Par Valentin BRENIAUX
Une entrée en crise a priori maîtrisée
La pandémie mondiale COVID-19 continue de se propager en Europe et en Asie, les chiffres et statistiques varient d’un pays à l’autre, à la fois en fonction de leurs capacités et moyens sanitaires, mais aussi en fonction de leurs méthodes de comptage qui voilent parfois la réalité. Cette veille thématique se concentrera sur l’évolution des chiffres, des mesures et de la situation en Fédération de Russie. Il s’agira de comparer les annonces officielles, médiatiques et la réalité notamment sur les chiffres présentés par les autorités russes.
Selon certains médias, le premier décès lié au coronavirus en Russie concernerait une malade de 79 ans. Il serait survenu le 19 mars 2020 [i]. Pourtant, l’Agence Fédérale Rospotrebnadzor n’avait enregistré aucun décès lié au Covid-19 à cette date-là en précisant que le décès de la septuagénaire était dû à une pneumonie et non du coronavirus. Officiellement, les deux premiers décès russes dus au Covid-19 dateraient du 25 mars 2020 : deux malades de 78 et 83 déjà atteints de maladies respiratoires. Ce même jour, 163 cas d’infection sont annoncés [ii].
Si les premiers décès paraissent arriver tard en comparaison aux autres pays d’Asie et d’Europe, la Russie a toutefois pris des mesures dès le début de l’épidémie, en raison de sa proximité avec l’épicentre de la maladie : la province de Hubei en Chine continentale. Le 29 janvier 2020, le premier ministre Mikhaïl Michoustine annonce ainsi la composition d’un groupe opérationnel pour empêcher l’importation et la propagation de nouvelles infections en Russie et des premières mesures pour protéger le peuple et le territoire russes : fermeture de la frontière terrestre avec la Chine le 31 janvier 2020 et suspension de la délivrance de visas électroniques pour les ressortissants chinois [iii].
Les mesures prises par l’exécutif russe depuis le début de l’épidémie donc peuvent se catégoriser comme suit : les mesures de protection vis-à-vis l’extérieur, les mesures sanitaires intérieures, et les mesures économiques. Concernant la première catégorie, la Russie restreint les vols en provenance et en direction de l’Union Européenne le 13 mars, ferme ses frontières avec la Pologne et la Norvège le lendemain, puis la totalité de son territoire aux citoyens étrangers le surlendemain [iv]. Les mesures intérieures suivent l’annonce du Premier ministre du 16 mars : tous les évènements extérieurs sont interdits, les rassemblements en espaces confinés sont limités à 50 personnes, les compétitions sportives sont suspendues, les écoles et universités sont fermées. La totalité de ces mesures sont pour le moment effectives jusqu’au 1er mai. Enfin, plusieurs mesures économiques ont été décidées pour faire face à la dégradation économique mondiale, ainsi le déblocage d’un fond de soutien de 300 milliards de roubles, un report de trois mois accordés aux petites et moyennes entreprises pour le paiement des cotisations et un report des loyers [v].
Concernant le domaine médical, la stratégie russe réside dans la pratique d’un dépistage ciblé sur les personnes présentant des symptômes. Dès le 31 janvier ont commencé les tests de dépistages, démontrant en apparence un faible nombre de détections positives. De fait, le taux de contamination apparait plus faible en Russie que dans tout autre pays limitrophe de la Chine. Dès lors, certaines interrogations émergent en Russie concernant la fiabilité des chiffres officiels et du laboratoire Vektor, pourtant le seul certifié par l’OMS et donc le seul dont l’utilisation des kits pour dépister est autorisée [vi]. À noter toutefois que plusieurs hôpitaux mobiles spécialisés dans les maladies infectieuses et destinés aux malades du COVID-19 sont en construction tandis qu’un inventaire fédéral a été effectué. La Russie dispose ainsi de plus de 40 000 systèmes de respiration artificielle. Chaque jour, jusqu’à 100 000 tests de détection du coronavirus sont produits, selon les chiffres officiels. Comme d’autres pays, la Russie accélère ses recherches pour un médicament contre le virus, en parallèle des expériences chinoises et françaises, à base de Méfloquine, un antipaludéen [vii].
