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Veille Hebdo Covid – Fake news, désinformation, accélération de la course au vaccin

Directeur de publication : Thomas MESZAROS

Responsables pédagogiques : Fabien DESPINASSE, Jean-Luc LAUTIER & Antoine CRÉTIEN


I. La multiplication des discours de désinformation en temps de crise


Lors de son audition devant l’Assemblée nationale du 4 novembre 2020, Olivier Véran, le ministre français de la santé affirmait « notre pays est pollué par des fausses informations » (fake news) avant d’ajouter : « soyons vigilants collectivement. En période de crise, ce genre de diffusion de fausses informations, c’est presque de la haute trahison ». Le Ministre faisait référence à une fake news circulant sur les réseaux sociaux cette semaine-là, affirmant qu’un hôpital touchait 5 000 euros de prime lorsqu’un patient décédait du Covid. Avec la crise du Covid, on a constaté un volume sans précédent de fausses informations, illustrant la viralité de la désinformation dans les situations de crise. Marie Peltier, historienne et spécialiste du conspirationnisme, explique qu’à chaque trauma collectif, il y a « une réactivation » du discours conspirationniste qui « vient offrir une lecture clé en main d'un événement traumatisant ». En temps de crise, la communication est essentielle. Or, depuis janvier 2020, le gouvernement français et la communauté scientifique, essayant de gérer la crise dans l’incertitude, ont été peu cohérents sur des questions essentielles : le port du masque, le développement d’un traitement… Ainsi, cela semble avoir donné naissance à des « contre-récits qui prétendent apporter la vérité sur la situation ».


Dans les récits complotistes, « il y a une construction narrative qui est l'idée que derrière le récit des événements, il y a une mise en scène au service d'intérêts cachés. Cette structure narrative est vraiment la trame de ces théories du complot. (...) Il y a aussi un imaginaire de la défiance à l'égard de ce qui est perçu comme la parole du système. C'est l'idée de discréditer un système qui nous oppresse et traquer les indices de la vérité cachée » Marie Peltier.


La désinformation se fonde aujourd’hui sur la méthode du « mille-feuilles argumentatif » qui vise à « multiplier les sources (parfois douteuses), les documents officiels (souvent mal compris), les chiffres (fréquemment détournés) et les références (généralement orientées) ». Ainsi, l’orateur poursuit un objectif double : « celui de rassurer son auditoire en lui faisant croire à une véracité d’un discours, et celui de l’empêcher de vérifier ce qu’il vient d’entendre. Le cabinet de conseils en gestion de crise et communication de crise EH&A Consulting explique que de nos jours, les fake news sont largement diffusées grâce aux nouveaux leviers numériques. Cet effet témoigne d’une nouvelle rapidité et du besoin de vérifier davantage la véracité de l’information recueillie en temps de crise. Selon Tristan Mendès France [1], il existe une dérégulation massive du réseau d’information avec une multiplication des voix pouvant être audibles. Ces voix s’expriment dans un environnement connaissant un nivellement de toutes les paroles d’autorité. De plus, sur les réseaux sociaux, une hiérarchie se crée et le témoignage d’un individu a une attraction virale plus importante qu’une parole officielle d’autorité. La défiance globale existante à l’égard du gouvernement et des « experts » fait d’un individu lambda un porte-parole indépendant de la « vérité ». Ces discours sont portés par bien plus que quelques idéologues connus. Marie Peltier explique qu’on a « sur le web, une diffusion très large de cet imaginaire conspirationniste. A la fois de vrais idéologues profitent de la pandémie, mais il y a aussi le citoyen lambda qui va commencer à faire des 'recherches' et se construire sa propre version des événements. (...). C'est intergénérationnel, c'est dans tous les milieux sociaux, y compris intellectuels ».


« Les médias jouent un rôle crucial pour obtenir le soutien ou le rejet d’un sujet ou d’une personne. La transition de la presse papier aux contenus sur Internet a créé une encyclopédie de l’information facilement accessible et non censurée. Quel que soit le terme employé – fake news, désinformation, calomnie ou mensonge malveillant – la présentation d’informations fausses comme des faits peut provoquer des dégâts incalculables. » Florian Silnicki, Expert en communication de crise.


Au cœur de la crise sanitaire, des médias semi-professionnels ou encore des « documentaires » se multiplient et dénoncent un « complot mondial » autour de la pandémie de Covid-19. Si les premières mèches virales s’allument généralement dans les communautés militantes complotistes d’extrême droite ou dans certains groupes de « gilets jaunes », la diffusion dépasse désormais ces sphères pour devenir « grand public ». En effet, une enquête réalisée par la Fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch avec l’institut Ifop met en lumière l’influence préoccupante des représentations conspirationnistes dans la société française : si deux Français sur trois sont relativement hermétiques au complotisme, un Français sur cinq se déclarent « d’accord » avec 5 énoncés complotistes parmi les 10 qui leur ont été soumis. Et l’idée la plus partagée résonne avec la crise sanitaire, puisque 43% des sondés acquiesçaient à l’idée que « le gouvernement serait de mèche avec les laboratoires pharmaceutiques pour cacher la réalité sur la nocivité des vaccins ».


