 100 millions d'euros pour les entreprises qui embaucheront des personnes handicapées, sans limite d'âge. Enfin, 7,6 milliards d'euros seront dédiés à la création d'un « bouclier anti-chômage » combinant soutien à l'activité partielle de longue durée et formation à de nouvelles compétences, comme la rénovation énergétique.

IV. Les dernières avancées de la course au vaccin

Source : Challenges / Copyright : Challenges / Utilisation non commerciale

Aujourd’hui, cinq laboratoires peuvent espérer prendre la tête de la course au vaccin. AstraZeneca, Pfizer, Moderna, Sinovac et Sinopharm sont les entreprises ayant commencé les essais sur de très grands échantillons. En Russie, l’Institut Gamaleya a débuté cette étape le 24 août et près de 40 000 personnes doivent participer aux essais cliniques mais ce vaccin continue de susciter le scepticisme d’une partie de la communauté scientifique.

Les grandes puissances mondiales sont ainsi toutes lancées dans la course au vaccin. Aux États-Unis et en Russie particulièrement, Donald Trump et Vladimir Poutine font de ce défi un enjeu personnel, tant vis-à-vis des autres dirigeants mondiaux que de leurs propres concitoyens. Par ailleurs, aux États-Unis, les autorités sanitaires ont demandé, dès cette semaine, aux États de préparer la distribution à grande échelle d’un vaccin d’ici début novembre, au moment de l’élection présidentielle. Le gouvernement demande ainsi à ce que les centres de distribution d’un futur vaccin puissent être « complètement opérationnels d’ici le 1er novembre 2020 ». Cette décision peut apparaître prématurée, et c’est ce que confirment l’épidémiologiste Anthony Fauci et Stephen Hahn, le patron de la Food and Drug administration lorsqu’ils affirment qu’ils n’écartaient pas une distribution d’un vaccin avant la fin de la phase 3. Cette décision semble ainsi démontrer que, dans cette course au vaccin, l’enjeu politique peut prendre le dessus sur l’enjeu sanitaire.

Dans cette recherche exceptionnelle de vaccin, ce sont majoritairement les États, par des apports publics, qui ont financé les recherches. La course au vaccin est donc plus une course aux États qu’une course aux firmes pharmaceutiques. Nathalie Coutinet, chercheuse au Centre d’économie de l’université de Paris-Nord, affirme même qu’il s’agit d’une course politique visant à savoir quel pays aura la recherche la plus innovante. Les États-Unis ou encore le Royaume-Uni, normalement considérés comme leader sur le plan de l’expertise en santé publique, ont été pris en défaut dans cette crise sanitaire. Leur expertise ne leur a pas permis d’être assez efficace dans la lutte contre la pandémie et le développement d’un vaccin serait une manière pour eux de se « rattraper » aux yeux des autres puissances mais aussi aux yeux de leur population.

En Europe, à l’inverse, l’accent est mis sur la coopération et la nécessité de rendre le vaccin accessible au monde entier. Au sein de l’Union européenne, cette stratégie est la même depuis le début de la pandémie. En effet, le 1er mai 2020, Ursula von der Leyen, la Présidente de la Commission européenne avait déclaré : « nous savons que nous ne pourrons vaincre le virus que si nous trouvons un vaccin et pour cela il nous faut un accord entre les nations à l’échelle mondiale non seulement pour la recherche mais aussi ensuite pour la fabrication il va falloir augmenter les capacités de production. Il faut un coopération mondiale ».

 

[1] Centers for Disease Control and Prevention, « Testing for Covid-19 » 24 août 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/symptoms-testing/testing.html

[2] Institut national de santé publique du Québec, « Avis scientifique sur le port du masque dans la communauté en situation de pandémie d’influenza », septembre 2007, (en ligne). Disponible sur : https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/669-avisportmasquepandemieinfluenza.pdf

[3] Institut national de santé publique du Québec, « Avis scientifique sur le port du masque dans la communauté en situation de pandémie d’influenza », septembre 2007, op. cit. p.24

[4] Cambridge Core, « Face masks to prevent transmission of influenza virus: a systematic review », 2010, (en ligne). Disponible sur : https://www.cambridge.org/core/journals/epidemiology-and-infection/article/

[5] The Lancet, « Physical distancing, face masks, and eye protection to prevent person-to-person transmission of SARS-CoV-2 and COVID-19: a systematic review and meta-analysis », 1er juin 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)31142-9/fulltext

[6] Santé publique France, « COVID-19 : point épidémiologique du 3 septembre 2020 », mis à jour quotidiennement, (en ligne). Disponible sur : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/documents/bulletin-national/covid-19-point-epidemiologique-du-3-septembre-2020

[7] Economie.gouv, « Lancement du Plan de relance le 3 septembre 2020 », (en ligne). Disponible sur : https://www.economie.gouv.fr/plan-de-relance/lancement-plan-relance-3-septembre-2020

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