Au soir du jeudi 26 mars, 658 cas et deux décès sont répertoriés. Un état d’alerte élevé est décrété dans 85 Sujets de la Fédération de Russie. L’état d’urgence n’est pas déclaré mais « un régime de mobilisations renforcées » est décrété. Jusque-là, le président russe s’est voulu rassurant sur la gestion de la crise et la représentante de l’OMS en Fédération de Russie, Melita Vujnovic, indique par ailleurs que toutes les recommandations de l’Organisation ont été respectées et que le système de santé russe est bien préparé. Cependant, l’accélération de l’épidémie de COVID-19 en Russie a contraint Vladimir Poutine à prendre la parole à la télévision le jeudi 26 mars au soir pour annoncer de nouvelles mesures au peuple russe dont l’annonce d’une semaine chômée [viii].
Évolution de la situation et des mesures prises ces derniers jours
Bilan actuel au 8 Avril 2020 d’après le Center for Systems Science and Engineering (CSSE) de l’Université Johns Hopkins (Baltimore) :
Sur la semaine 14, le nombre de personnes infectées est passé de 840 à 4149 (soit une augmentation de près de 400%) et les décès dus au coronavirus de 2 à 34. Les deux courbes sont donc exponentielles et démontrent que la Russie n’est finalement pas épargnée par la crise : là se situe donc le véritable seuil d’entrée en crise de la Fédération de Russie. L’allocution télévisée du 26 mars 2020 au soir du Président Vladimir Poutine et surtout celle du jeudi 2 avril soulignent l’impact grandissant de la pandémie sur le pays, poussant l’exécutif à l’adoption de nouvelles mesures, sanitaires, économiques, médicales et internationales.
1. Renforcement des mesures sanitaires
Les mesures prises par Moscou dans le cadre de la pandémie tiennent en premier lieu au confinement des populations à l’intérieur du territoire : toute personne de plus de 65 ans doit désormais rester confinée chez elle et semaine chômée pour tout le monde (avec salaires préservés) ; en second lieu à la protection du territoire : tous les vols internationaux sont suspendus sauf ceux s’occupant du rapatriement des citoyens russes, fermeture totale des frontières hormis pour les transports de marchandises. Toutes ces mesures ont pour objectif le ralentissement de la propagation du virus dans le territoire russe [ix].
L’allocution présidentielle du 2 avril, en réaction à l’augmentation exponentielle des personnes infectées et décédées, ne fait que confirmer et accentuer les décisions prises le jeudi passé. Ainsi, la semaine chômée devient un mois d’avril chômé avec toujours une préservation des salaires ; les hôpitaux, pharmacies, banques, administrations, magasins alimentaires et transports continueront néanmoins de fonctionner. Ce sera aux Sujets de la Fédération de choisir quelles entreprises seront autorisées à travailler ainsi que le type de confinement choisi pour leur population. Les seuils de la pandémie diffèrent selon les Sujets ; les mesures doivent être annoncées par les dirigeants locaux en fin de semaine [x].
Le président russe appelle les citoyens à leur responsabilité et leur discipline dans cette période de lutte face à la pandémie. Si le confinement – appelé en Russie « auto-isolement » n’est pas obligatoire, la surveillance numérique de la population pour contrôler le respect des mesures est en vigueur, notamment pour ceux placées en confinement à domicile après un voyage à l’étranger ; grâce aux services de téléphonie mobile, appelés à collaborer avec les ministères des Communications et de l’Intérieur [xi]. Yandex propose également aux ministères une « carte de l’auto-isolement » des grandes villes russes pour évaluer, grâce aux données de géolocalisation des utilisateurs, le bon respect des mesures. Les sanctions pour non-respect de l’auto-isolement peuvent aller de 500 000 roubles d’amende (5800 euros) à sept ans de prison[xii]. Les 12 millions de moscovites sont en auto-isolement total depuis le 30 mars, surveillés par un réseau de caméras de surveillance à reconnaissance faciale [xiii].