Camille François, experte dans le domaine de la data science, explique que trois vecteurs peuvent définir une campagne de désinformation : une information peut être une fake news à cause de l’acteur derrière la campagne, cela peut aussi être lié la manière dont l’information est diffusée, et enfin, le contenu en lui-même peut être une fake news. Camille François explique que la crise du Covid « a véritablement changé la donne dans la manière de lutter contre les fake news ». En effet, depuis plusieurs semaines, les plateformes en ligne suppriment de plus en plus de contenus. En avril, Facebook a affiché des avertissements sur plus de 50 millions de publications, sur la base de 7 500 évaluations de ses partenaires fact-checkeurs. Michèle Léridon, membre du CSA qui pilote le comité d’experts sur la lutte contre la désinformation en ligne confirme cela en affirmant que « les plateformes se sont montrées très actives pour mettre en avant des contenus fiables et combattre de façon directe les fake news en distinguant les contenus dangereux pour les utilisateurs, et les théories complotistes qui n’étaient pas supprimées mais rendues moins visibles ». Mais aujourd’hui, la mission de filtrage est d’autant plus difficile dans le contexte du Covid que les questions de santé sont un terreau favorable aux fake news.


A l’heure des réseaux sociaux, il reste difficile de prévenir la diffusion de fausses informations. Le travail se fait donc à posteriori, avec la création de nombreuses méthodes questionnant ces informations : le fact checking, les Hoaxbuster, Google Check… Des journaux ou organisations s’attellent également à ce travail, on peut citer les Décodeurs du journal Le Monde, l’Observatoire du conspirationnisme ou encore AFP Factuel. En effet, comme le souligne Philip Williamson, dans un article de Nature, il est important pour les spécialistes et les scientifiques de « debunker » avec une infinie patience, les affirmations non fondées. Tristan Mendès France, est également de cet avis, « le debunkage [la déconstruction des contre-vérités] arrive toujours tard car on doit démonter énormément de choses, mais c’est important. Il faut viser les “primo-arrivants”, faire de la prévention. Cela représente énormément de monde. C’est un travail essentiel pour éteindre les braises, plutôt que le feu ».


Au-delà du monde politique, la diffusion des fakes news et des théories complotistes en temps de crise pose un défi à une multitude d’acteurs qui doivent plus que jamais prendre le temps d’expliquer, de démontrer, sans ostraciser ni caricaturer. Pour éviter la rupture définitive avec une partie des Français.

II. L’importance de la course au vaccin


En temps normal, il est courant de dire qu’un vaccin prend plusieurs années entre les premières phases de recherche et la commercialisation. Cependant, les premiers vaccins contre le Covid-19 promettent d’arriver sur le marché début 2021. L’immunologiste à l'Inserm Cecil Czerkinsky interrogé par Sciences et Avenir, affirme que ce n'est rien de moins qu'une « prouesse » réalisée grâce à « une mobilisation historique » des laboratoires, des gouvernements et des autorités de santé. Cette accélération des processus, grâce à une collaboration internationale comporte un risque financier et logistique, mais pas sanitaire.

En effet, les vaccins sont développés en plusieurs phases : les essais précliniques, la phase 1 servant à vérifier la sécurité et la potentielle toxicité du vaccin, la phase 2 servant à estimer la meilleure posologie, la bonne stimulation du système immunitaire, en particulier la production d'anticorps neutralisants efficaces contre le virus et de premiers résultats d'efficacité sur peu de personnes et la phase 3 permettant de tester le vaccin à grande échelle afin d'en déduire des résultats d'efficacité clinique réelle contre la maladie.

Traditionnellement, ces processus sont réalisés en séquentiel, l’un après l’autre, mais au cœur de la crise sanitaire, ils ont été réalisés en parallèle. En effet, les protocoles des trois phases ont été rédigés ensemble et envoyés simultanément aux autorités de santé qui les ont ensuite validés selon des critères aussi stricts qu’en temps normal. De plus, pour certains candidats-vaccins, comme celui de la société Pfizer, les phases 2 et 3 ont été rassemblées en une seule et même phase et les autorités sanitaires évaluaient en temps réel la pertinence de la continuité de l’étude.

