Par Chiara ALEXANDRE
Directeur de publication : Thomas MESZAROS
Responsable pédagogique : Fabien DESPINASSE
I. La levée des mesures de restrictions à travers le monde
Depuis un mois, de nombreux pays à travers le monde assouplissent leurs mesures restrictives visant à lutter contre la pandémie.
Dans la nuit du 8 au 9 mai, l’état d’urgence sanitaire a été levé en Espagne, ce qui a supprimé le couvre-feu et a permis aux espagnols de sortir de leur région d’origine. Toutefois, cela n’a pas signé la fin des restrictions dans le pays car les 17 communautés autonomes peuvent, par exemple, limiter les horaires et la capacité d’accueil des bars, restaurants et commerces.
Toutefois, les images du week-end du 8 mai montrant des rassemblements sur les grandes places de Madrid et Barcelone, sans distance de sécurité ni masque, ont remis en cause le brusque relâchement des mesures de restriction. L’exécutif ne s’attendait pas aux débordements observés et a rappelé que « la fin du décret d’état d’alerte n’était pas la fin du Covid-19 ni des risques » en appellant à faire preuve de « responsabilité ».
En Italie, les restrictions ont été allégées afin de relancer le tourisme. Le ministre des affaires étrangères italien, Luigi Di Maio, a affirmé travailler sur une « façon de lever la “miniquarantaine” pour les personnes en provenance de pays européens, du Royaume-Uni et d’Israël, si elles ont un test négatif, une preuve de vaccination ou ont guéri du Covid-19 dans les six derniers mois. »
Au Royaume-Uni, le premier ministre, Boris Johnson, a annoncé que la poursuite du déconfinement « pourrait être perturbée » par le variant indien, alors que le nombre d’infections à ce variant progresse de plus en plus en Angleterre et qu’il est en train de rapidement prendre le pas sur le variant dit britannique. Les prochaines étapes du déconfinement, ne sont pas pour le moment remise en cause mais la situation sanitaire reste à l’étude.
De plus, le gouvernement britannique a annoncé assouplir les restrictions pour les voyages à l’étranger, exemptant notamment de quarantaine les arrivées en Angleterre de 12 pays mais pas de destinations estivales prisées comme la France, l’Espagne, le Portugal ou encore la Grèce.
De son côté, la France, a durci les restrictions applicables aux voyageurs en provenance du Bangladesh, du Sri Lanka, du Pakistan, du Népal, des Emirats arabes unis, de la Turquie et du Qatar. Tout comme les voyageurs en provenance du Brésil, de l’Inde, du Chili, d’Afique du Sud et d’Argentine, les individus doivent justifier à leur arrivée d’un test PCR de moins de trente-six heures et observer une quarantaine obligatoire de dix jours à leur arrivée en France.
Depuis le mois de mai, en Allemagne, les personnes ayant reçus toutes leurs injections de vaccins ont bénéficié d’assouplissements des règles sanitaires et n’ont plus été forcées de se munir d’un test PCR négatif pour se rendre dans des commerces ou de respecter le couvre-feu. Cette décision de levée des restrictions pour les personnes immunisées contre le Covid-19 a fait débat, notamment chez les jeunes qui attendent de pouvoir se faire vacciner. De plus, cette décision a compliqué le travail des responsables de la police qui se sont inquiètés à l’idée de se trouver confrontés à des certificats de vaccination falsifiés, sans pouvoir en vérifier l’authenticité.
Une décision identique à également été prise aux États-Unis, où le masque n’est plus obligatoire en extérieur pour celles et ceux qui sont vaccinés. Cela a également fait l’objet de vifs débats qui se sont conclu par l’affirmation que cette recommandation ne s’appliquait pas si le masque restait « requis par les lois et règles fédérales, étatiques, locales » ou « les directives des magasins et entreprises ».