2. Avancées médicales et recherches scientifiques
La Russie envisage de produire 1 000 nouveaux tests plus rapides par semaine à partir du 30 mars 2020. Chacun de ces tests étant capables de réaliser 100 analyses, 100 000 personnes seraient ainsi testées chaque semaine [xiv]. L’Agence fédérale russe de biomédecine a annoncé le 28 mars que le centre de recherche et de production russe Pharmzaschita travaille sur un traitement du coronavirus à base de méfloquine, un antipaludéen [xv].
La mardi 7 Avril, le laboratoire d’État Vektor a quant à lui annoncé vouloir tester des vaccins sur les humains dès le 29 juin avec un échantillon de 180 volontaires : trois vaccins sont actuellement en cours de tests sur des animaux en Russie.
3. Pandémie et économie en Russie
Le premier ministre russe Mikhail Michoustine a annoncé le 28 mars le déblocage de 1400 milliards de roubles (16,5 milliards d’euros) pour lutter contre le coronavirus et prendre des mesures de soutien à l’économie [xvi]. Cette somme s’ajoute aux 300 milliards déjà débloqués mi-mars.
4. Participation intéressée de la Russie à la solidarité internationale
La gestion de la crise de la pandémie est aussi visible au niveau international ; c’est le cas de la Russie depuis une semaine qui pratique une véritable politique de l’aide, permettant à Vladimir Poutine de redorer le blason russe après plusieurs accusations à son encontre[xvii]. Les aides envoyées revêtent des caractères politiques différents : un caractère symbolique d’aide du plus fort au plus faible pour les États-Unis [xviii], un caractère d’influence extérieure pour l’Amérique latine et l’Afrique [xix].
La Fédération participe activement aux mouvements de solidarité internationale. Ainsi, 100 000 tests ont été envoyés à l’étranger afin de tester la propagation du virus comme en Arménie, Kirghizstan, Ouzbékistan, Biélorussie, Égypte, Iran, Serbie, Venezuela, Corée du Nord, et Mongolie. Le Service fédéral russe pour la surveillance de la protection des consommateurs et du bien-être social a annoncé qu’il continuerait de fournir une aide matérielle, technique et méthodologique aux partenaires étrangers afin d’éviter la propagation mondiale du nouveau coronavirus. Une aide spéciale a été mise en place pour l’Italie avec l’envoi de 9 avions chargés de matériel médical et de 102 virologues pour combattre le virus (avions de transport militaire russes Il-76 des forces aérospatiales de la Fédération). Plusieurs véhicules de désinfections ont également été livrés et sont arrivés dans le sud-ouest de Rome [xx].
Plus récemment, le 1er avril, un Antonov-124 des forces aériennes russes est parti pour les États-Unis avec à son bord des masques et des équipements médicaux. À la suite d’un entretien téléphonique entre les dirigeants des deux pays, les États-Unis ont accepté la réception des matériels médicaux. La Russie a annoncé espérer que les États-Unis feraient de même si le pays était confronté à une situation difficile, une déclaration reprise par Morgan Ortagus porte-parole du département d’État américain qui a salué la coopération en ce domaine [xxi].
Mais la Russie est également réceptrice de l’aide internationale, et notamment de la Chine : une cargaison humanitaire est ainsi arrivée en Russie le jeudi 2 avril, en réponse à l’aide humanitaire russe envoyée à Wuhan le 9 février dernier. 26 tonnes de thermomètres infrarouges, masques, respirateurs, vêtements et autres moyens de protection chinois viennent donc compléter les équipements russes sur le territoire [xxii].