À ce jour, plusieurs candidats-vaccins affichent des premiers résultats prometteurs en vue d’une commercialisation début 2021 :

  • Pfizer et BioNTech ont partagé les résultats finaux de leur candidat-vaccin dans un communiqué de presse paru le 18 novembre 2020 [2] (les résultats paru la semaine passée n’étaient qu’intermédiaires). La société a ainsi annoncé que son candidat-vaccin est efficace à 95% pour prévenir le Covid considérant toutes les tranches d’âges, les genres et les origines ethniques. Toutefois, ce candidat-vaccin semble présenter des conditions drastiques de conservation représentant un vrai défi logistique et un désavantage concurrentiel notoire. Des spécialistes sont revenus sur ces déclarations, précisant que cette contrainte de conservation à -80°C serait superflue voire un « excès de précaution » selon Thomas Madden, le PDG d’Acuitas Therapeutics. Ce candidat-vaccin supporterait ainsi -20°C pendant 15 jours et 2 à 8°C pendant cinq jours. Il suffirait donc de renouveler une livraison à température normale toutes les semaines pour régler le problème de stockage. Ces résultats feront l'objet d'une publication scientifique détaillée et les sociétés Pfizer et BioNtech espèrent que cette efficacité revue à la hausse jouera en leur faveur pour obtenir une autorisation d'utilisation d'urgence délivrée par la Food and Drug Agency.

  • La société de biotechnologie Moderna a annoncé le 16 novembre 2020[3] que son candidat-vaccin était efficace à 94,5% pour réduire le risque de contracter le Covid-19. Stéphane Bancel, le directeur de Moderna affirme que « cette analyse intérimaire positive issue de notre essai de phase 3 nous donne les premières indications cliniques que notre vaccin peut prévenir la maladie du Covid-19, y compris la forme grave ». À ce stade, aucun effet secondaire grave n’a été rapporté par les participants à l’essai cliniques, outre des désagréments (fatigue, myalgie, arthralgie, maux de têtes et courbatures). De plus, contrairement aux premières annonces de la société Pfizer, le candidat-vaccin de Moderna pourrait être conservé 30 jours entre 2 et 8°C, ce qui représente un avantage indéniable puisqu’une simple conservation au réfrigérateur convient avant l’injection. La société prévoit de demander une autorisation de mise sur le marché aux États-Unis dans les prochaines semaines. Toutefois, ces résultats n’ont pas encore été évalués par des scientifiques indépendants.

  • Moins avancé que ceux de Pfizer et Moderna, le candidat-vaccin de la société AstraZeneca donne des résultats encourageants. Ce vaccin [4] provoquerait une réponse immunitaire chez les personnes les plus âgées, particulièrement à risques. Ces résultats devront toutefois être confirmés au sein d’un « échantillon plus large de volontaires incluant des personnes âgées souffrant de problèmes de santé ».

  • En réaction à l’annonce de Pfizer de la semaine dernière, la Russie a publié un communiqué de presse [5] annonçant que le vaccin Spoutink V est efficace à 92%. Le ministre de la Santé, Mikhail Murasko a déclaré que : « l'utilisation du vaccin et les résultats des essais cliniques démontrent qu'il s'agit d'une solution efficace pour arrêter la propagation de l'infection à coronavirus, un outil de soins de santé préventif, et c'est la voie la plus fructueuse pour vaincre la pandémie. » La Russie a ainsi présenté des résultats intermédiaires de la phase 3 de leur essai clinique, toujours en cours. Pour ce candidat-vaccin, parmi les 40 000 volontaires, seuls 16 000 ont reçu les deux doses vaccinales alors l’efficacité mise en avant par Pfizer par exemple, se fonde sur l’étude de 43 538 participants dont 38 955 ayant suivi le protocole vaccinal jusqu'au bout. L'efficacité mise en avant par Pfizer semble plus robuste que celle avancée par la Russie au vu de la taille de l'effectif sur laquelle elle se base. Néanmoins, Spoutnik V possède un avantage non négligeable puisqu’il est basé sur une technologie vaccinale moins fragile que celle choisie par Pfizer et n'aura donc pas besoin d'être stocké à -80 °C.

  • CoronaVac, le vaccin élaboré par la Chine, se situe parmi les plus avancés et les résultats des phases 1 et 2 des essais cliniques [6] démontre ses capacités immunogènes. La phase 3 avait débuté en septembre dernier, en Turquie et au Brésil et les essais avaient dû être interrompus à la suite d'un évènement sérieux inattendu ayant eu lieu parmi les participants de l'Institut Butantan, au Brésil. La reprise des essais avait été autorisée le 11 novembre dernier. La technologie utilisée, le vaccin vivant atténué, est scientifiquement considérée comme très immunogènes et devrait conférer une protection de longue durée.