En France, le Parlement élabore les contours d’un « pass sanitaire » qui devrait être mis en place à partir du 9 juin 2021. Dans son avis en date du 3 mai 2021 [1], le Conseil scientifique considèrait que l’usage du pass, s’il est « temporaire et exceptionnel », « peut favoriser la reprise de certaines activités, notamment l’organisation de rassemblements, dans des conditions favorisant une réduction des risques de contamination ». Il s’agit donc d’un pacte de confiance proposé aux Français : retrouver davantage de liberté, en contrepartie d’un engagement citoyen dans la maîtrise de l’épidémie, par le pass et par le respect des gestes barrières et de la distanciation sociale.
Ce pass, mis en place sous la forme d’un certificat vise à ce qu’un individu, testé négatif au Covid sous 72heures, guéri du virus depuis moins de six mois ou complètement vacciné puisse assister à des événements rassemblant plus de 1000 personnes. Ce pass qui ne sera pas exigé « dans les lieux de travail, d'enseignement, dans les services publics, les musées, les bibliothèques, les grands magasins, les marchés, les lieux de vacances ou encore les lieux de cultes », représente pour le gouvernement « un sésame vers la liberté ». Toutefois, en France, l'utilisation du pass sanitaire ne permettra pas de se dispenser du port du masque ou du respect des distanciations physique ni de renoncer à exiger une ventilation suffisante des lieux clos [2].
« Le pass sanitaire est un outil supplémentaire pour assurer la protection des Français. » Emmanuel Macron, président de la République
II. La mise en œuvre du déconfinement progressif en France
Ces dernières semaines [3], l’amélioration de l’ensemble des indicateurs épidémiologiques et la diminution de la pression hospitalière se poursuivent, toutefois la plus grande des vigilances est attendue compte tenu de l’assouplissement progressif des mesures collectives.
Au niveau national, près de 8 700 cas en moyenne sont détectés chaque jour et le taux d’incidence est désormais de 108 sur l’ensemble de la métropole et ne cesse de diminuer chaque semaine. Les taux d’incidence et de positivité aux tests sont en diminution tout comme le nombre de nouvelles hospitalisations et admission en soins critiques de patients Covid.
Dans les hôpitaux, « la décroissance s’accélère » depuis le mois de mai mais la prudence reste de mise. Les niveaux d’hospitalisation ont atteint ceux de la mi-mai 2020, au moment du premier déconfinement. Le nombre de personnes en soins critiques est passé sous le seuil des 3 000 personnes le 1er juin 2021. Toutefois, les services hospitaliers maintiennent les personnels mis à dispositions et les lits supplémentaires en réanimation afin de ne pas prendre le risque d’être débordé en cas de rebond de l’épidémie.
Les étapes du déconfinement annoncé fin avril par le Président français ont été lancées. Les conditions sanitaires ont permis la réouverture des terrasses le 19 mai 2021 avec une jauge de 50% de leurs capacités et des tables limités à 6 personnes. Le couvre-feu a également été décalé à 21heures.
Depuis le 9 juin le couvre feu a été décalé à 23 heures, les restaurants et cafés rouvrent (presque) intégralement leurs portes, les intérieurs peuvent accueillir du public en respectant une jauge de 50% de remplissage, et les salles de sport peuvent désormais retrouver leurs adhérents, en respectant toujours les gestes barrières et la distanciation sociale.
Avec l’amorce du déconfinement en mai 2021, la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, avait annoncé, jeudi 6 mai, les mesures concernant le monde de la culture. Jusqu’au 8 juin, les musées, monuments et centres d’art pouvaient accueillir le public selon une jauge de 8 m2 par visiteur. Les salles de cinéma et de spectacle pouvaient recevoir un public dans la limite de 35 % de leur plafond de jauge habituel et de 800 spectateurs. Du 9 au 30 juin, les restrictions sont assouplies avec une jauge de 4 m2 pour les musées et 65 % pour les salles de cinéma et de spectacle. La ministre a ainsi annoncé que les festivals en plein air et en configuration debout pourraient reprendre avec une « jauge de 4 m2 par festivalier » à partir du 1er juillet. De même, « les spectacles et concerts debout seront autorisés à reprendre selon un protocole adapté et un plafond de jauge fixé par le préfet au regard des circonstances locales ».