En somme, la gestion de crise russe fait polémique, y compris au sein du pays. Car la construction de dizaines d’hôpitaux militaires au quatre coins de cet immense pays ne doit pas faire oublier le mauvais état du système de santé russe, qui reste donc à la merci d’une vague épidémique d’importance. D’autre part, les Russes s’interrogent : pourquoi alimenter l’aide internationale alors que le pays devra sans doute faire face plus tard, et avec peu de moyens ? Ces arguments pèsent peu, semble-t-il, aux yeux du Kremlin, qui a toujours privilégier une politique étrangère ambitieuse de visibilité et de puissance à sa politique intérieure. Or la Russie reste fragile. Colosse aux pieds d’argile, la Russie sait se montrer résiliente et faire bloc en période de crise ce qui lui donne l’avantage essentiel des régimes autoritaires dans ce type de situation : l’obéissance de la population.
[i] Source AFP, in : « Coronavirus, premier décès en Russie », Le Journal de Montréal, 19 mars 2020. Consultable en ligne sur : https://www.journaldemontreal.com/2020/03/19/coronavirus-premier-deces-en-russie [Consulté le 4 avril 2020]
[ii] D’après le Center for Systems Science and Engineering (CSSE) – Johns Hopkins University, Baltimore, USA : https://www.arcgis.com/apps/opsdashboard/index.html#/bda7594740fd40299423467b48e9ecf6
[iii] Source AFP, in : « La Russie ferme ses 4250 kilomètres de frontière avec la Chine pour éviter la propagation du coronavirus », Le nouvel Obs, 30 janvier 2020. Consultable en ligne sur : https://www.nouvelobs.com/sante/20200130.OBS24156/la-russie-ferme-ses-4250-kilometres-de-frontiere-avec-la-chine-pour-eviter-la-propagation-du-coronavirus.html [Consulté le 4 avril 2020]
[iv] Source AFP, in : « La Russie ferme ses frontières », Ouest-France, 17 mars 2020. Consultable en ligne sur : https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-la-russie-ferme-ses-frontieres-la-serbie-reporte-ses-elections-legislatives-6782879 [Consulté le 4 avril 2020].
[v] QUENELLE, Benjamin. « En Russie, le confinement nourrit les tensions sociales », Les Echos, 3 avril 2020. Consultable en ligne sur : https://www.lesechos.fr/monde/europe/coronavirus-les-pme-premieres-victimes-de-la-crise-economique-en-russie-1191887?xtor=CS1-25&fbclid=IwAR1QnKedYeHHf1vTfnrjvAFmWOysipCOEw6M7RDo3shEvLaU50lllsOKUU4 [Consulté le 4 avril 2020]
[vi] PITCHOUGUINA, Ekatarina. « La politique russe de dépistage sous le feu des critiques », Le courrier de Russie, 31 mars 2020. Consultable en ligne sur : https://www.lecourrierderussie.com/societe/2020/03/coronavirus-la-politique-russe-de-depistage-sous-le-feu-des-critiques/ [Consulté le 4 avril 2020]
[vii] Par RT France. « La Russie propose un traitement inspiré par la France à base d’un antipaludéen », RT France, 28 mars 2020. Consultable en ligne sur : https://francais.rt.com/france/73309-russie-propose-traitement-antipaludeen-contre-covid-19-inspire-par-la-france [Consulté le 4 avril 2020]
[viii] Source France 24, in : « Face au coronavirus, Vladimir Poutine décrète la semaine prochaine chômée », France 24, 25 mars 2020. Consultable en ligne sur : https://www.france24.com/fr/20200325-face-au-coronavirus-vladimir-poutine-d%C3%A9cr%C3%A8te-la-semaine-prochaine-ch%C3%B4m%C3%A9e [Consulté le 4 avril 2020]
[ix] CLEMENCEAU, François. « Coronavirus : Vladimir Poutine se réveille face à l’épidémie », Le Journal du Dimanche, 27 mars 2020. Consultable en ligne sur : https://www.lejdd.fr/International/Europe/coronavirus-vladimir-poutine-se-reveille-face-a-lepidemie-3957917 [Consulté le 4 avril 2020]
[x] Source AFP, in : « Coronavirus : Poutine annonce un mois d’avril chômé en Russie », Le Parisien, 2 avril 2020. Consultable en ligne sur : http://www.leparisien.fr/international/coronavirus-poutine-annonce-un-mois-d-avril-chome-en-russie-02-04-2020-8293014.php [Consulté le 4 avril 2020]
[xi] Source AFP, in : « La Russie se confine, sanctions renforcées en cas de non-respect », Médiapart, 31 mars 2020.