Aujourd’hui, une multitude de technologies sont donc en lice et bien que la communauté internationale considère le futur vaccin comme un « bien commun mondial », chaque fabricant est libre de fixer le prix de son produit. Les fabricants passent et ont passé de nombreux contrats de précommandes soit directement avec des gouvernements nationaux, soit avec des groupements d’États comme la Commission européenne. Le temps gagné est donc principalement du temps administratif, et d'ingénierie de production. L’accélération sans précédent du développement de candidats-vaccin comporte donc bien des risques, mais ils ne sont pas sanitaires, ils sont financiers.


« Le très gros risque, ce sont les pouvoirs publics qui l'ont pris. Ils ont fait un coup de poker, en achetant un produit qui n'existait pratiquement pas » Cecil Czerkinsky, immunologiste.


Des gouvernements ont ainsi avancé des milliards aux sociétés pharmaceutiques pour que la chaîne de production et de distribution soit fin prête dans leur État dès que le vaccin sera mis au point. Les États-Unis ont avancé deux milliards de dollars à Moderna et exigent en échange, d’avoir son mot à dire sur le prix du médicament. Pour cette raison, Pfizer a refusé l'offre et a tout financé lui-même. En Europe en revanche, les prix sont fixés par chaque pays par un organisme officiel en fonction du bénéfice du médicament par rapport à ce qui existe déjà.

De plus, l’investissement massif des États, qui traduisent une forme indirecte de financement de la recherche, relèvent surtout d’une « stratégie politique ». L’économiste Nathalie Coutinet, affirme que les « précommandes servent aux firmes pharmaceutiques » pour leur permettre d’adapter leur matériel de production par exemple, mais que derrière cela : « on voit une logique politique des États de dire à leur population qu’ils sont en capacité de répondre à leurs exigences de santé ».

Sur le plan économique, les annonces des différents groupes pharmaceutiques ont fait renaitre une part d’espoir et ont affolé les places financières mondiales. Le rebond des marchés financiers s’explique par les dernières annonces car selon Alexandre Baradez, Responsable Analyses Marchés chez IG France, le vaccin va très probablement permettre d’éviter des scénarios de reconfinement, et le marché peut ainsi se projeter sur plusieurs trimestres. La réaction des marchés a été très « épidermique » et aujourd’hui des pressions financières à court terme s’opposent encore aux anticipations liées au vaccin. De plus, selon Jean-Marc VITTORI, éditorialiste au journal Les Échos, la confiance de la population dans ces vaccins pourrait avoir un effet de « déblocage » des consommateurs et des entrepreneurs qui verraient ainsi « le bout du tunnel » de la crise sanitaire. Toutefois, une question subsiste quant à l’acceptabilité des populations à se faire vacciner. Ce sujet méritera une étude approfondie visant à mettre en exergue les stratégies de campagne de vaccination visant à surmonter l’hésitation vaccinale de la population.


 

[1] Boma France x LeHuffPost, « Tristan Mendès France : comment agir contre les Fake news ? », le 13 avril 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=ciTsFBpyVVo

[2] Pfizer, communiqué de presse, « PFIZER AND BIONTECH CONCLUDE PHASE 3 STUDY OF COVID-19 VACCINE CANDIDATE, MEETING ALL PRIMARY EFFICACY ENDPOINTS », 18 novembre 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.pfizer.com/news/press-release/press-release-detail/pfizer-and-biontech-conclude-phase-3-study-covid-19-vaccine

[3] Moderna, communiqué de presse, « Moderna’s COVID-19 Vaccine Candidate meets its Primary Efficacy Endpoint in the First Interim Analysis of the Phase 3 COVE Study », 16 novembre 2020, (en ligne). Disponible sur : https://investors.modernatx.com/news-releases/news-release-details/modernas-covid-19-vaccine-candidate-meets-its-primary-efficacy

[4] The Lancet, « Safety and immunogenicity of ChAdOx1 nCoV-19 vaccine administered in a prime-boost regimen in young and old adults (COV002): a single-blind, randomised, controlled, phase 2/3 trial », 18 novembre 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)32466-1/fulltext

[5] SputnikVaccine, communiqué de presse, « THE FIRST INTERIM DATA ANALYSIS OF THE SPUTNIK V VACCINE AGAINST COVID-19 PHASE III CLINICAL TRIALS IN THE RUSSIAN FEDERATION DEMONSTRATED 92% EFFICACY », (en ligne). Disponible sur : https://sputnikvaccine.com/newsroom/pressreleases/the-first-interim-data-analysis-of-the-sputnik-v-vaccine-against-covid-19-phase-iii-clinical-trials-/

[6] The Lancet Infectious Diseases, « Safety, tolerability, and immunogenicity of an inactivated SARS-CoV-2 vaccine in healthy adults aged 18-59 years: a randomized double-blind, placebo-controlled, phase ½ clinical trial », 17 novembre 2020, (en ligne). Disponible sur : https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(20)30843-4/fulltext


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