Ce déconfinement qui « répond à de fortes attentes et donne une perspective à l’ensemble de la société » selon le Conseil scientifique, doit toutefois être prudent. Dans un document de 36 pages [4], le Conseil s’inquiète d’un calendrier décorrellé des données épidémiologiques qui pourrait conduire à une « quatrième vague ». Les scientifiques craignent que la perspective du déconfinement et la lassitude qui s’est installé chez les Français, ne les incite à baisser la garde trop tôt [5].
« Le relâchement des mesures de restriction ne doit pas être considéré comme un signal de relâchement général », Avis du Conseil scientifique, 6 mai 2021 [6].
En parallèle de la baisse des indicateurs, la cadence de la campagne de vaccination en France a augmenté. Le 15 mai 2021, plus de 20 millions de personnes avaient reçu une première injection grâce aux conditions de vaccination assouplies. Depuis le 10 mai au lieu du 15 mai prévu par le calendrier, tous les Français âgés de 50 ans et plus, sans condition, ont pu prendre rendez-vous pour se faire vacciner et depuis le 31 mai, les injections sont accessibles aux plus de 18 ans. Enfin, le 15 juin, la campagne sera officiellement ouverte aux adolescents de 12 à 16ans. [7]
La campagne pourrait cependant pâtir de la défiance de la population à l’égard du vaccin AstraZeneca. Le premier ministre a ainsi lancé, samedi 8 mai, un appel aux 13 millions de Français âgés de plus de 55 ans qui ne sont pas encore vaccinés à se faire vacciner « avec tous les vaccins, en particulier avec AstraZeneca ».
III. Les avancées scientifiques et médicales
Ce mois-ci, de nombreux pays ouvrent la vaccination aux adolescents. En moins de trois semaines, 3 millions de jeunes adolescents américains ont été vaccinés « afin qu’ils protègent les autres ». Le Royaume-Uni, Israël, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne ou encore la France proposeront dès la mi-juin des créneaux de vaccination aux 12-16 ans sur la base du volontariat sous réserve d’accord parental. La Belgique quant à elle ouvrira en juillet la vaccination aux jeunes de 16-17 ans. Au sein de l’Union européenne la vaccination de cette tranche d’âge se fera avec le vaccin Pfizer-BioNTech, qui a reçu l’approbation de l’Agence européenne des médicaments le 3 juin 2021 [8].
Alors que les campagnes de vaccination s’accélèrent à travers le monde, la Commission européenne a annoncé ne pas avoir renouvelé, pour le moment, sa commande de vaccins contre le Covid-19 auprès du laboratoire AstraZeneca au-delà de l’expiration du contrat actuel à la fin du mois du juin. De plus, la Commission a lancé des poursuites contre le laboratoire en raison d’importants retards de livraison.
Bien qu’essentiel pour envisager une sortie de crise, ce vaccin, qui fait l’objet d’une grande méfiance, ne semble pas aussi efficace que d’autres face aux variants. L’Union européenne semble donc miser ouvertement sur les vaccins à ARN messager, comme ceux de BioNtech-Pfizer et de l’américain Moderna, qui présentent une technologie innovante jugée plus efficace contre les variants dits « sud-africain » et « brésilien ». De plus, l’agence américaine des médicaments (FDA) a autorisé, lundi 10 mai, l’utilisation du vaccin de Pfizer aux adolescents âgés de 12 à 15 ans aux Etats-Unis.
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne a ainsi annoncé la conclusion d’un nouveau contrat avec Pfizer pour 1,8 milliard de doses. Le contrat inclus une commande ferme pour 900 millions de doses et une option pour 900 millions supplémentaires entre 2021 et 2023.
Le 7 mai, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a donné son homologation d’urgence au vaccin anti-Covid chinois Sinopharm. Il s’agit du premier vaccin chinois à recevoir le feu vert de l’OMS pour les personnes de 18 ans et plus. Par la suite, l’OMS a également donné le 1er juin 2021 son homologation d’urgence au CoronaVac, le vaccin chinois contre le Covid-19 de Sinovac. Son comité d’experts a recommandé ce vaccin, qui requiert deux doses à intervalle de deux à quatre semaines, pour les personnes âgées de 18 ans et plus. Ces deux vaccins seront intégrés au dispositif international Covax de distribution de vaccins dans les pays défavorisés [9].
