Par Amaury DUFAY
Le 29 mai 2015, Yannick S., 33 ans, se suicide dans l’entrepôt LIDL de Rousset (Bouches-du-Rhône) où il travaillait. Les conséquences sont un mort et une crise sociale.
Le phénomène observé est-il une crise ?
Nous sommes en présence d’une crise car l’événement produit une rupture interne (le suicide de Yannick S.) dans le fonctionnement d’un système organisé (l’entrepôt de LIDL). Cette rupture fait peser une menace sur les objectifs prioritaires de l’unité décisionnaire (LIDL) ce qui implique l’urgence de prendre des décisions. Ce qui rend ce cas « typique » est le climat social où il prend place, ses causes, et les impératifs de réorganisation qu’il implique.
Quels en sont les caractères principaux/fondamentaux ?
La crise est de nature sociale.
Est-elle soudaine ou progressive ?
Il s’agit d’une crise soudaine du point de vue des parties-prenantes, mais la qualification de crise progressive serait plus juste. Le suicide de l’employé serait alors plus le point culminant des tensions que le point de rupture.
Est-elle voulue ou fortuite ?
La crise résulte d’un geste voulu.
Quels sont les acteurs impliqués dans la crise ?
Les acteurs sont la famille de Yannick S. et ses proches, les employés de l’entrepôt LIDL de Rousset, LIDL, et les services de justice de l’État. Des personnalités politiques ont également commenté l’affaire.
Quels sont les intérêts/objectifs des acteurs impliqués ?
Pour les proches de Yannick S., il s’agissait de faire reconnaître la culpabilité de LIDL. Pour LIDL, l’enjeu était de préserver sa réputation et régler la crise sociale dans son entrepôt.
Quel est le niveau de la crise ?
Il s’agit d’une crise locale.
Quel est le déroulement de la crise ? Quel est le point de rupture ?
Le point de rupture est le suicide de Yannick S., le 29 mai 2015.
Quelles sont les phases de la crise ?
Pour LIDL, la phase d’accroissement des tensions pourrait s’achever le 1er septembre 2015, lorsque l’inspection du travail a rendu ses conclusions (agissements répétés de harcèlement moral, surcharge de travail, propos dénigrants, ordres inatteignables). Une réplique a eu lieu lors de la diffusion de l’émission d’Élise Lucet, « Cash Investigation », en septembre 2017. L’affaire c’est terminé le 4 juillet 2018 par un jugement du Tribunal des Affaires Sociales de Marseille qui reconnaît LIDL coupable d’une faute inexcusable et de harcèlement moral.
Quels sont les attracteurs crisogènes ?
Le climat social délétère chez LIDL et les méthodes de management de l’entreprise ont été des facteurs aggravants considérables de la crise.
De quelles natures sont les tensions ?
Les tensions sont psychologiques, sociales et juridiques.
Quelle est l’efficacité des moyens de régulation de la crise ? La prévention de crise a-t-elle fonctionné ?
Le suicide de Yannick S. est l’aboutissement de signes avant-coureurs visibles et confirmés par ses collègues. La prévention de crise n’a donc pas fonctionné dans ce cas.
Quels moyens ont été engagés pour faire face à la crise ?
LIDL a renforcé les effectifs dans l’entrepôt concerné, mais les causes de la crise semblent toujours présentes.
Sources :
AFP, « Suicide chez LIDL : l’enseigne reconnue coupable pour « faute inexcusable » », 4 juillet 2018
Le Point, https://www.lepoint.fr/justice/suicide-chez-lidl-l-enseigne-reconnue-coupable-pour-faute-inexcusable-04-07-2018-2233245_2386.php, consulté le 4 janvier 2019.
ANON, « Vidéo. Trois ans après le suicide d’un salarié de LIDL, les pratiques de l’entreprise ont-elles changé ? » , 26 juillet 2017,
France Info, www.francetvinfo.fr, https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/vie-professionnelle/sante-au-travail/video-trois-ans-apres-le-suicide-d-un-salarie-de-lidl-les-pratiques-de-l-entreprise-ont-elles-change_2868315.html, consulté le 4 janvier 2019.
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