[xii] Pour en savoir plus : Le confinement à Moscou
[xiii] Par Komersant. « Confinement : Moscou déploie un système de reconnaissance faciale pour surveiller les citoyens », 31 mars 2020. Consultable en ligne sur : https://www.courrierinternational.com/article/controle-confinement-moscou-deploie-un-systeme-de-reconnaissance-faciale-pour-surveiller-les [Consulté le 4 avril 2020]
[xiv] PITCHOUGUINA, Ekatarina. « La politique russe de dépistage sous le feu des critiques », Le courrier de Russie, 31 mars 2020. Consultable en ligne sur : https://www.lecourrierderussie.com/societe/2020/03/coronavirus-la-politique-russe-de-depistage-sous-le-feu-des-critiques/ [Consulté le 4 avril 2020]
[xv] Pour en savoir plus : Méfloquine pour traiter le coronavirus
[xvi] Pour en savoir plus : Plan d’action de 16,5 milliards d’euros
[xvii] HOLLAND, Nick. « Analysis: Russia’s COVID-19 Disinformation campaign », Bank Info Security, 27 mars 2020. Consultable en ligne sur : https://www.bankinfosecurity.com/interviews/analysis-russias-covid-19-disinformation-campaign-i-4633 [Consulté le 4 avril 2020]
[xviii] HERVOUET, Vincent. « Face aux USA, Moscou surjoue l’aide humanitaire », Europe 1, 2 avril 2020. Consultable en ligne sur : https://www.europe1.fr/emissions/vincent-hervouet-vous-parle-international/face-aux-etats-unis-moscou-surjoue-laide-humanitaire-3959310 [Consulté le 4 avril 2020]
[xix]AVATIN, Lucas. « Comment la chine et la Russie exploitent la crise sanitaire à des fins politiques et géopolitiques », Infoguerre, EGE, 2 avril 2020. Consultable en ligne sur : https://infoguerre.fr/2020/04/chine-russie-exploitent-crise-sanitaire-a-fins-politiques-geopolitiques/ [Consulté le 4 avril 2020]
[xx]GUENET, Florian. « Poutine apporte son aide à l’Italie », La nouvelle tribune, 22 mars 2020. Disponible en ligne sur : https://lanouvelletribune.info/2020/03/covid-19-poutine-apporte-son-aide-a-litalie/ [Consulté le 4 avril 2020]
[xxi] Source AFP, in : « Coronavirus : un avion chargé d’aide humanitaire russe arrive à New York », Le Figaro, 2 avril 2020. Consultable en ligne sur : https://www.lefigaro.fr/flash-actu/coronavirus-un-avion-charge-d-aide-humanitaire-russe-arrive-a-new-york-20200402 [Consulté le 4 avril 2020]
[xxii] Source Xinhua (agence de presse officielle de la RPC) : « L’aide humanitaire chinoise arrive à Moscou », Chine informations, 3 avril 2020. Consultable en ligne sur : https://chine.in/amp/1/130788/ [Consulté le 4 avril 2020]
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