Alors que des pays comme la France et le Royaume-Uni limitent l’utilisation du vaccin AstraZeneca aux plus de 55 et 45 ans, l’Allemagne a décidé d’ouvrir son utilisation à tous les adultes, quel que soit leur âge, leur état de santé ou leur profession. Cette opération « AstraZeneca pour tous » a été un succès et se couple à la volonté d’ouvrir l’usage du vaccin Janssen à tous les adultes.
Face au développement des variants, les laboratoires continuent leurs recherches. La société américaine de biotechnologie Moderna a publié des premiers résultats positifs concernant les essais d'une version modifiée de son vaccin développée spécifiquement contre le variant sud-africain, ainsi que sur l'effet d'une troisième dose de son vaccin initial contre le Covid-19.
Dans un communiqué Stéphane Bancel, le patron de Moderna a déclaré « nous sommes encouragés par ces nouvelles données, qui renforcent notre confiance dans l'idée que notre stratégie de (doses de) rappel devrait conférer une protection contre ces nouveaux variants ».
Pfizer, de son côté, a lancé un essai clinique pour tester l'efficacité d'une pilule antivirale [10] contre la Covid-19. Mikael Dolsten, directeur de recherche chez Pfizer affirme avoir conçu ce médicament « comme une thérapie orale potentielle qui pourrait être prescrite dès les premiers signes d'infection, sans exiger que les patients soient hospitalisés ou en soins intensifs ». De plus, le laboratoire teste un second antiviral, lui aussi en cours de test dans un essai clinique de phase I, qui, lui, serait destiné aux patients hospitalisés.
[1] Avis du Conseil scientifique COVID-19, « UTILISATION D’UN PASS SANITAIRE LORS DE GRANDS RASSEMBLEMENTS », le 3 mai 2021, (en ligne). Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/
[2] Pour plus d’informations : Gouvernement.fr, « Pass sanitaire : toutes les réponses à vos questions », publié le 10 mai 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.gouvernement.fr/pass-sanitaire-toutes-les-reponses-a-vos-questions
[3] Santé publique France, « COVID-19 : point épidémiologique du 3 juin 2021 », (en ligne). Disponible sur : https://www.santepubliquefrance.fr/
[4] Avis du Conseil scientifique COVID-19, « PRINTEMPS 2021 : POUR UNE REOUVERTURE PRUDENTE ET MAITRISEE AVEC DES OBJECTIFS SANITAIRES », le 6 mai 2021, (en ligne). Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/
[5] Pour plus d’informations : Sciences et Avenir, « Covid-19 : le risque d’une quatrième vague cet été jugé hautement probable », le 4 mai 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/
[6] Avis du Conseil scientifique COVID-19, « PRINTEMPS 2021 : POUR UNE REOUVERTURE PRUDENTE ET MAITRISEE AVEC DES OBJECTIFS SANITAIRES », le 6 mai 2021, op. cit.
[7] Ministère de la Santé et des Solidarités, « La vaccination pour le grand public », publié le 31 mai 2021, (en ligne). Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/infog_vaccins_particuliers.pdf
[8] Pour plus d’informations : Le Monde, « Covid-19 : vacciner les 12-18 ans, pour protéger les adolescents… mais surtout leurs parents et grands-parents », publié le 3 juin 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/03/covid-19-vacciner-les-12-18-ans-pour-proteger-les-adolescents-mais-surtout-leurs-parents-et-grands-parents_6082623_3244.html
[9] GAVI l’Alliance du Vacin, « COVAX », (en ligne). Disponible sur : https://www.gavi.org/fr/facilite-covax
[10] Pfizer, Communiqué de presse, « PFIZER INITIATES PHASE 1 STUDY OF NOVEL ORAL ANTIVIRAL THERAPEUTIC AGENT AGAINST SARS-COV-2 », publié le 23 mars 2021, (en ligne). Disponible sur : https://www.pfizer.com/news/press-release/
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